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Indonésie : les survivants du tsunami victimes de la faim et de la maladie

Le tsunami a frappé soudainement samedi soir les rives du détroit de la Sonde, qui sépare les îles de Sumatra et de Java, faisant 429 morts, 1.485 blessés et 154 disparus, selon le dernier bilan de l'Agence nationale de gestion des catastrophes.[Adek BERRY / AFP]

Les secouristes s'efforçaient mardi d'apporter de l'aide aux régions dévastées par un tsunami consécutif à une éruption volcanique en Indonésie mais le manque d'eau potable et de médicaments se faisait cruellement sentir parmi les milliers de personnes réfugiées dans des centres d'urgence.

Les travailleurs humanitaires mettaient en garde contre les risques de crise sanitaire alors que le bilan du désastre a dépassé les 400 morts.

«De nombreux enfants sont malades, ils ont de la fièvre, mal à la tête et n'ont pas assez d'eau», explique Rizal Alimin, un médecin de l'ONG Aksi Cepat Tanggap, dans une école transformé en abri de fortune.

Le tsunami a frappé soudainement samedi soir les rives du détroit de la Sonde, qui sépare les îles de Sumatra et de Java, faisant 429 morts, 1.485 blessés et 154 disparus, selon le dernier bilan de l'Agence nationale de gestion des catastrophes.

Plus de 5.000 personnes ont été évacuées.

Un bébé boit du lait dans un centre pour personnes déplacées à Carita, dans la province de Banten, le 24 décembre 2018 en Indonésie [ADEK BERRY / AFP]
Un bébé boit du lait dans un centre pour personnes déplacées à Carita, dans la province de Banten, le 24 décembre 2018 en Indonésie [ADEK BERRY / AFP]

Les experts mettent en garde contre le risque de nouvelles vagues mortelles dues à l'activité volcanique.

La vague provoquée par le volcan connu comme «l'enfant» du légendaire Krakatoa, l'Anak Krakatoa, a rasé des centaines de bâtiments sur les côtes méridionales de Sumatra et l'extrémité occidentale de Java. Et bon nombre de réfugiés ont trop peur pour rentrer chez eux.

«Peur»

«Je suis ici depuis trois jours», déclare Neng Sumarni, 40 ans, qui dort avec ses trois enfants et son époux à même le sol de l'école, avec une trentaine d'autres. «J'ai peur car ma maison est tout près de la plage.»

Abu Salim, volontaire de l'association Tagana, explique que les travailleurs humanitaires peinent à stabiliser la situation.

Une femme porte des vêtements donnés par un centre d'aide dans le village de Citangkil à Sumur, le 25 décembre 2018, trois jours après le tsunami qui a frappé l'Indonésie [Adek BERRY / AFP]
Une femme porte des vêtements donnés par un centre d'aide dans le village de Citangkil à Sumur, le 25 décembre 2018, trois jours après le tsunami qui a frappé l'Indonésie [Adek BERRY / AFP]

«Aujourd'hui, on met l'accent sur l'aide aux réfugiés qui sont dans des centres, on installe des cuisines, on distribue des équipements logistiques et plus de tentes dans des endroits plus adéquats», a-t-il dit à l'AFP.

Les gens «n'ont toujours pas accès à l'eau potable. De nombreux réfugiés sont partis sur les hauteurs et nous ne sommes pas parvenus à les atteindre».

Les secouristes acheminaient l'aide principalement par la route. Deux bateaux du gouvernement faisaient également route vers plusieurs îles proches de la côte de Sumatra où les habitants sont pris au piège.

Des équipes de secouristes munis d'excavatrices et d'autres équipements lourds tentaient de dégager les débris. Certains sauveteurs travaillaient à mains nues.

D'après les experts, la catastrophe de samedi est consécutive à une éruption modérée de l'Anak, qui a provoqué un effondrement sous-marin d'une partie du volcan et le déplacement de vastes quantités d'eau.

Troisième désastre en six mois

Le tsunami volcanique en Indonésie [Gal ROMA / AFP]
Le tsunami volcanique en Indonésie [Gal ROMA / AFP]

A la différence des tsunamis provoqués par les tremblements de terre et qui enclenchent les systèmes d'alertes, les vagues «volcaniques» ne laissent que très peu de temps aux autorités pour prévenir les gens.

Dans un premier temps, l'Agence de gestion des catastrophes avait même dit qu'il n'y avait pas d'alerte au tsunami alors même que la vague tueuse déferlait sur les côtes.

L'Agence avait dû par la suite présenter ses excuses, expliquant que le système de détection était défaillant.

L'Anak s'était formé aux alentours de 1928 dans la caldeira du célèbre Krakatoa, dont l'éruption en 1883 a fait 36.000 morts. Une immense colonne de fumée, de pierres et cendres s'était dressée dans le ciel à 20 km de hauteur, plongeant la région dans l'obscurité et déclenchant un puissant tsunami.

C'est la troisième catastrophe naturelle très grave subie par l'Indonésie ces six derniers mois, après la série de puissants séismes ayant frappé l'île de Lombok en juillet et août, puis le tsunami qui a rasé Palu, sur l'île des Célèbes en septembre, faisant 2.200 morts et des milliers de disparus.

En 2004, au lendemain de Noël, un tsunami avait fait 220.000 morts dans les pays riverains de l'océan Indien, dont 168.000 Indonésiens, l'un des désastres les plus meurtriers de l'Histoire.

L'Indonésie, archipel de 17.000 îles et îlots qui s'est formé par la convergence de trois grandes plaques tectoniques (indo-pacifique, australienne, eurasienne), se trouve sur la ceinture de feu du Pacifique, une zone de forte activité sismique et d'éruptions volcaniques. Elle compte 127 volcans actifs.

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