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Pourquoi l'Australie et l'Unesco s'affrontent à propos de la Grande Barrière de corail

La Grande barrière de corail est frappée par des épisodes de blanchissement des coraux, qui dépérissent. [SARAH LAI / AFP]

La Grande Barrière de corail doit-elle être classée parmi les sites «en danger» du patrimoine mondial ? Pour l'Unesco ça ne fait aucun doute, mais l'organisation se heurte au désaccord de l'Australie qui a annoncé, ce mardi 22 juin, son intention de s'opposer à ce projet.

Le gouvernement australien a pris cette décision après la publication d'un rapport préliminaire, lundi 21 juin, dans lequel l'Unesco recommande de rendre compte de la dégradation de la Grande Barrière de corail grâce au statut «en danger».

L'organisation insiste notamment sur la récurrence des épisodes de blanchissement des coraux, provoqués par le changement climatique. Ce phénomène de dépérissement, qui se traduit par une décoloration, s'est produit trois fois en cinq ans. Sans compter qu'avec la hausse de la température de l'eau, la moitié des coraux ont disparu depuis 1995.

Ce n'est pas la seule menace puisque la Barrière, située au nord-est de l'Australie, a aussi été endommagée par plusieurs cyclones, est fragilisée par les ruissellements agricoles et grignotée par l'acanthaster pourpre, une étoile de mer dévoreuse de corail.

Mais ces arguments ne font pas mouche auprès du gouvernement australien. «Je conviens que le changement climatique mondial constitue la plus grande menace pour les récifs coralliens mais il est erroné, à notre avis, de désigner le récif le mieux géré au monde pour une liste (de sites) "en danger"», a déclaré Susan Ley, ministre australienne de l'Environnement.

Elle déplore que la décision de l'Unesco ne prenne pas en compte les milliards de dollars dépensés pour protéger ce site classé au patrimoine mondial depuis 1981. Susane Ley estime ainsi que ce choix «envoie un mauvais signal à des pays qui ne réalisent pas les investissements que nous faisons dans la protection des récifs coralliens».

Un gouvernement jugé «passif» par les associations

Le rapport préliminaire de l'Unesco souligne pourtant les efforts, notamment financiers, de l'Australie pour protéger la Grande Barrière de corail. Mais, selon le document, «les perspectives à long terme pour l'écosystème» se sont «encore détériorées, passant de médiocres à très médiocres» malgré ces mesures.

L'inscription sur la liste des sites en danger n'est pas considérée comme une sanction par l'Unesco, mais il semblerait que l'Australie l'ait pris comme telle. Susane Ley dit avoir exprimé la «forte déception» du gouvernement auprès de la directrice générale de l'organisation, Audrey Azoulay, dans la nuit du lundi 21 au mardi 22 juin. Elle assure que le pays compte s'organiser pour contester ce projet d'ici à la prochaine session du comité du patrimoine mondial de l'Unesco, prévue en juillet depuis la Chine.

Dans cette démarche, le gouvernement australien n'est pas soutenu par les associations de défense de l'environnement. Pour nombre d'entre elles, cette recommandation de l'Unesco est un juste résultat du manque de volonté de l'exécutif en matière de réduction des émissions carbone. Elles rappellent que le pays ne s'est fixé aucun objectif de neutralité en la matière d'ici à 2050, alors même qu'il est l'un des plus gros importateurs au monde de charbon et de gaz naturel.

Climate Council dénonce ainsi un gouvernement fédéral «qui reste passif devant le déclin du récif corallien». Richard Leck, responsable des océans pour WWF, enfonce le clou, estimant que la recommandation de l'Unesco «montre clairement et sans équivoque» que les autorités n'en font «pas assez pour protéger notre plus grand atout naturel, en particulier contre le changement climatique».

La fragilité de la Grande Barrière de corail, qui s'étend sur 2.300 kilomètres en longueur, avait déjà été mise en lumière en décembre dernier. L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) avait alors souligné le danger que représentait le changement climatique pour cette «merveille de la nature», la classant parmi les sites jugés «critiques».

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