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Coup d'État au Niger : les autorités françaises réaffirment leur point de vue sur la situation

Catherine Colonna Catherine Colonna et Sébastien Lecornu ont clarifié la position de la France sur le coup d'État des putschistes au Niger. [Frederick FLORIN / AFP]

La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest a affirmé que, dans l'optique où les putschistes ne renonçaient pas à leur coup d'État au Niger, une intervention du bloc ouest-africain pourrait être lancée.

La France a souligné, ce samedi 5 août, qu'elle appuyait «avec fermeté et détermination» les efforts de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) pour faire échouer la tentative de putsch au Niger, à la veille de la fin d'un ultimatum de ce bloc ouest-africain, qui se dit prêt à intervenir militairement. En effet, ce vendredi 4 août, les chefs d'état-major de la CEDEAO ont «défini les contours d'une éventuelle intervention militaire» contre la junte nigérienne.

«Tous les éléments d'une éventuelle intervention ont été élaborés lors de cette réunion, y compris les ressources nécessaires, mais aussi la manière et le moment où nous allons déployer la force», a rapporté le commissaire chargé des Affaires politiques et de la Sécurité, Abdel-Fatau Musah, à l'issue d'une réunion à Abuja, au Nigeria.

Le 30 juillet, quatre jours après le coup d'Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum, la Cedeao avait donné sept jours aux putschistes, soit jusqu'à dimanche soir, pour le rétablir dans ses fonctions, évoquant un recours à «la force». Elle a reçu dans la matinée du 5 août au Quai d’Orsay, le Premier Ministre de la République du Niger, Ouhoumoudou Mahamadou, a indiqué le ministère dans son communiqué, précisant que le chef du gouvernement était accompagné de l'ambassadrice du Niger en France, Aïchatou Boulama Kane.

«Le contexte sécuritaire est très dur»

Quelques heures plus tard, Christine Colonna a annoncé, sur les antennes de RFI, que la remise en cause du dispositif antiterroriste français au Sahel n'est «pas à l'ordre du jour». «Ça n'est pas à l'ordre du jour, même si cette coopération a dû être suspendue, du fait des tentatives de coup d'État qui sont en cours depuis un peu plus d'une semaine maintenant au Niger», a déclaré cette dernière.

«Cette déclaration est sans réflexion, sans légitimité et donc sans fondement. La France, comme les pays de la Cedeao et de nombreux pays alliés, ne reconnaît que les autorités légitimes nigériennes. Le Niger est l'un des pays les plus pauvres au monde : 40% de la richesse du pays proviennent d'aides extérieures, qui vont cruellement manquer si l'ordre constitutionnel n'est pas rétabli. Le contexte sécuritaire est également très dur, avec Boko Haram d'un côté, et l'Etat Islamique au Grand Sahara de l'autre», a rapporté de son côté Sébastien Lecornu, le ministre français des Armées.

«Cette coopération militaire a commencé à produire des résultats importants»

«Si nous sommes présents militairement au Niger, c'est parce que les autorités légitimes nigériennes ont demandé le concours de la France pour lutter contre le terrorisme. Cette aide a pris plusieurs formes : formation, concours en matière de renseignement mais aussi appui au combat sous commandement nigérien. Cette coopération militaire, en place depuis 2019, a commencé à produire des résultats importants notamment dans la zone dite des trois frontières (Mali, Burkina Faso et Niger). Lorsque je me suis rendu sur place, j'ai pu constater que des milliers de km2 avaient été rendus aux populations, notamment à des fins de pastoralisme et de production agricole. Donc non seulement le président Bazoum est pris en otage, mais au fond toute la population nigérienne l'est aussi», a ajouté Sébastien Lecornu.

«Ce putsch vient fragiliser cette lutte contre le terrorisme dans une zone sahélienne où les groupes terroristes armés connaissent un regain d'activité. C'est une erreur de jugement grave qui va totalement à l'encontre des intérêts du pays. L'ultimatum est lancé, il ne m'appartient pas de le commenter. On constate que la Cedeao prend ses responsabilités dans la gestion de cette crise, avec des prises de positions fortes en faveur du respect du droit international, des processus démocratiques. C'est un jalon important qu'il faut soutenir. Beaucoup de pays, dont le Nigeria, le Sénégal, le Bénin ou la Côte d'Ivoire, sont en train de planifier des actions pour sortir de cette crise», a conclu le ministre français des Armées lors d’un entretien accordé à l’AFP.

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