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Crise à l'UMP : au FN et à l'UDI, on se frotte les mains

Marine Le Pen et Louis Aliot, vice-président du FN, le 3 novembre 2011 à New York [Emmanuel Dunand / AFP/Archives] Marine Le Pen et Louis Aliot, vice-président du FN, le 3 novembre 2011 à New York [Emmanuel Dunand / AFP/Archives]

La crise que vient de vivre l'UMP, qui s'est achevée par l'élection de Jean-François Copé à sa tête, peut ouvrir des perspectives très favorables au FN de Marine Le Pen qui veut apparaître comme la première opposante à François Hollande, mais aussi à l'UDI de Jean-Louis Borloo, qui y voit une justification de son existence et de sa ligne.

Panne de leadership, scrutin serré, soupçons de fraudes, le FN a toutes les raisons de se réjouir de la situation.

"C'est un scénario qui ne nous est pas désagréable", a résumé lundi le vice-président du FN, Louis Aliot.

Encore moins désagréable qu'avec un résultat à quasiment "50-50", l'occasion est rêvée pour Marine Le Pen de renforcer son statut d'opposante.

Commentant un écart "infinitésimal" montrant "une fracture au sein de l'UMP", Gilbert Collard a estimé sur BFMTV que "si M. Copé est élu, c'est parce qu'il a peu respiré le parfum de Marine le Pen. Entre la droite incertaine et la droite certaine, les électeurs sont en train de s'exprimer".

Avec les accusations de fraudes ayant émané des camps Copé et Fillon, le parti d'extrême droite peut aussi jouer la carte du "tous pourris". "On hésite entre Dallas et le théâtre de guignol", a commenté le frontiste Florian Philippot dès dimanche.

"Quel que soit le vainqueur, Marine Le Pen a un boulevard devant elle", analysait avant le résultat final Christian Delporte, professeur d'histoire contemporaine à l'université de Versailles. Notamment "parce que le score de 50-50 révèle la division des militants de l'UMP: une partie n'envisage des alliances qu'avec le centre et l'autre veut des alliances, au moins ponctuelles et locales, avec le FN".

"Marine Le Pen profitera à plein" de ces tiraillements stratégiques, "notamment aux municipales de 2014. Je pense qu'il y aura la tentation de beaucoup d'élus locaux, poussés par les militants, de conclure des alliances avec le FN", selon M. Delporte.

Au FN, un cadre a ajouté cependant un bémol. "Le risque, c'est que Sarkozy revienne, et c'est lui qui représente le plus grand danger".

"Plus de leader naturel à droite"

Jean-Louis Borloo, le 24 octobre 2012 à l'Assemblée nationale, à Paris [Jacques Demarthon / AFP/Archives]
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Jean-Louis Borloo, le 24 octobre 2012 à l'Assemblée nationale, à Paris
 

A l'UDI de Jean-Louis Borloo, on se garde bien de se réjouir ouvertement des mésaventures d'un partenaire politique. Mais on juge que cette crise confirme la nécessité d'un parti centriste et d'une ligne politique modérée.

Jean-Louis Borloo a affiché son ambition de faire de l'UDI le premier parti de France et donc de prendre l'ascendant sur l'UMP dont il dénonce l'absence de corpus idéologique clair et prédit un possible éclatement.

"L'élection interne de l'UMP atteste de la pertinence de notre initiative" car "au- delà des conflits de personnes prévisibles en pareille circonstance, il y a bien eu l'affrontement de deux lignes politiques", explique l'UDI dans un communiqué en se posant désormais en leader du pôle "européen, républicain, humaniste, social-libéral et écologiste" de l'opposition.

"A ceux qui se posaient des questions sur la nécessité de l'UDI, on peut leur répondre +regardez, chez nous c'est l'unité, un leadership incontestable et incontesté de Jean-Louis Borloo, une doctrine claire et une discipline+", résume le député Maurice Leroy, porte-parole de l'UDI.

"Il n'y a plus de leader naturel pour cette droite et c'est la première fois que cela leur arrive depuis 1958", constate le député Jean-Christophe Lagarde, porte-parole du groupe UDI à l'Assemblée. "Il est confirmé qu'il y a bien deux forces, un centre modéré et humaniste et une +droite décomplexée+, car quoi qu'il advienne, c'est elle qui l'a emporté, il y a eu un vrai virage à droite à l'UMP".

"Ne vaut-il pas mieux, pour représenter ces deux sensibilités, avoir deux partis organisés et autonomes plutôt qu'un parti unique coupé en deux", abonde le député Yves Jégo.

"L'opposition ne peut dorénavant rester enfermée dans la fiction du parti unique", proclament les amis de Jean-Louis Borloo en tendant ouvertement les bras aux modérés déçus de l'UMP.

"Il y aura certainement des lignes qui vont bouger dans les jours ou les semaines qui viennent. On a un boulevard devant nous", proclame le député Philippe Vigier, autre porte-parole de l'UDI.

De son côté, le président du Nouveau Centre Hervé Morin a salué dans la victoire de Jean-François Copé le "signe du courage et des convictions", jugeant que "les Français ont envie d'entendre des choses fortes" car "on n'est pas dans un monde de Bisounours".

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