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Martin Luther King, Rosa Parks, Malcolm X... qui sont les icônes de la lutte contre le racisme aux Etats-Unis ?

Le 28 août 1963, Martin Luther King entre dans l'Histoire avec son discours «I have a dream» [Archives / AFP].

L'affaire George Floyd, du nom de cet homme afro-américain mort le 25 mai 2020 à Minneapolis lors d'une interpellation de police controversée, est venue raviver la douloureuse mémoire du racisme aux Etats-Unis.

Dans ce pays, où la ségrégation raciale a perduré jusqu'en 1964, la lutte s'est fédérée autour de plusieurs voix fortes, venues appeler les Noirs à combattre l'injustice et les humiliations et surtout à se mobiliser pour leurs droits civiques. 

Retour sur le destin hors du commun de femmes et d'hommes devenus, parfois malgré eux, des icônes de la lutte contre le racisme aux Etats-Unis d'Amérique.

Harriet Tubman : la pionnière

Née en 1821 ou 1822 (sa date de naissance reste aujourd'hui encore inconnue et discutée) Harriet Tubman naît dans l'Etat du Maryland dans une famille d'esclaves avant d'en devenir une elle-même.

Dotée d'un courage inouï, elle n'hésita pas, après une première tentative infructueuse avec ses frères, à fuir par elle-même ses propriétaires et réussir à gagner seule et au péril de sa vie, la Pennsylvanie située à quelque 300 km de là.

Plus tard, elle aida à la libération d’esclaves en mettant sur pied une organisation à ce point sophistiquée qu'on lui doit le sauvetage de plusieurs dizaines d'hommes et de femmes, surtout à destination du Canada, terre d'accueil réputée plus sûre pour les esclaves.

Après s’être engagée dans la Guerre de Sécession aux côtés des Nordistes et des forces de l’Union dans l’espoir d’une abolition de l’esclavage en cas de victoire, Harriet Tubman devint après la fin de la traite négrière, une militante acharnée pour les droits des Afro-Américains et des femmes.

Ses mémoires, écrites peu de temps avant sa mort en 1913, sont un témoignage précieux sur l'histoire des esclaves aux Etats-Unis

Un siècle plus tard, sous l'administration Obama, son portrait a été choisi, via une vaste enquête d’opinion menée par le Trésor, pour figurer sur les billets de 20 dollars et remplacé ainsi le prédisent Andrew Jackson. Une décision reportée par l'administration Trump et au moins jusqu'à 2028.

Rosa Parks : «la femme qui s'est tenue débout en restant assise»

Née le 4 février 1913 dans l'Etat de l'Alabama, Rosa Parks est l'une des plus emblématiques figures de la lutte contre le racisme aux Etats-Unis.

Cette couturière de métier vit la ségrégation raciale au quotidien, mais un jour elle l'a rejetée d'un simple «non» et sa vie a basculé.

Le 1er décembre 1955, Rosa Parks a ainsi refusé de céder sa place à un homme blanc dans un autobus de la ville de Montgomery (Alabama). Interpellée par la police, elle s'est vu infliger une amende de 14 dollars.

Son arrestation provoquera une vague de protestation sans précédent et inspirera un jeune pasteur de la ville, Martin Luther King, a organisé un mouvement inédit de boycott des bus. Décidés à protester contre cette injustice, les Noirs refusèrent pendant 380 jours de prendre les bus.

Le geste de Rosa Parks aura des conséquences très importantes puisqu' en 1956, la Cour suprême déclare que la ségrégation raciale ne respecte pas la loi américaine.

Concrètement, c'est la première fois qu'il est reconnu aux Noirs les mêmes droits que les Blancs. Rosa Parks perdra toutefois son emploi et sera contrainte de déménager dans le nord, à Detroit.

Appelée parfois «la mère des droits civiques», elle s'est éteinte le 24 octobre 2005.

Martin Luther King : le pasteur qui avait un rêve

Illustre défenseur des Noirs aux Etats-Unis, Martin Luther King naît à Atlanta (Géorgie) le 15 janvier 1929.

A six ans, ce fils de pasteur subit la ségrégation pour la première fois lorsque deux enfants blancs lui disent qu'ils n'ont plus le droit de jouer avec lui.

Diplômé en sociologie, devenu à son tour pasteur comme son père, il s'impliqua ensuite très vite dans la lutte pour les droits civiques.

Après avoir pris la tête du mouvement de boycott des bus de Montgomery en soutien à Rosa Parks, il déclara vouloir continuer la lute «dans un esprit d'amour et de non-violence», ce qui lui vaut immédiatement d'être harcelé et de recevoir des menaces de mort.

