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Législatives en Italie : l'Europe face à la tentation populiste

Le leader du Mouvement 5 Étoiles, Luigi di Maio. Le leader du Mouvement 5 Étoiles, Luigi di Maio.[MARCO BERTORELLO / AFP]

Les bons résultats du Mouvement 5 Étoiles et de la Ligue, lundi 5 mars en Italie, font écho à d'autres phénomènes électoraux observés dans plusieurs pays européens.

L’onde de choc était redoutée, elle n’en a pas moins été violente. La gauche italienne s’est trouvée pulvérisée, hier, par les résultats des élections législatives, et la droite traditionnelle ne surnage que grâce à son alliance avec l’extrêmiste Ligue. Celle-ci a réalisé une percée historique, à l’instar du Mouvement 5 Étoiles, les deux formations populistes revendiquant chacune le pouvoir. 

«Pour la Première fois en Europe, les forces anti-systèmes l’emportent», a résumé le quotidien La Stampa dans son éditorial. Mais si ces résultats précis constituent en effet une première, ils ont été précédés, ces derniers mois, de plusieurs moments politiques annonciateurs à travers le continent.

La tentation populiste

Le Mouvement 5 Étoiles et la Ligue (ex-Ligue du Nord) présentent des opinions diamétralement opposées sur de nombreux dossiers, mais ils partagent un discours souverainiste et anti-élites. «Leur succès traduit un rejet des partis politiques traditionnels, une crispation sur la question migratoire, et une perception négative de la situation économique», résume Pascale Joannin, directrice de la Fondation Robert Schuman. De fait, si la croissance revient progressivement en Europe, de nombreux citoyens, en Italie comme ailleurs, n’en perçoivent pas encore les effets. 

Or, ces facteurs se retrouvent dans l’avènement de la plupart des forces populistes qui percent à travers le continent. Qu’il s’agisse des partisans du Brexit au Royaume-Uni ou des adeptes du Parti pour la liberté de Geert Wilders aux Pays-Bas, tous présentent l’immigration comme une menace et promettent une amélioration de la situation économique.

Deux dossiers pour lesquels ces formations blâment en particulier l’Union européenne. Les anti-UE se sont d’ailleurs réjouis des résultats électoraux italiens, du Britannique Nigel Farrage, qui a félicité sur Twitter ses «collègues» du Mouvement 5 Étoiles, à la Française Marine Le Pen, qui a salué le score de la Ligue. Une défiance qui s’explique notamment par «une mauvaise compréhension de ce qu’est l’Union», selon Pascale Joannin.

Résultats, si les populistes ne l’emportent pas toujours, ils parviennent néanmoins à briser des tabous. La sortie du Royaume Uni de l’UE constitue une première, de même que l’entrée de l’extrême droite au parlement en Allemagne (AfD), et au gouvernement en Autriche (FPÖ), des situations inédites depuis la Seconde guerre mondiale.  

Des sociétés polarisées

Dans les pays où ces formations populistes sont portées par les urnes, elles rencontrent dans le même temps l’opposition farouche de pans entiers de la population, créant un climat politique tendu. Ainsi en Allemagne, l’entrée au Bundestag de près d’une centaine de députés d’extrême-droite a donné lieu à d’importantes manifestations, en octobre. En Pologne, l’action du parti populiste au pouvoir fait fréquemment descendre des milliers de personnes dans la rue, que ce soit pour défendre l’indépendance de la Cour suprême ou le droit à l’avortement. 

Les mouvements d’opposition hongrois sont, de leur côté, en train de négocier des alliances pour tenter de battre le Premier ministre nationaliste Viktor Orban lors des législatives d’avril. Autant d’initiatives qui montrent que si les mouvements populistes s’installent, ils sont encore loin de faire l’unanimité.      

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