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A Hong Kong, un «spectacle laser», pour manifester différemment

Des manifestants rassemblés pour un "spectacle laser", le 7 août 2019 à Hong Kong [Philip FONG / AFP] Des manifestants rassemblés pour un «spectacle laser», le 7 août 2019 à Hong Kong [Philip FONG / AFP]

C'est un rassemblement plein d'humour, de couleur et de second degré qui tranche avec les scènes de violences qui ont émaillé la mobilisation pro-démocratie à Hong Kong : des centaines de personnes se sont rassemblées mercredi en soirée pour une manifestation d'un genre nouveau, un «spectacle laser».

Tous ont ensemble dirigé les faisceaux de leurs pointeurs laser sur le dôme du Musée de l'espace de Hong Kong, situé à Tsim Sha Tsui, quartier touristique et commerçant à la pointe de la péninsule de Kowloon.

Sous les acclamations d'une foule enthousiaste, ces dizaines de points lumineux verts, violets ou rouges ont commencé à s'agiter de façon frénétique sur le bâtiment et les arbres voisins.

Des manifestants pointent les faisceaux de leurs pointeurs laser sur le dôme du Musée de l'Espace, le 7 août 2019 à Hong Kong [Philip FONG / AFP]
Des manifestants pointent les faisceaux de leurs pointeurs laser sur le dôme du Musée de l'Espace, le 7 août 2019 à Hong Kong.

La mégapole du sud de la Chine vit depuis deux mois sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession par Londres en 1997, et les manifestations quasi quotidiennes tendent de plus en plus à dégénérer en confrontations violentes entre radicaux et policiers.

Une des caractéristiques de ces face-à-face tendus est l'utilisation massive par les deux camps d'intenses faisceaux de lumière qui donnent à l'ensemble un air de spectacle pyrotechnique, ou de film de science fiction.

«Observer les étoiles»

Avec leurs lasers, les manifestants entendent aveugler les forces de l'ordre, et surtout perturber les caméras de surveillance et les dispositifs de reconnaissance faciale, pour se prémunir de poursuites judiciaires.

Une manifestante regarde dans un télescope pendant une manifestation en forme de spectacle laser, le 7 août 2019 à Hong Kong [Philip FONG / AFP]
Une manifestante regarde dans un télescope pendant une manifestation en forme de spectacle laser, le 7 août 2019 à Hong Kong.

Les policiers ne sont pas en reste, utilisant les projecteurs pour identifier les protestataires et semer la confusion dans leurs rangs. Au grand dam, aussi, de médias qui se sont plaints de la gêne pour leurs objectifs et caméras.

Mardi, un étudiant a été arrêté pour possession d'une «arme offensive» car il avait 10 pointeurs laser sur lui, provoquant une manifestation devant un commissariat qui a été dispersée à coups de grenades lacrymogènes.

D'où l'appel, imagé, à venir en masse «observer les étoiles» avec son pointeur laser mercredi soir devant le Musée de l'espace, qui avait fermé ses portes plus tôt en prévision de ce rassemblement.

Des manifestants rassemblés pour un
Des manifestants rassemblés pour un "spectacle laser", le 7 août 2019 à Hong Kong.

«Reprendre Hong Kong, la révolution de notre temps», scandait la foule devant cette manifestation inédite, à l'heure même où, à quelques centaines de mètres, le front de mer de Hong Kong s'embrasait avec le son et lumière quotidien -cette fois officiel- qui fait danser dans le ciel des lasers autrement plus puissants.

«Je suis tellement en colère, cet étudiant ne faisait qu'acheter des pointeurs laser», s'insurge une designer de 28 ans se faisant appeler «Lai». «Comment la police peut-elle procéder à une arrestation sans autre indice ou preuve ?»

«Nous faisons cela pour dire que le fait de posséder un stylo n'est pas la même chose que celui d'être en possession d'une arme offensive», poursuit-elle en expliquant que le commerçant qui a vendu les pointeurs devrait lui aussi, à ce moment-là, être arrêté pour vente d'armes.

Des manifestants rassemblés pour un
Des manifestants rassemblés pour un "spectacle laser", le 7 août 2019 à Hong Kong.

De nombreuses voitures passant à proximité du musée klaxonnaient devant le spectacle des lumières constellant le dôme. Un manifestant de 33 ans se faisant appeler «Szeto» a expliqué que les lasers n'avaient pas pour but d'attaquer les policiers, mais de se protéger.

Mercredi, la police avait condamné l'utilisation massive de lasers «de plus en plus puissants» par les manifestants, en affirmant que trois agents avaient dû recevoir des traitements médicaux pour des problèmes aux yeux.

«Même si le laser n'est pas puissant pour provoquer une blessure, une exposition à une lumière forte peut provoquer des déficiences visuelles passagères» et des problèmes à la rétine, a déclaré John Tse, un haut responsable de la police hongkongaise.

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