En août 1963, à l'âge de 34 ans, il conduisit la célèbre marche sur Washington et c'est là, devant 250.000 personnes qu'il prononça un discours qui rentrera dans l'Histoire. 

Dans ce texte intitulé «I have a dream» («Je fais un rêve», en français, NDLR), le pasteur King en appelle solennellement à la fin du racisme aux Etats-Unis. 

Il reçut le prix Nobel de la Paix, l'année suivante, en 1964, puis reprit ses marches pour les droits civiques dont celles de Selma, à Montgomery (Alabama), en 1965 pour le droit de vote des Noirs.

A Memphis (Tennessee) le 4 avril 1968 pour soutenir une grève des éboueurs, il est abattu par un tireur d'élite sur le balcon de son hôtel. Il avait 39 ans. La voix de la non-violence est rendue silencieuse.

Un homme du nom de James Earl Ray est jugé coupable du crime et condamné à 99 ans de prison.

Malcolm X : le combattant et le révolutionnaire

Né Malcolm Little en 1925 dans le Nebraska, il assista à l'âge de 6 ans à la mort de son père, tué sous les roues d'un tramway.

Confronté très tôt au racisme, notamment lorsqu'un professeur détruisit ses rêves en affirmant qu'il ne pourrait jamais devenir avocat car noir, il bascula ensuite dans la délinquance et sera condamné à dix ans de prison, à New York, pour vol. 

Il se passionna pour l'Histoire durant son incarcération et se convertit à l'islam.

A sa libération, il se rallia à l'organisation politico-religieuse «Nation of Islam», qui prône un suprémacisme noir.

Les discours de Malcolm X prirent alors une tournure plus radicale contre les Blancs, à l'opposé de l'intégration non-violente prônée par Martin Luther King, allant susciter la polémique sur l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy ou sur les juifs.

Puis, après avoir quitté «Nation of Islam» suite à des conflits, il fonde en 1964 sa propre organisation religieuse «The Muslim Mosque Inc.»

Après avoir échappé à un attentat, il mourut en février 1965 de plusieurs balles tirées par des membres de «Nation of Islam». Il avait 39 ans.

Angela Davis : anti-raciste, féministe et communiste

Icône féministe américaine et mondiale, communiste au pays du grand capital, célèbre membre des Black Panthers, mouvement révolutionnaire de libération afro-américaine, Angela Davis est née 1944 dans l'Etat de l'Alabama.

Elle grandit à Birmingham dans un quartier surnommé «Dynamite Hill», en raison des nombreux attentats perpétrés par le Ku Klux Klan

Au sein du Chu Lumumba Club, collectif du Parti communiste américain où tous les membres sont noirs, elle se lança corps et âme à la lutte contre le racisme.

En 1971, elle sera condamnée à mort après avoir été accusée de complicité dans une prise d'otage mortelle mais finira par être acquittée l'année suivante.

Dans les années 1980, elle se présenta par deux fois à la vice-présidence des Etats-Unis d'Amérique pour le compte du Parti communiste américain qu'elle finira toutefois par quitter après l'éclatement du bloc de l'Est. 

Aujourd'hui âgée de 76 ans, professeur à l'université de Californie à Santa Cruz, elle se bat toujours pour les droits civiques.

Et aussi Elizabeth EckforD, Dorothy Height, Mohamed Ali...

A toutes ces figures pourraient s'ajouter d'autres illustres noms comme celui d'Elizabeth Eckford qui, en 1957, à l'âge de 15 ans, allait, avec huit autres élèves noirs, marquer l'Histoire en intégrant, non sans douleur, un lycée blanc à Little Rock en Arkansas. Une première historique nécessitera le déploiement de la Garde nationale.

Il convient également de citer le nom de Dorothy Height, célèbre militante afro-américaine connue notamment pour avoir présidé le «National Council of Negro Woman» («Conseil national des femmes noires») de 1957 à 1998.

En 2010, lors de sa mort, le président américain Barack Obama avait rendu un vibrant hommage à cette figure historique du mouvement des droits civiques décédée à l'âge de 98 ans. Elle a «consacré sa vie à lutter pour l'égalité», avait résumé le président démocrate.

A ces femmes de combats, on peut accoler également le nom d'un champion, celui du boxeur Cassius Clay, plus connu sous le nom de Mohamed Ali. Champion olympique des mi-lourds aux Jeux de Rome en 1960, champion du monde poids lourds en 1964, il est passé dans la légende aussi bien pour ses exploits sur le ring, que pour ses punchlines.

«Dans cent ans, on dira que j’étais blanc, c’est ce qu’ils ont fait à Jésus», avait-il dit une fois.

Retrouvez toute l'actualité sur l'affaire George Floyd ICI

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