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Crise des opiacés : un accord de 665 millions de dollars en faveur des tribus amérindiennes

En 2020, les décès par surdose d'opiacés ont augmenté de près de 30% aux Etats-Unis.[Myriam Zilles / Unsplash]

En 20 ans, plus de 500.000 personnes sont mortes d'une overdose d'opiacés aux Etats-Unis. Un problème de santé publique qui touche tout particulièrement les membres des tribus amérindiennes. Pour mettre fin aux poursuites engagées, quatre grands groupes pharmaceutiques se sont engagés à les dédommager, à hauteur de 665 millions de dollars au total.

Dans le détail, les distributeurs McKesson, AmerisourceBergen et Cardinal Health ont accepté de verser 440 millions de dollars sur sept ans aux tribus amérindiennes, et noué un accord à part avec la communauté Cherokee, pour 75 millions de dollars. En parallèle, le groupe Johnson & Johnson s'est engagé à payer 150 millions de dollars sur deux ans à l'ensemble des tribus.

Cet accord d'envergure, déposé ce mardi 1er février devant un tribunal, a pour objectif de mettre un terme aux poursuites engagées par les Amérindiens à l'encontre de ces groupes pharmaceutiques. Pour être validé, il doit encore être accepté par 95% des communautés ayant porté plainte, au prorata de leur importance. Toutes les tribus reconnues par le gouvernement américain, au nombre de 574, pourront bénéficier de l'accord, y compris celles qui n'ont pas saisi la justice.

Aux Etats-Unis, la crise des opiacés a donné lieu a de nombreux litiges, émanant de victimes directes mais aussi de collectivités telles que des villes, des comtés ou des Etats. Selon le cabinet d'avocats Robins Kaplan, qui représente certaines tribus, «les décès par surdose d'opiacés aux Etats-Unis ont augmenté de près de 30% en 2020».

En la matière, les Amérindiens sont très vulnérables puisque, de 1999 à 2015, la plus forte augmentation du nombre de morts par overdose a été enregistrée au sein de leurs tribus, par rapport aux autres groupes de population. En 2015, ils ont aussi souffert du plus haut taux de décès par overdose par habitant.

Permettre aux Amérindiens de «se rétablir»

«Pour cette raison, les gouvernements tribaux à travers les Etats-Unis ont dû dépenser des sommes considérables pour couvrir les coûts de la crise des opiacés, y compris des coûts plus élevés pour les soins de santé, les services sociaux, de protection de l'enfance, d'application de la loi», stipule l'accord. Des dépenses qui ont «détourné les rares fonds tribaux d'autres besoins» et ont «imposé de lourdes charges financières» aux tribus.

Avec l'argent promis, la communauté Cherokee prévoit d'«étendre les traitements de santé mentale et les services associés» pour permettre à ses membres de «commencer à se rétablir», explique son chef, Chuck Hoskin Jr. Douglas Yankton, le président de la Spirit Lake Nation, située dans le Dakota du Nord, se projette lui aussi, souhaitant «mettre en oeuvre des services essentiels sur les réserves, respectueux de nos cultures».

L'été dernier, AmerisourceBergen, Cardinal Health, McKesson ainsi que Johnson & Johnson avaient déjà accepté de payer 26 milliards de dollars pour solder des milliers de litiges, dans le cadre d'un accord avec de nombreuses collectivités. Ce mardi, Johnson & Johnson a ainsi fait savoir que les 150 millions accordés aux tribus amérindiennes seraient retirés de cet accord plus global. L'entreprise a par ailleurs précisé que le versement de cet argent ne constituait pas «une admission de responsabilité ou d'acte répréhensible».

Les autres groupes n'ont, pour l'heure, pas indiqué si les 440 millions accordés collectivement aux Amérindiens faisaient partie de l'accord à 26 milliards. Reste que les débats en la matière sont loin d'être terminés puisque des poursuites engagées à l'encontre d'autres groupes sont encore en cours. La société Johnson & Johnson a d'ailleurs fait savoir qu'elle «continuera de se défendre contre tout litige que l'accord final ne résoudra pas».

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