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Nicolas Sarkozy, un bulldozer en politique dont le retour est compromis

Une femme regarde l'interview télévisée de Nicolas Sarkozy le 2 juillet 2014 à Caen [Charly Triballeau / AFP]
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Nicolas Sarkozy, 59 ans, dont le retour éventuel en politique est compromis par sa mise en examen, est un bulldozer politique, doté d'une énergie vibrionnante qui fait fi des codes, déclenchant l'enthousiasme ou l'animosité.

Plus de deux après sa défaite à la présidentielle face à François Hollande, il se retrouve sous le coup d'une triple mise en examen : violation du secret de l'instruction, corruption et trafic d'influence actifs.

Mais l'ancien président, dont l'un des leitmotiv est qu'il faut "toujours être en mouvement si on ne veut pas être une cible", est décidé à se défendre bec et ongles et a lancé mercredi soir sur TF1 et Europe 1 une contre-attaque.

Apparaissant rasé de près pour la première fois depuis plus de deux ans, il a dénoncé, lors de cette première interview audio-visuelle depuis le 6 mai 2012, une "instrumentalisation politique" de la justice. Il a notamment livré un sévère réquisitoire contre l'une des juges chargée de son dossier, membre du Syndidat de la magistrature.

Ce syndicat, qui avait appelé à voter contre lui, l'a accusé de "tenter de jeter le discrédit" sur les juges.

Pendant son quinquennat, il avait comparé les magistrats de la Cour de cassation à des "petits pois", tous semblables.

Alors qu'il demeure le préféré des Français de droite, même s'il a baissé dans plusieurs sondages ces dernières mois, M. Sarkozy a également indiqué qu'il déciderait "fin août, début septembre" de son éventuelle candidature à la présidence de l'UMP.

- 'Cartes postales' -

Depuis son départ de l'Elysée, cet animal politique n'a pas pour autant raccroché les gants : ses multiples conférences (très bien payées) à travers le monde, et les concerts de son épouse Carla Bruni-Sarkozy, qu'il accompagne partout, sont pour lui autant d'occasions de rencontrer des personnalités politiques étrangères et d'adresser des "cartes postales" aux Français.

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Nicolas Sarkozy à Paris le 2 juillet 2014 après son interview sur Europe 1 et TF1

A plusieurs reprises, avant sa défaite à la présidentielle, il avait néanmoins envisagé l'échec et sa vie d'après, sans politique. "Vous n'entendrez plus jamais parler de moi", avait-il même confié à la presse début 2012 en Guyane, une déclaration à laquelle la plupart de ses proches ne croyaient pas.

Président atypique jusqu'à la provocation, Nicolas Sarkozy a eu le don de susciter des sentiments extrêmes durant son quinquennat... et jusqu'à aujourd'hui.

Les uns louent chez cet avocat de formation, qui s'est défini comme "un petit Français de sang mêlé", une énergie et un volontarisme inlassables. Les autres le taxent d'agitation brouillonne et inefficace.

Prônant la "rupture", Nicolas Sarkozy, qui n'est pas passé par l'Ena, avait été élu en 2007 dès sa première tentative, alors que ses deux prédécesseurs avaient dû s'y prendre à trois fois.

Mais très vite, il avait plongé dans des records d'impopularité. En cause : sa façon de casser les codes d'un ordre républicain solennel et son goût (tout au moins au début de son mandat) pour le "bling-bling". Ses écarts de langage ont aussi choqué.

Moqué par certains de ses pairs pour sa petite taille, ce brun aux yeux bleus, qui ne boit jamais et s'accorde un cigare de temps à autre, est un sportif, grand amateur de vélo. Passionné de football, il suit tous les matches de la Coupe du monde. Il y a quelques jours, il évoquait avec passion auprès de journalistes tous les joueurs du Paris Saint-Germain engagés dans la compétition suprême.

- Résultats contestés -

Son quinquennat avait démarré sur les chapeaux de roue : champion d'une droite "décomplexée", il allait transformer la France en un pays de "propriétaires", allait offrir aux Français le "plein emploi" en allant "chercher la croissance avec les dents", les réconcilier avec "l'argent".

Mais ses ambitions s'étaient fracassées sur les crises économiques mondiales les plus graves depuis 1929 : subprimes, dette. Lui qui déclarait "ne pas croire à la fatalité" se démultipliait, se déclarant en guerre contre le capitalisme financier. Il ne parviendra toutefois pas à enrayer en France les délocalisations destructrices d'emplois.

Autres chantiers prioritaires chez cet ex-"premier flic de France": la sécurité, le contrôle de l'immigration, l'"identité nationale", avec là aussi des résultats contestés.

Son volontarisme l'avait aussi amené à engager la France dans des interventions militaires à l'étranger (Côte d'Ivoire, Libye).

Fils d'un immigré hongrois, il est marqué tout jeune par la séparation de ses parents et sera élevé par sa mère et son grand-père maternel, un Grec de Salonique qu'il évoque toujours avec beaucoup d'affection.

Il s'était dit "blessé" par les unes de magazines le présentant comme un "fou", "dangereux pour la République".

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