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Disparition d'Hosni Moubarak, président égyptien déchu par le printemps arabe

L'ancien président égyptien lors d'un sommet de la Ligue arabe.  L'ancien président égyptien lors d'un sommet de la Ligue arabe. [AWAD AWAD / AFP]

Lorsque le Printemps Arabe frappa le Moyen-Orient et le nord de l'Afrique en 2011, il fut l'un des chefs d'Etat forcés à quitter le pouvoir. Ce mardi, l'ancien président égyptien Hosni Moubarak est mort à l'âge de 91 ans.

La disparition de cette figure politique, qui a passé près de trente ans au pouvoir entre 1981 et 2011, ressasse, bien des années après, les souvenirs du Printemps Arabe. Ce soulèvement populaire, qui avait embrasé la région, avait créé un effet domino éliminant de l'échiquier un bon nombre de dirigeants au pouvoir depuis des dizaines d'années. Mouammar Kadhafi en Libye, Ben Ali en Tunisie, et donc Hosni Moubarak, tous ont été contraints de quitter le pouvoir, sinon tués, dans une volonté d'ouverture démocratique. 

Car avant d'arriver à cette date, l'ancien pilote de l'armée égyptienne a su mener sa barque pour assoir son pouvoir autoritaire. Celui qui est né d'une famille bourgeoise arrivera à grimper petit à petit tous les échelons pour devenir commandant en chef. Un poste qui facilite grandement l'arrivée en politique. Son profil est donc repéré par le président Anouar al-Sandate, qui le nomme vice-président en 1975. 

C'est suite à l'assassinat de ce dernier qu'Hosni Moubarak accède finalement au poste qu'il ne lâchera plus pendant trois décennies. Une prouesse pour quelqu'un qui était moqué pour son manque de charisme. Il était même surnommé «vache qui rit», en raison d'une supposée ressemblance avec l'animal de la marque. «Dans les régimes aussi autoritaires, il n'est pas nécessaire d'être parfaitement charismatique pour se maintenir au pouvoir. La répression empêche les opposants de trop s'imposer», explique un politologue spécialiste de l'Égypte qui ne souhaite pas divulguer son nom. En effet, grâce au soutien inconditionnel de l'armée et le support de son parti politique, son pouvoir n'a connu aucune secousse véritable jusqu'à sa démission en 2011. 

Un pilier de la région 

Outre la paix dans son pays, il souhaitait également que la région soit la plus calme possible. Pour cette raison, Hosni Moubarak n'a jamais cessé de défendre les accords de paix avec Israël, signés en 1979, malgré les pressions. Cela lui a d'ailleurs donné l'oreille des États-Unis et d'un grand nombre d'États occidentaux, sensible à la paix entre le pays hébreu et ses voisins arabes. 

En revanche, cette volonté de stabilité lui a causé des ennemis du côté des jihadistes. Al-Qaida était ainsi très engagé dans la lutte contre le régime de Moubarak, jugé impie. Mais via une politique de répression très importante contre les membres de l'organisation terroriste, ce problème était plus ou moins maitrisé, malgré quelques attaques meurtrières. 

Cependant, cette lutte contre le terrorisme permettait de servir un autre but. «Les régimes autoritaires étendent la notion de terrorisme pour la plaquer sur tout ce qui représente une opposition», explique l'expert anonyme cité plus haut. Cela lui a donc permis d'assoir encore un peu plus son pouvoir en Égypte. 

Après sa démission, une libération mal vécue

Stable à l'intérieur, pilier dans la région, l'Égypte était donc l'un des rocs du Moyen-Orient. Cependant, en 2011 tout bascule. Fin janvier, de gigantesques manifestations commencent à éclater pour demander le départ du président en place depuis 30 ans. Refusant de laisser sa place, Hosni Moubarak fait face à un mouvement qui ne s'essouffle pas, malgré la répression très violente causant plus de 800 morts. 18 jours après la première manifestation, le raïs démissionne. 

Il sera par la suite poursuivi, notamment pour la répression du Printemps Arabe. Condamné à la prison à perpétuité, il passe la majeure partie de sa détention dans un hôpital en raison de problèmes de santé, avant d'être finalement acquitté en 2017. La nouvelle n'a pas causé de révolte dans un pays qui connaissait alors une situation particulièrement compliquée, avec le retour au pouvoir d'un président autoritaire en la personne d'Abdel Fattah al-Sissi trois ans plus tôt. Cependant, preuve que le cas Moubarak continuaient de cristalliser certaines colères, la publication d'une photo de lui, coulant une retraite paisible, avait agité les réseaux sociaux en août 2018. 

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©Capture d'écran Twitter

Après lui, le chaos

À l'instar d'un certain nombre de pays touchés par le Printemps Arabe, l'Égypte n'a pas connu la transition démocratique souhaitée. Le parti islamiste des Frères Musulmans a pris le pouvoir après les premières élections, avant d'être chassé par l'armée en 2013. Depuis, c'est le général al-Sissi qui dirige le pays d'une main de fer. Les arrestations de militants des droits de l'Homme sont courantes, le pays était 163ème sur 180 au classement de la liberté de la presse de Reporters sans Frontières en 2019 et les ONG dénoncent les tortures dans les prisons du pays. Preuve du long combat qu'est l'accès à la démocratie

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