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Crise en Ukraine : l'Allemagne suspend le gazoduc Nord Stream 2 qui la relie à la Russie

Plusieurs pays, dont l'Ukraine et les Etats-Unis, étaient opposés au projet de gazoduc Nord Stream 2. [ODD ANDERSEN / AFP]

Bien qu'attachée au projet, l'Allemagne s'est résolue à suspendre ce mardi le gazoduc Nord Stream 2 après la reconnaissance par la Russie des régions séparatistes de l'Est de l'Ukraine. Conçu pour doubler les livraisons de gaz russe vers l'Europe, il n'a jamais été mis en service.

Le chancelier Olaf Scholz a annoncé la suspension de la certification du gazoduc en indiquant que le projet allait faire l'objet d'une «réévaluation» en raison de la «situation géopolitique» actuelle.

Le gouvernement allemand a également retiré l'avis politique favorable qu'il avait émis et qui concluait à une absence de risque de «sécurité» nationale représenté par le projet. 

Le gazoduc, dont la construction est achevée depuis l'automne dernier, n'a jamais fonctionné en raison d'un blocage juridique du régulateur énergétique allemand qui estimait que le projet ne respectait pas encore la législation européenne.

le projet énergétique phare de L'ALLEMAGNE

Nord Stream 2 relie la Russie à l'Allemagne via un tube de 1.230 kilomètres sous la mer Baltique d'une capacité de 55 milliards de m3 de gaz par an, sur le même parcours que son jumeau Nord Stream 1, opérationnel depuis 2012. Il était censé doubler l'apport en gaz russe à l'Allemagne, qui a cependant prudemment commencé à diversifier ces dernières années ses sources d'approvisionnement.

Promu par le géant russe Gazprom, le projet, estimé à plus de 10 milliards d'euros, a été cofinancé par cinq groupes européens du secteur de l'énergie (OMV, Engie, Wintershall Dea, Uniper et Shell).

Principal promoteur du gazoduc au sein de l'UE, Berlin misait sur le gaz russe pour accomplir sa transition énergétique et devenir un hub gazier européen.

De nombreux opposants

Mais dès sa conception, les opposants au projet ont été nombreux. L'Ukraine, au premier chef, craignait de perdre les revenus qu'elle tire du transit du gaz russe par son territoire. 

Les Etats-Unis sont, eux, depuis le début vent debout contre un aménagement qui risquait d'affaiblir économiquement et stratégiquement l'Ukraine, d'augmenter la dépendance de l'UE au gaz russe et de dissuader les Européens d'acheter le gaz de schiste que les Américains espèrent leur vendre. 

Après plusieurs semaines d'intenses négociations, les Etats-Unis avaient finalement annoncé à l'été 2021 un accord avec le gouvernement allemand.

Même en Allemagne, Nord Stream 2 n'a jamais fait l'unanimité : les Verts s'y sont longtemps opposés, avant de mettre de l'eau dans leur vin depuis leur entrée au gouvernement en décembre dernier.

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