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Faut-il craindre une pénurie de chocolat ?

Exploitation de cacao en Côte d'Ivoire Une exploitation de cacao en Côte d'Ivoire. [Sia KAMBOU / AFP]

La production mondiale de chocolat est-elle en danger ? C'est une des questions qui se posent, alors que la Côte d'Ivoire et le Ghana, deux premiers producteurs mondiaux de cacao, ont stoppé leur vente afin d'obtenir un meilleur prix.

Après deux jours de réunions entre producteurs, négociants et responsables politiques, les deux pays ont donc décidé que cette ressource ne serait plus vendue à moins de 2 600 dollars la tonne (selon les chiffres de l'Organisation mondiale du cacao [ICCO], le prix au 12 juin est de 2 470 dollars par tonne environ). L'objectif de cette mesure, qui s'applique pour les ventes de 2020 et 2021, est notamment de mieux rémunérer les agriculteurs qui font pousser et récoltent les fèves de cacao. Selon l'ICCO, ils ne récupèrent en effet que 6 milliards d'euros annuellement, sur les 100 milliards que représente le marché international du chocolat. 

«Un juste prix des fèves de cacao serait une grande aide pour appuyer les investissements du gouvernement dans les infrastructures rurales, et pour améliorer les conditions de vie», a déclaré Mahamudu Bawumia, vice-président du Ghana. La conscience du prix trop bas de cet «or brun» fait consensus dans le secteur. L'ICCO a même expliqué que «le prix en dollars constants a été divisé par quatre» en trente ans.

Une économie en danger ? 

Outre le soutien aux travailleurs du secteur, une hausse des prix pourrait permettre de réinvestir l'argent dans des solutions pour pérenniser cette agriculture, mise en difficulté par le dérèglement climatique. Or, le cacao représente 10% du PIB ivoirien, il est donc presque indispensable pour le pays de garantir sa survie. 

Conséquence potentielle de la suspension des ventes, certains craignent une pénurie de chocolat dans le futur. «Pour l'instant, il y a nettement assez de cacao pour répondre à la demande», estime Michaela Kuhl, analyste pour la banque allemande Commerzbank. Cela n'inquiète pas non plus Joseph Boahen Aidoo, directeur général du Ghana cocoa board, qui voit avant tout une décision «historique», plutôt que dangereuse. Cependant, si un bras de fer s'engage pendant trop longtemps, la réserve risque de vider petit à petit, ce qui risque de faire craquer les géants du chocolat. Mais cela reste, à l'heure actuelle, peu probable.

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