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La semaine de Philippe Labro : «Charlie» dans les coeurs, Camus dans les esprits

Il y a cinq ans, un attentat frappait la rédaction de Charlie Hebdo.[STEPHANE DE SAKUTIN / AFP]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour CNEWS, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

Bienvenue au retour de cette chronique qui, en ce début d’année (que je vous souhaite belle), va s’articuler autour de plusieurs dates clés.

MARDI 7 JANVIER

C’était il y a cinq ans, mais c’est toujours maintenant. Rien, aucun événement, aucun bouleversement, dans une actualité qui a pourtant vu passer tant d’ouragans, rien, malgré tout, ne peut faire oublier l’atroce assassinat par les frères Kouachi des journalistes – certains, comme Wolinski et Cabu, étaient des amis – de Charlie Hebdo.

Aux cérémonies et aux numéros spéciaux (à cet égard, le «Toujours Charlie» de Libération était remarquable), il est utile de revenir à deux ouvrages majeurs. L’un, dont j’ai souvent parlé ici, signé de Philippe Lançon, Le lambeau (éditions Gallimard) – il vient d’ailleurs de paraître dans la collection Folio –, et l’autre, signé de Riss, Une minute quarante-neuf secondes (éditions Actes Sud).

Chacun de ces livres raconte, de façon différente, certes, mais avec la même empreinte de pure vérité, l’attentat qui a bouleversé leurs vies, celles de leurs familles et celles des millions de Français et d’étrangers qui ne doivent, en effet, rien oublier. Riss est le directeur de Charlie Hebdo. Il publie aujourd’hui un numéro spécial titré : «Nouvelles censures, nouvelles dictatures.» Le courageux patron de l’hebdomadaire satirique souligne qu’il existe, désormais, un «politiquement correct qui impose une pensée formatée». Il fustige, à juste raison, les «tweets délateurs», les minorités nombrilistes, les dérives des réseaux sociaux. Et l’oubli confortable de tant de gens. Je pense alors à la phrase de l’écrivain Max Frisch : «Le silence des pantoufles m’effraie plus que le bruit des bottes.»

MERCREDI 8 JANVIER

Qu’en aurait dit Albert Camus, et qu’aurait-il écrit ? C’est la deuxième date clé de ma semaine de rentrée. Le soixantième anniversaire de la mort du prix Nobel de littérature, auteur de tant de chefs-d’œuvre (La chute, La peste, L’étranger…) permet de mesurer à quel point les idées, les engagements, les pensées de cet homme avaient une avance sur l’intelligentsia qui le méprisait. Le temps, et la profonde sagesse d’un pays qui sait donner sa valeur au travail de la postérité, font qu’aujourd’hui, c’est quasi unanime, Camus a pris sa juste dimension dans notre histoire. L’autre jour, j’ai capté une archive d’actualité en noir et blanc, où l’on voyait Camus, assis parmi les spectateurs du stade de football de Colombes, qui répondait tranquillement aux questions d’un reporter, trop heureux de tomber sur le célèbre penseur, volontairement perdu dans la foule. Son verbe, sa simplicité, la limpidité de ses réponses… Le document est de très courte durée, mais on y comprend la nature réelle de cet homme.

Autre anniversaire, joyeux celui-ci, le premier journal quotidien pour enfants (de 10 à 13 ans), Mon quotidien, a fêté ses 25 ans samedi dernier. C’est une belle aventure et une belle entreprise que celle des inventeurs des Incollables, une équipe de trois amis, responsables des éditions PlayBac. Parmi eux, François Dufour, qui, aujourd’hui, peut annoncer que cette formule originale (réussir à faire comprendre «l’actu» aux plus jeunes) va être, une fois par semaine, reproduite en anglais dans la version internationale du prestigieux quotidien, le New York Times.

Dernière date clé : on va beaucoup entendre Beethoven, cette année. Le génial compositeur est né, il y a deux cent cinquante ans à Bonn, en Allemagne. On a beau avoir entendu cent fois le concerto pour piano et orchestre, ou la 9e Symphonie, ou la 7e, ou la 6e, ou toutes les autres ! On a beau croire les connaître par cœur, à chaque fois, c’est un enchantement. Je vous souhaite que sa musique éternelle accompagne le début des soldes, le lancement des Pièces jaunes (31e collecte) et l’interminable feuilleton de la réforme des retraites.

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