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Alzheimer : tout savoir sur la découverte de cette mutation rare capable de retarder la maladie

personne âgée 35 millions de personnes souffrent de démences de type Alzheimer dans le monde. [Nicolas TUCAT / AFP]

Une nouvelle variante génétique qui protège contre la maladie d'Alzheimer a été identifiée par une équipe internationale dirigée par des chercheurs de la Harvard Medical School, du Massachusetts General Hospital et du Massachusetts Eye and Ear.

Il s'agit d'une avancée majeure pour la maladie d'Alzheimer. Les travaux de chercheurs, publiés le 15 mai dans la revue scientifique Nature Medicine, fait état de la découverte d'une variante génétique capable de protéger contre la maladie d'Alzheimer.

La publication détaille le cas d'un patient présentant une prédisposition génétique au développement de la maladie d'Alzheimer à un stade précoce. Malgré un risque élevé de début précoce, le patient est resté cognitivement intact jusqu'à la fin de la soixantaine. Il a été protégé de la maladie d'Alzheimer par une mutation génétique rare qui contrôle le fonctionnement d'une protéine aidant les cellules à communiquer.

LA MUTATION «PAISA»

Les scientifiques se sont intéressés à une famille colombienne présentant une prédisposition génétique à la maladie d'Alzheimer précoce, appelée mutation «Paisa» (Presenilin-1 E280A). Normalement, les personnes atteintes de cette pathologie développent des problèmes de mémoire vers l'âge de 42 ans, une démence au milieu de la cinquantaine et décèdent des complications du trouble vers la soixantaine. Le journal de l'Université d'Harvard explique que le patient identifié par l'équipe est resté cognitivement intact jusqu'à 67 ans. Il a présenté une démence légère à 72 ans et est décédé à 74 ans d'une pneumonie, bien plus tard que la plupart des individus touchés par la mutation Paisa.

Une femme de la même famille, dont les fonctions cognitives sont restées intactes jusqu'à l'âge de 70 ans, avait déjà été signalée en 2019. Les deux patients présentaient des niveaux élevés d'amyloïde dans leur cerveau, mais étaient protégés contre la maladie d'Alzheimer. Francisco Lopera, directeur du Groupe de neurosciences d'Antioquia à Medellín, en Colombie, co-premier auteur de l'étude, est le neurologue qui a identifié cette famille et les suit depuis 30 ans.

«Des cas extraordinaires comme celui-ci illustrent comment les individus et les familles touchés par la maladie d'Alzheimer peuvent contribuer à faire progresser notre compréhension de la maladie et ouvrir de nouvelles voies de découverte», a déclaré Yakeel Quiroz, neuropsychologue clinicienne et chercheuse en neuro-imagerie, co-auteure principale de l'étude, dans un communiqué. Elle a précisé que les informations obtenues à partir de ces deux cas permettent de guider les recherches sur les régions du cerveau à explorer pour retarder et arrêter la progression de la maladie.

Les scientifiques ont alors réalisé des analyses génétiques et moléculaires pour comprendre ce qui protégeait cet homme de la maladie d'Alzheimer. Ils ont découvert une mutation très rare dans le gène RELN, qu'ils ont appelée Reelin-COLBOS. Cette mutation semble augmenter la fonction de la protéine reelin, produite par le gène. Cette protéine réduit l'activation de la protéine tau, qui joue un rôle clé dans la maladie d'Alzheimer. Selon les chercheurs, cela pourrait expliquer la protection dont cet homme a bénéficié contre la pathologie neurodégénérative pendant de nombreuses années.

Ce qui surprend les chercheurs, c'est que les deux patients ont à la fois hérité du gène responsable de la maladie d'Alzheimer et d'un autre gène qui les a protégés des symptômes de la maladie, d'après le journal de l'Université d'Harvard.

UNE NOUVELLE PISTE DE RECHERCHE

Bien que cette mutation soit extrêmement rare, la compréhension de son mécanisme de protection pourrait ouvrir la voie au développement de traitements. «Par conséquent, la solution consiste à imiter la nature en développant des thérapies qui reproduisent le mécanisme de protection de ces variants génétiques chez les personnes à risque de développer la maladie», a précisé la scientifique.

L'équipe prévoit de poursuivre ses travaux pour identifier d'autres patients qui semblent être protégés au sein de cette famille touchée par la maladie d'Alzheimer précoce, ainsi que pour approfondir les recherches sur les traitements qui pourraient découler de leurs découvertes.

35 millions de personnes touchées par ALZHEIMER dans le monde

Pour rappel, la maladie d'Alzheimer est une maladie neurodégénérative caractérisée par une atteinte progressive et irréversible du cerveau. La perte des cellules nerveuses est lente mais inexorable. Les symptômes se traduisent par des troubles de la mémoire, de l'exécution de gestes simples, de l'orientation dans le temps et l'espace, ainsi que des fonctions cognitives.

Selon l'Institut du cerveau, en France, 900.000 personnes souffrent de démences de type Alzheimer, et dans le monde, ce chiffre atteint 35 millions. Alors que la survenue de la maladie avant 65 ans est rare, à seulement 0,5%, sa fréquence est de 2 à 4% une fois cet âge dépassé. Par la suite, elle augmente proportionnellement avec l'âge pour dépasser 15% chez les personnes de 80 ans et plus. Cette maladie touche de plus en plus de femmes, avec une prévalence de 1 femme sur 4 et 1 homme sur 5 après 85 ans.

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