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Une députée musulmane affirme avoir été évincée du gouvernement britannique en raison de sa «foi»

Nusrat Ghani a été démise de ses fonctions lors d'un remaniement gouvernemental en 2020.[JUSTIN TALLIS / AFP]

Les «origines» et la «foi» de Nusrat Ghani ont-elles été déterminantes dans son éviction du gouvernement britannique lors du remaniement de 2020 ? C'est en tout cas ce qu'affirme l'ancienne vice-ministre des Transports dans une interview publiée ce dimanche 23 janvier par le Sunday Times.

Nusrat Ghani, 49 ans, assure que cette version de l'histoire lui a été présentée par un cadre du Parti conservateur, le parti du Premier ministre, Boris Johnson.

«On m'a dit que lors de la réunion de remaniement à Downing Street, ma "foi musulmane" avait été soulevée comme "un problème", qu'une femme musulmane au gouvernement mettait mes collègues mal à l'aise et qu'on craignait que je ne sois pas loyale envers le parti car je n'en faisais pas assez pour le défendre contre les allégations d'islamophobie».

Ce n'est effectivement pas la première fois que les conservateurs répondent à ce genre d'accusations. On leur a longtemps reproché de laisser prospérer l'islamophobie dans leurs rangs et, en mai 2021, un rapport avait même conclu que «le sentiment anti-musulman demeurait un problème au sein du parti». Selon ce document, le groupe de Boris Johnson serait confronté à l'islamophobie aux niveaux local ou individuel mais pas «institutionnel».

Nusrat Ghani explique que ces révélations lui ont fait l'effet d'«un coup de poing dans l'estomac». Se sentant «humiliée et impuissante», elle dit ne pas en avoir parlé à l'époque car on l'aurait avertie qu'elle serait «ostracisée par ses collègues» et que sa «carrière et sa réputation seraient détruites».

Pas de plainte officielle selon Downing street

Sur Twitter, l'un des cadres du parti conservateur, Mark Spencer, s'est lui-même identifié comme la personne visée par les propos de l'ancienne vice-ministre britannique des Transports, tout en niant son implication. «Ces accusations sont totalement fausses et je les considère comme diffamatoires», a-t-il écrit.

Assurant que «le Parti conservateur ne tolère pas les préjugés ou la discrimination de quelque nature que ce soit», un porte-parole de Downing street a indiqué que Boris Johnson avait été «mis au courant de ces allégations extrêmement graves». Selon la même source, le Premier ministre aurait rencontré Nusrat Ghani et lui aurait «écrit pour lui faire part de sa vive inquiétude et l'inviter à entamer une procédure de plainte officielle». Ce qu'elle n'aurait «pas fait par la suite».

Au sein du gouvernement britannique, l'affaire fait réagir. Nadhim Zahawi, ministre de l'Education, a ainsi demandé à ce qu'une «enquête appropriée» soit menée pour tirer cette histoire au clair. Mais son homologue à la Justice, Dominic Raab, a prévenu ce dimanche matin sur la BBC qu'aucune investigation n'aurait lieu si Nusrat Ghani ne déposait pas officiellement une plainte interne. Ce, même si ses accusations sont selon lui «très sérieuses».

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