Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, est arrivé à Paris ce jeudi pour rencontrer Emmanuel Macron. Une première depuis l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, crime qu'il est accusé d'avoir commandité.
Opération réhabilitation presque terminée pour Mohammed ben Salmane, prince héritier de l'Arabie saoudite et de facto dirigeant de la monarchie du Golfe.
Arrivé mardi en Grèce pour une visite officielle de deux jours, «MBS», invité pour un dîner de travail au palais de l'Elysée ce jeudi, a été accueilli d'une longue poignée de mains du président français Emmanuel Macron malgré les protestations des défenseurs des droits de l'Homme.
Il acheve ainsi son premier voyage dans l'UE depuis l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en 2018.
retour de la realpolitik
La visite de Mohammed ben Salmane en France intervient moins de deux semaines après celle de Joe Biden en Arabie saoudite. A Jeddah, le président américain avait salué le prince héritier par un «check» du poing controversé et ainsi consacré le retour en grâce du prince héritier sur la scène internationale.
[A LA UNE 20H] Le président américain Joe Biden est arrivé en Arabie saoudite où le puissant prince héritier Mohammed ben Salmane, considéré comme le commanditaire de l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi par les renseignements américains AFP 2/5 pic.twitter.com/S6Lu7qdYnL
— Agence France-Presse (@afpfr) July 15, 2022
C'est pourtant le même Joe Biden qui avait déclassifié un rapport des services de renseignement américains désignant «MBS» comme le responsable de l'assassinat journaliste saoudien Jamal Khashoggi à Istanbul en 2018. Le président américain avait même promis durant sa campagne de traiter le royaume saoudien en «paria».
Mais la guerre en Ukraine, suivie de la crise énergétique, a replacé l'Arabie saoudite au centre des discussions, les pays occidentaux cherchant à convaincre Riyad d'ouvrir les vannes de pétrole pour soulager les marchés.
Riyad résiste aux pressions
La hausse des prix du brut alimente notamment l'inflation aux Etats-Unis, qui a atteint des sommets inégalés en quarante ans et met sous pression le gouvernement avant les élections de mi-mandat cette année.
Riyad résiste toutefois aux pressions de ses alliés, invoquant ses engagements vis-à-vis de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP+), l'alliance pétrolière qu'il codirige avec Moscou.
En mai, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faiçal ben Farhan al-Saoud, avait déclaré que le royaume avait déjà fait ce qu'il pouvait pour le marché pétrolier.
En rencontrant Emmanuel Macron à Paris, Mohammed ben Salmane retrouve celui qui, en décembre 2021, avait été l'un des premiers dirigeants occidentaux à rencontrer le prince héritier après l'affaire Khashoggi.