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Débâcle historique pour les alliés bavarois d'Angela Merkel

Allié de la chancelière allemande Angela Merkel, le parti conservateur CSU vient d'essuyer un revers historique. Selon les dernières estimations, les chrétiens sociaux, bien qu'en tête avec 35,2% des voix, reculent de douze points par rapport à 2013. Ils perdent ainsi leur majorité absolue au Parlement régional. Les Verts arrivent en deuxième position avec 18,6% des voix. L'Alternative pour l'Allemagne (AfD), quant à elle, a obtenu 10,6% des voix, confirmant la montée de l'extrême-droite. 

Près de dix millions d'électeurs avaient commencé à voter dimanche pour un scrutin régional clé en Bavière qui risquait de tourner au désastre pour la CSU, alliée de la chancelière allemande Angela Merkel dans un gouvernement qui n'a jamais été aussi impopulaire.

«La grande coalition ne va pas devenir plus stable après dimanche», jugeait déjà le quotidien économique Handelsblatt, alors que les sociaux-démocrates du SPD, autre partenaire gouvernemental, s'attendaient de leur côté à une complète déroute, face à la montée des Verts et du parti antimigrants AfD.

Les bureaux de vote ont ouvert à 06H00 GMT. De nombreux électeurs se montraient indécis avant le vote. 

Tous les sondages prédisaient à la très conservatrice Union chrétienne-sociale (CSU) une perte de sa majorité absolue dans ce riche Etat du sud qu'elle gouverne presque sans partage depuis les années soixante.

De quoi déclencher une crise profonde au sein de la CSU -dont le président est le difficile ministre de l'Intérieur Horst Seehofer-, susceptible d'avoir aussi des répercussions sur le fragile exécutif à Berlin.

Et dans deux semaines, une autre élection en Hesse s'annonce très serrée cette fois pour le parti de centre-droit d'Angela Merkel, l'Union chrétienne-démocrate (CDU), qui gouverne le Land avec les écologistes.

Les deux scrutins «affecteront la politique nationale et en conséquence la réputation de la chancelière», a d'ores et déjà prévenu le président de la Chambre des députés Wolfgang Schäuble, fidèle de longue date d'Angela Merkel.

«Catastrophique»

Au pouvoir de la première économie européenne depuis 13 ans, la chancelière est affaiblie dans le pays depuis les législatives du 24 septembre, marquée par une percée du parti de la droite radicale Alternative pour l'Allemagne (AfD).

Son ascension a été nourrie par l'arrivée de plus d'un million de réfugiés entre 2015 et 2016, même si la politique migratoire allemande est nettement plus restrictive depuis.

Il a fallu six mois à Angela Merkel pour former un gouvernement, avec un SPD en pleine crise et réticent à se lancer dans une nouvelle grande coalition.

Elections en Bavière [Jochen GEBAUER / AFP]
Elections en Bavière [Jochen GEBAUER / AFP]

Un sondage publié jeudi a révélé toute l'ampleur du mécontentement des Allemands envers ce gouvernement.

Le baromètre de la télévision publique ARD crédite le couple CDU/CSU d'un piètre 26% des suffrages. Aux élections, ils avaient encore rassemblé près de 33%.

Le SPD continue sa descente aux enfers avec 15%, devenant le quatrième parti au niveau national, derrière l'AfD (16%) et les Verts (17%).

Des valeurs «catastrophiques», estime die Welt. «La CDU/CSU emboîte le pas du SPD et perd sa couronne de grand parti populaire. Notre paysage politique s'érode, est-ce juste le début ?», s'inquiète le journal conservateur.

Le vert en poupe

Dans la catholique Bavière, la CSU est créditée de 34% des suffrages, contre 47,7% en 2013, selon le dernier sondage de la télévision publique ZDF jeudi. Le parti a essayé de pêcher dans l'électorat de l'extrême droite, n'hésitant pas à imiter sa rhétorique agressive contre les réfugiés, mais apparemment sans succès.

Horst Seehofer a même conduit le gouvernement à Berlin au bord de la rupture en exigeant un nouveau durcissement de la politique migratoire et en soutenant sans faille le chef du renseignement intérieur, soupçonné de collusion avec l'extrême droite.

Pourtant, le parti qui menace le plus la CSU n'est pas l'AfD (10% des voix selon le sondage de ZDF, mais les Verts (19%).

«Enfin, il va y avoir une démocratie en Bavière. L'hégémonie va arriver à sa fin», a insolemment twitté le co-chef de ce parti Robert Hasbeck, avant de platement s'excuser samedi face aux critiques.

La chancelière allemande Angela Merkel, ici à Berlin le 11 octobre 2018, est en difficulté sur le plan politique depuis qu'elle a ouvert les frontières à plus d'un million de migrants en 2015 [John MACDOUGALL / AFP/Archives]
La chancelière allemande Angela Merkel, ici à Berlin le 11 octobre 2018, est en difficulté sur le plan politique depuis qu'elle a ouvert les frontières à plus d'un million de migrants en 2015 [John MACDOUGALL / AFP/Archives]

Une chose semble certaine, la CSU devra se chercher un ou des partenaires pour une coalition. Les «Electeurs libres», crédités de 9% et très proches idéologiquement, risquent de ne pas suffire. Les libéraux du FDP, s'ils passent la barre des 5%, pourraient être une option supplémentaire.

Le chef du gouvernement régional Markus Söder a pour le moment exclu toute alliance avec les écologistes. Mais reste à savoir s'il conservera son poste en cas de déconfiture électorale.

Entre 2008 et 2013, la CSU avait perdu sa majorité absolue, la contraignant à gouverner avec les libéraux et entraînant le limogeage de ses dirigeants de l'époque.

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