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Péterhansel : "Ça serait génial de voir Loeb sur le Dakar"

Stéphane Péterhansel a remporté son 11e Dakar dimanche dernier au Chili. Stéphane Péterhansel a remporté son 11e Dakar dimancher dernier au Chili.[FRANCK FIFE / AFP]

Il n’aura jamais aussi bien porté son surnom de «Monsieur Dakar». Stéphane Péterhansel a ajouté, le week-end dernier à Santiago (Chili), un onzième Dakar à un palmarès déjà bien garni. Le pilote français pourrait le gonfler encore un peu plus l’an prochain dans une épreuve où il verrait d’un bon œil une éventuelle participation de Sébastien Loeb. Le duel n’en serait que passionnant.

 

Que représente ce record ?

Contrairement à l’an passé où l’idée d’une dixième victoire me tenait vraiment à cœur, cette année je n’étais pas fixé sur un objectif précis. Je partais en espérant que la voiture marche bien, avec l’envie de me faire plaisir. Et je me disais que si ça sourit, ça pourrait faire une victoire de plus. Une victoire fait toujours plaisir et certes je bas le record de victoires d’Ari Vattanen, mais ça ne représente pas autant que l’an dernier en terme de satisfaction.

 

Vous pensiez pouvoir en gagner autant ?

A mes débuts, jamais je ne pensais pouvoir gagner onze Dakar, d’autant que les premières années, ce n’était pas facile d’en gagner ne serait-ce qu’un seul. Alors forcément, en gagner onze, c’est l’aboutissement de beaucoup d’investissement.

 

Cela vous procure-t-il toujours autant de joie ?

La plus belle victoire restera toujours la première que j’ai gagnée en moto. Car c’était un rêve de faire le Dakar, alors le gagner pour la première fois en 1991, ce fut un vrai accomplissement. C’est le plus beau souvenir mais on ne peut pas dire non plus qu’on est insensible car gagner un Dakar c’est beaucoup d’efforts. Cela reste une grosse satisfaction, un gros moment de plaisir partagé avec l’équipe. Car derrière nous, sur un Dakar, il y une centaine de personnes qui travaillent.

 

Sébastien Loeb au départ du Dakar 2014 ?

 

C’est presque une victoire collective ?

Oui, c’est vrai que c’est un sport individuel mais avec le copilote, nous sommes deux dans la voiture. Et il y tout le staff technique, logistique qui fait qu’à la fin, c’est un résultat d’équipe.

 

"Je suis incapable de dire si l’an prochain j’arrêterai ma carrière"

 

Comment expliquez-vous l’écart aussi important avec le deuxième à l’arrivée ?

Cette année, la course a été un peu spéciale. Durant la première semaine, il y a eu une grosse bagarre avec Nasser Al-Attiyah, on s’est tenu tête pendant huit jours ce qui nous a permis de faire le trou avec les autres concurrents. Donc, quand Nasser et son buggy ont eu des problèmes techniques, je me suis retrouvé seul en tête. Avec l’avance que l’on avait, c’était plus simple à gérer. Il suffit, entre guillemets, d’être le plus régulier et d’être celui qui fait le moins d’erreur.

 

Est-ce facile de conserver la motivation durant les deux semaines ?

Non seulement la motivation mais aussi la concentration. Le plus dangereux quand on commence à avoir de l’avance est de perdre sa concentration et de se faire piéger. Il n’y a pas que les adversaires directs qui sont dangereux, chaque kilomètre de piste peut être un piège. Il faut donc rester très concentré même si on n’a plus à se bagarrer jusqu’à la limite.

 

Un mot sur votre Mini…

Depuis mes débuts en sports mécaniques, la Mini est la voiture la plus fiable depuis que je connaisse. Elle est performante et costaud. Je n’ai jamais fait autant de kilomètres sans avoir le moindre problème technique. Faire deux Dakar sans perdre une seconde à cause de la voiture, c’est exceptionnel. C’est un atout considérable, qui est la conséquence de tout le travail fait en amont du Dakar et de tous les mécaniciens qui révisent la voiture chaque soir.

