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Le retour à petits pas de Thévenoud à l'Assemblée

Thomas Thévenoud lors d'une conférence de presse à l'Assemblée Nationale le 24 avril 2014.[ERIC PIERMONT / AFP]

Thomas Thévenoud, qui a refusé de quitter l'Assemblée nationale après sa démission forcée du gouvernement en raison de ses déboires fiscaux, fait une rentrée à petit pas au Palais Bourbon, à côté de collègues oscillant entre l'embarras et l'indignation.

 

Après une brève apparition au début de la semaine dernière pour saluer des chefs d'entreprise de son département qui visitaient l'Assemblée nationale, le député de Saône-et-Loire a assisté pour la première fois mercredi matin à une réunion de la commission du Développement durable, où il siège désormais.

"Il est venu en toute discrétion et n'est pas resté jusqu'au bout, sans que cela semble susciter de réactions ouvertes. Peut-être sa présence était-elle liée à l'obligation d'émarger sous peine de pénalités", a déclaré à l'AFP l'élu UDI Yannick Favennec, qui était assis à côté.

Au-delà de deux absences mensuelles d'un député dans sa commission permanente sans justifications acceptées (séance publique en parallèle, présence dans une autre commission permanente...), le règlement de l'Assemblée prévoit une retenue d'un quart de son indemnité de fonction mensuelle (1.420 euros bruts) soit 355 euros. L'indemnité de fonction est une partie de l'indemnité totale du député (7.100 euros brut).

Olivier Falorni, du groupe RRDP (à dominante PRG) et membre de la commission du Développement durable, a évoqué devant les caméras "un passage éclair en commission, sans doute pour toucher toute son indemnité, ce qui rajoute au côté scandaleux de l'affaire Thévenoud un côté minable".

Dans les rangs socialistes, la gêne le disputait à la réprobation. "Pour l'image de la représentation nationale, ce n'est pas ce que nous souhaitons. Nous souhaitons que M. Thévenoud démissionne de son mandat de parlementaire mais il n'y a aujourd'hui aucune loi ou cadre législatif qui nous permette de le +démissionner+", a réagi le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll.

 

"Plein la figure"

Après son départ du gouvernement, Thomas Thévenoud a retrouvé aussitôt son siège de député de la 1ère circonscription de Saône-et-Loire. Il a refusé de l'abandonner malgré son exclusion du groupe socialiste et les prises de position publiques de Manuel Valls et François Hollande.

Le Premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, s'était dit "persuadé" qu'"à terme" Thomas Thévenoud démissionnerait de son mandat de député.

Interrogé à propos de son retour mercredi, l'un de ses proches, Razzy Hammadi, a répondu ne "pas avoir envie de s'exprimer là dessus". "Il en a pris plein la figure. Ce qu'il a fait est condamnable, a été condamné", a-t-il ajouté.

Son retour est "une erreur et une faute", a lâché Christian Paul, l'un des proches de Martine Aubry. "On nous parle maintenant plus de Thévenoud que de Cahuzac. Vous vous rendez compte : un député qui ne paye pas d'impôts", a glissé un autre élu provincial. De quoi relancer l'idée, reprise notamment par le déontologue de l'Assemblée, de demander aux futurs candidats aux législatives un certificat prouvant qu'ils sont en règle avec le fisc.

Mais d'autres socialistes regrettaient en privé un certain "acharnement" contre l'ancien camarade qu'ils appréciaient. Ils glissaient que la droite devrait balayer devant sa porte avec la présence sur ses bancs de députés ayant maille à partir avec la justice tels que Patrick Balkany.

A droite, la dénonciation d'un comportement étiqueté "scandaleux" l'emportait. Rester député après son éviction du gouvernement pour déboires fiscaux, "c'est son choix, c'est son droit" mais "c'est un très mauvais service pour l'image de la représentation nationale", dit l'UMP Benoist Apparu.

Après avoir ironisé à propos d'un député "venu pour pointer, ce qui montre que sa phobie administrative a des limites", Claude Goasguen déplorait que "le terme +honneur+ soit si rarement employé en politique" et considérait que Thomas Thévenoud devrait démissionner.

Dans les rangs socialistes, certains estimaient récemment que Thomas Thévenoud était resté député avec la conviction que "c'est l'un des seuls moyens de laver son honneur" et avec le souhait de "mener un travail de terrain pour essayer de retisser la confiance avec ses électeurs et démontrer petit à petit qu'il n'était pas celui que l'on croyait".

 

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