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Maladie d'Alzheimer : «On a un espoir sur des médicaments qui pourraient être plus efficaces qu'avant», affirme Thierry Lhermitte

L'acteur Thierry Lhermitte est le parrain de la Fondation pour la recherche médicale depuis 18 ans. [Thomas Leaud]

Engagé depuis de nombreuses années contre la maladie d'Alzheimer, l'acteur Thierry Lhermitte s'est rendu dans un centre de recherche à Lille. Dans un entretien, il livre pour CNEWS l'existence d'une nouvelle molécule, qui pourrait aider à mieux appréhender la maladie dès ses débuts.

À l’occasion de la journée mondiale Alzheimer, ce jeudi 21 septembre, CNEWS a interrogé Thierry Lhermitte, parrain engagé de la Fondation pour la recherche médicale depuis 18 ans. Passionné par la recherche scientifique, l’acteur français s'investit dans la lutte contre cette maladie et l'accompagnement des patients.

Le comédien s’est récemment rendu à Lille où il a rencontré Luc Buée, directeur de recherche au CNRS et dirigeant du Centre de Recherche «Lille Neuroscience & Cognition», où il anime l’équipe «Alzheimer et Tauopathies». L'un de ses projets est soutenu par la Fondation pour la recherche médicale.

Vous êtes le messager de nouvelles encourageantes pour la recherche sur la maladie d'Alzheimer. Pouvez-vous nous en dire plus sur le nouvel essai en cours au centre de recherche de Lille ?

Thierry Lhermitte : L'essai de Luc Buée concerne une forme jusque-là méconnue de la protéine Tau, qui pourrait être sa précurseure. Fautive de la dégradation, la protéine Tau s'accumule à l'intérieur des cellules et détruit les neurones dans le cerveau. Si cette forme, nouvellement découverte, est bien une «pré-protéine Tau», l'usage d'un anticorps pourrait l'anéantir avant qu'elle n'atteigne sa forme connue habituelle, afin qu'elle ne puisse ni se créer ni se développer.

Pour les personnes qui méconnaissent la maladie d'Alzheimer, peut-on la détecter avant qu'elle ne survienne ?

À moins d'aller au hasard tester des gens qui n'ont pas de symptômes, c'est quand même très difficile (rires). En revanche, dès qu'il y a une suspicion repérée avec des tests neuropsychiatriques, confirmée par l'IRM, et par des marqueurs biologiques que l'on analyse et que l'on dose grâce à une ponction lombaire - et très bientôt grâce à une simple prise de sang -, on peut arriver à déceler des cohortes de malades beaucoup plus tôt et étudier plus tôt la maladie.

Il y a aussi un nouvel espoir du côté des traitements. Certains, prometteurs et autorisés aux États-Unis, ont été refusés en Europe en raison d'effets secondaires, mais l'un d'entre eux est toujours en attente d'une décision. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Tout à fait, une nouvelle autorisation est en cours et un autre médicament est également dans les tuyaux. Aujourd'hui, on a un espoir sur ces médicaments qui pourraient être plus efficaces qu'auparavant, car lorsque l'on testait les médicaments à l'époque, on le faisait sur des patients dont la maladie d'Alzheimer était déjà enclenchée et à un stade assez avancé.

Malheureusement, à ce stade, les anticorps qui suppriment le peptide amyloïde ne font rien du tout contre la protéine Tau, qui continue à faire des ravages. Depuis 2006, on sait détecter plus tôt la survenue de la maladie, il y a des chances que l'élimination du peptide amyloïde par des traitements fasse ralentir considérablement la maladie, et c'est d'ailleurs le cas puisqu'ils ont été autorisés aux États-Unis.

Qu'est-ce que le peptide amyloïde ?

C'est une petite protéine anormale qui s'accumule pour créer les plaques amyloïdes. Cette protéine serait déclencheuse de la maladie et entraînerait la production de la protéine Tau.

L'environnement de vie compte à 30 % sur la survenue de la maladieThierry Lhermitte

Y a-t-il des comportements à adopter tout au long de sa vie pour limiter l'impact néfaste de la maladie ?

Oui, car l'environnement intervient à 30 % dans la survenue de la maladie. Une alimentation saine, de l'exercice, du café, ainsi que des relations sociales et une activité intellectuelle augmentent la réserve cognitive - c'est-à-dire la plasticité du cerveau - et fait reculer le moment où l'on aura les symptômes. L'idée est de consolider plein de circuits qui viendront remplacer ceux qui seront en train de se dégrader.

Que peuvent faire les internautes qui souhaitent soutenir la recherche ?

Les gens peuvent faire un don sur FRM.org, ou donner 10 euros sur leurs factures téléphoniques en envoyant le message «AGIR» au 92 300. Ce n'est pas juste un «petit plus», c'est très important.

Le don privé représente un tiers des budgets des laboratoires et il a une autre fonction qui vient compléter les aides de l'État. Ce dernier - qui devrait financer plus - paie les installations et les frais de fonctionnement fixes. Mais ensuite, pour chaque projet, le chercheur se débrouille pour trouver de l'argent auprès de différentes agences, d'entreprises et de donateurs privés.

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