 

Est-ce la clé de votre succès ?

Quand je suis arrivé dans l’équipe il y a quatre ans, je leur ai dis que si on voulait gagner le Dakar, la clé c’est de ne pas s’arrêter. Si les débuts ont été difficiles, depuis deux ans, c’est tout simplement la perfection. 

 

Au-delà de la voiture, avez-vous une recette ?

Une recette miracle, non même si l’expérience aide bien. Mais tout le monde connait théoriquement ce qu’il faut faire pour gagner un Dakar. Il faut être suffisamment rapide mais surtout ne jamais faire de grosse erreur. Avec mon copilote, on fait très peu d’erreurs, on est très constant, c’est cela qui paye. Beaucoup de pilotes savent ce qu’il faut faire ça mais très peu sont capables de le mettre en application car lorsqu’on est fatigué, quand on a la pression, quand on veut faire bien, on peut perdre sa lucidité, on s’enflamme, on veut trop en faire et on va à la faute. C’est une question de caractère.

 

Il vous reste un an de contrat avec Mini. S’agira-t-il de votre dernier Dakar l’an prochain ?

Je n’en ai aucune idée, pour l’heure je prends du plaisir à rouler, la voiture est performante alors je verrai bien. Après la victoire de l’an passé, je m’étais laissé un peu de temps avant de replonger mais après deux mois, je commençais déjà à tourner en rond comme un lion en cage. J’ai eu envie de faire des courses de moto, d’avoir des montées d’adrénaline… Je suis incapable de dire si l’an prochain à la même époque, ce sera la même chose ou si j’arrêterai ma carrière.

 

"L'Afrique me manque"

 

On parle de l’arrivée de Sébastien Loeb sur le Dakar…

Je serais très content qu’il s’intéresse au Dakar. En tant que passionné de sport mécanique, il pourrait apprécier une course comme celle-là et pour l’épreuve, ce serait très intéressant qu’un nom comme le sien s’engage. C’était déjà le cas avec Carlos Sainz, Colin Mc Rae. C’est un vrai plaisir de voir arriver des pilotes de WRC et comme Sébastien est le meilleur, ce serait tout simplement génial.

 

Qu’avez-vous à lui dire pour le convaincre ?

Je ne sais pas s’il est sensible à cela, mais il va en prendre plein les yeux avec les paysages qui sont fabuleux. Au niveau du plaisir de pilotage, il va découvrir ce que c’est que surfer dans les dunes avec une voiture… Et puis il aura des spéciales type WRC pas seulement de 30 mais de 350 kilomètres. Et lui qui aime la vitesse, il aura des sensations fortes.

 

Certains veulent changer le nom du Dakar. Qu’en pensez-vous ?

Cette question est un peu compliquée. C’est vrai que ça porte un peu à confusion mais il est difficile de trouver un autre nom pour l’épreuve. Je pense qu’il faut garder ce nom même si la course ne va plus à Dakar.

 

Aimeriez-vous un retour en Afrique ?

On est tous conscient de la situation et on sait que concrètement ce n’est pas possible aujourd’hui. Les organisateurs ne peuvent pas faire n’importe quoi mais il est certain que l’Afrique me manque. Il y avait des belles choses à voir et un esprit d’aventure plus présent qu’aujourd’hui en Amérique du Sud.

 

Et que diriez-vous de découvrir un autre continent ?

J’ai l’impression qu’on n’a pas encore fait le tour des possibilités en Amérique du sud. Cette année, on a découvert le Pérou et on parle déjà d’un autre pays l’an prochain. A chaque fois, nous découvrons de nouveaux trucs sympas. S’ils le veulent, les organisateurs peuvent rester encore facilement quelques années ici.

 

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