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Pour les habitants de Sevran, "le maire, au moins, mouille sa chemise"

Stéphane Gatignon (C), le maire EELV de Sevran, discute avec des personnes venues le soutenir, le 12 novembre 2012 devant l'Assemblée Nationale à Paris. [Mehdi Fedouach / AFP] Stéphane Gatignon (C), le maire EELV de Sevran, discute avec des personnes venues le soutenir, le 12 novembre 2012 devant l'Assemblée Nationale à Paris. [Mehdi Fedouach / AFP]

"C'est courageux". "Il paie de sa personne"... A Sevran, la grève de la faim du maire Stéphane Gatignon (EELV), qui réclame une aide pour sa ville, est largement soutenue par les habitants, qui se disent néanmoins "prudents" sur l'issue de cette initiative.

"On ne sait pas ce que cette action va donner. Mais quoi qu'il arrive, c'est courageux de sa part d'avoir tenté de faire bouger les choses", estime Michel Blatter, 65 ans, habitant du quartier de Montceleux et président de l'association Agir pour mieux vivre au quotidien.

"Ca fait des années que la ville est confrontée à des problèmes et que rien ne change", ajoute ce retraité activement engagé dans la vie de la commune. "Pour une fois que quelqu'un donne un coup de pied dans la fourmilière, on ne va pas se plaindre".

Stéphane Gatignon, 43 ans, a entamé vendredi une grève de la faim devant l'Assemblée nationale pour que Sevran, commune de Seine-Saint-Denis touchée par le chômage et la misère sociale, bénéficie d'une aide supplémentaire de l'Etat de cinq millions d'euros.

Stéphane Gatignon, le maire EELV de Sevran, parle avec Cécile Duflot Ministre de l'Egalité des territoires et du Logement, le 12 novembre 2012 à Paris. [Kenzo Tribouillard / AFP]
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Stéphane Gatignon, le maire EELV de Sevran, parle avec Cécile Duflot Ministre de l'Egalité des territoires et du Logement, le 12 novembre 2012 à Paris.
 

Le Parlement doit examiner mardi, dans le cadre de la partie "crédits" de la loi de Finance, une augmentation de la Dotation de solidarité urbaine (DSU), destinée aux villes les plus pauvres. Un vote que beaucoup d'habitants suivront de près, assure M. Blatter.

"Tapage médiatique"

"Avec cette grève de la faim, le maire a mis le doigt là où ça fait mal", explique Amar Salhi, patron du bar PMU Le Jockey Club, à quelques centaines de mètres de la mairie de Sevran. "Il paie de sa personne. Il ne fait pas ça pour lui, il le fait pour les habitants", assure ce Sevranais de naissance.

De l'autre côté du comptoir, Fousseny Koma, client âgé d'une trentaine d'années, acquiesce lentement. "A Sevran, il y a beaucoup de chômage, des problèmes de violence... La situation est compliquée". "Le maire, au moins, il mouille sa chemise. Il ne reste pas les bras croisés", abonde Timoko Traore, à la recherche d'un emploi "depuis six mois".

Sur les écrans de télévision dans le fond de salle, le visage de l'élu apparaît soudainement sur une chaîne d'information en continu. Dans le bar, les client se retournent. "On le voit passer en boucle depuis plusieurs jours, ça fait bizarre", souffle Amar Salhi.

Stéphane Gatignon, le maire EELV de Sevran en grève de la faim, dans sa tente, le 12 novembre 2012 devant l'Assemblée Nationale à Paris [Mehdi Fedouach / AFP]
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Stéphane Gatignon, le maire EELV de Sevran en grève de la faim, dans sa tente, le 12 novembre 2012 devant l'Assemblée Nationale à Paris
 

Au centre de l'attention médiatique depuis vendredi, le maire de la ville en ferait-il trop? "La question de l'égalité des territoires est une vraie question. Mais nous, nous défendons les actions collectives, pas les actions individuelles", pointe Daniele Béné, du Front de Gauche (FG).

"Les télés, c'est bien, mais ça n'est pas ça qui va régler les problèmes de la ville", grince de son côté Roselyne, Sevranaise d'une soixantaine d'années vivant dans le quartier du Perrin, qui dit regretter le "tapage médiatique" et "l'image négative" véhiculée par l'action du maire.

"Depuis quelques jours, c'est sûr, on parle beaucoup de la pauvreté de la ville. Mais cette pauvreté est une réalité. Et d'habitude, c'est pire: on ne parle que de la drogue et des violences", estime Ginette Felpin, retraitée, qui dit "comprendre" l'action engagée par le maire.

"Certains disent que c'est du cinéma. Mais pour être entendu, aujourd'hui, il faut passer par les coups médiatiques", estime-t-elle. "Si vous ne vous battez pas, si vous ne vous faites pas voir, on vous laisse moisir dans votre coin".

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