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Italie : sans vote de confiance, Mario Draghi annonce sa démission, mais le président la refuse

Sans l’appui du M5S, Mario Draghi va céder sa place ce jeudi soir, considérant ne pas avoir été mandaté pour diriger un gouvernement qu’il décrit comme «politique». [Alberto PIZZOLI / AFP]

Fragilisé par le boycott du Mouvement 5 Etoiles (M5S), membre de la coalition au pouvoir, pour le vote de confiance discuté ce jeudi 14 juillet au Sénat, le Premier ministre Mario Draghi a annoncé ce jeudi qu'il quitterait son poste dans la soirée. Une démission finalement rejetée par le président italien, Sergio Mattarella.

Sergio Mattarella, le président italien, s'est opposé au départ de Mario Draghi. «Le président de la République n'a pas accepté la démission du président du Conseil et l'a invité à se présenter au parlement (...) afin qu'ait lieu une évaluation de la situation», a indiqué la présidence de la République dans un communiqué, après la non-participation d'un parti de sa coalition à un vote de confiance au Sénat ce jeudi.

«Je veux vous annoncer que ce soir, je remettrai ma démission au président de la République» Sergio Mattarella, avait assuré Mario Draghi dans un communiqué publié un peu plus tôt dans la soirée. En poste depuis février 2021, Mario Draghi souhaitait quitter ses fonctions après avoir essuyé jeudi un revers au Sénat.

Nommé initialement pour constituer une coalition «d’unité nationale» capable de contenir la crise sanitaire et économique, Mario Draghi avait conditionné son maintien au pouvoir au soutien du groupe M5S. Or, ce dernier a choisi de boycotter un vote de confiance ce jeudi au Sénat, relançant ainsi les rumeurs de démission entourant l’ancien président de la Banque Centrale Européenne (BCE).

Le chef de file du M5S, Giuseppe Conte, avait annoncé dès mercredi soir l’intention des sénateurs de son parti de ne pas participer à ce vote de confiance concernant un décret-loi portant sur des mesures d’environ 23 milliards d'euros pour aider les familles et les entreprises face à l'inflation. Le M5S est notamment opposé à une des mesures du texte devant permettre la construction d'un incinérateur d'ordures à Rome, jugé trop polluant et peu efficace et milite pour l'instauration d'un salaire minimum et d'un revenu citoyen.

Sans l’appui du M5S, l’ex-gouverneur de la Banque d’Italie souhaitait céder sa place, considérant ne pas avoir été mandaté pour diriger un gouvernement qu’il décrit comme «politique». «Il semble pour le moment qu'il n'ait pas l'intention de retourner devant le parlement pour voir s'il dispose d'une autre majorité», a analysé Franco Pavoncello, professeur de Sciences politiques à l'université américaine de Rome John Cabot.

Le M5S en quête de visibilité

A travers ce geste, le M5S a fait largement parler de lui, après des résultats électoraux en baisse depuis 2018. A l‘époque, le parti avait remporté les élections législatives avec 38 % des voix et une majorité relative au Parlement, avant de voir de nombreux élus partir et de bénéficier d’intentions de vote autour de 10 % actuellement.

En effet, le M5S a récemment perdu un tiers de ses députés, soit 50 membres, qui ont décidé de suivre l'ancien chef du parti et actuel ministre des Affaires étrangères Luigi Di Maio, qui a récemment créé son propre parti, Ensemble pour l'avenir (IPF).

«Le M5S s'écroule dans les sondages et a besoin de récupérer de la visibilité (...) Il veut être au centre de l'attention», a assuré Lorenzo Codogno, ancien économiste en chef du Trésor italien et professeur invité à la London School of Economics.

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