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Guy Lagache : "La télé à deux vitesses, c'est fini"

Guy Lagache Guy Lagache. [©MAXIME BRUNO/D8]

Spécialiste des magazines d’actualité, Guy Lagache inaugure ce soir sur D8 une nouvelle case documentaire ("Histoire interdite") avec "La face cachée du Débarquement" à l’occasion du 70e anniversaire du Débarquement. Un travail d’investigation historique qui a passionné l’actuel directeur de l’information et des magazines sur D8.

 

Pourquoi se lancer dans le genre du documentaire historique?

J’ai proposé à la direction de D8 de faire une incursion dans ce genre à l’occasion du 70e anniversaire du Débarquement, à condition de prendre un angle qui ne soit pas institutionnel.

L’idée n’est pas de raconter la grande Histoire, ça peut être fait ailleurs... Mais de répondre à une question qui me semblait intéressante : le 6 juin 44, les alliés ont envoyé 156 000 hommes attaquer par la mer l’armée d’Hitler, le mur de l'Atlantique, qui constituait un million d’hommes. En principe, numériquement, le calcul était extrêmement risqué. La mission semblait impossible. Et pourtant ç'a été une réussite. Alors comment tout cela a-t-il été possible ?

L’idée n’est pas de raconter la grande Histoire, mais de traiter certains aspects méconnus de la guerre sous forme d’enquête journalistique.

 

La direction de D8 a-t-elle rapidement accepté votre proposition ?

Oui. D’abord parce que D8 a cette particularité : les décisions y sont prises très rapidement, ce qui n’est pas le cas d’autres chaînes. D'autre part, le sujet les a passionnés et l’angle que je proposais était en phase avec la promesse éditoriale de l’info et des magazines d’info de cette chaîne : raconter le "pourquoi du comment" des choses.

C’était cohérent d'appliquer cette idée, développée notamment dans "En quête d’actualité" et dans les journaux, à l'Histoire contemporaine.

 

Concrètement, a-t-il été difficile de trouver des témoins qui acceptaient de traiter de certains sujets délicats (comme les exactions des GI's sur le sol français) ?

J’ai fait appel à une boîte de production avec qui nous avons l'habitude de travailler sur "En quête d’actualité" : Let's Pix. Trois journalistes ont passé des mois à faire de l’investigation sur chacun des volets de ce documentaire. Ils sont partis en Angleterre, en Espagne, Aux Etats-Unis.

Ils ont contacté des historiens, se sont rendus dans des fonds d’archives pour retrouver des documents écrits mais aussi documents filmés parfois inédits, comme les images des faux chars fabriqués pour l'opération Fortitude. A ma connaissance, elles n'avaient jamais été montrés à la télé française.

Ça a été un vrai travail d’enquête et ça n'a pas été simple car quand on parle des rapports entre les GI’s et les Français, il y a bien sûr les amours, les mariages mais aussi la face cachée que sont la prostitution et les viols.

On est allé enquêter à Cherbourg mais aussi en Amérique pour faire un travail de recoupement, de vérification et puis pour étayer ce qu’on a découvert à Cherbourg et dans la campagne normande.

Ça a été un très gros travail d’enquête mais passionnant car appliquer la technique du travail d’enquête et d’investigation au domaine de l’Histoire permet aussi de découvrir des éléments insoupçonnés.

 

Votre grand-père fut un héros de la Guerre. Etait-ce aussi une manière de lui rendre hommage?

Je n’utiliserais pas ce qualificatif de "héros". Il fut un résistant de la première heure et a fait partie de la 2e Division Blindée du général Leclerc. C’est évidemment une page de l’Histoire qui a marqué ma famille. Et comme tout le monde, je me suis déjà posé la question de ce que j’aurais fait à cette époque.

C’est pour ça que je pense que cette Histoire est fondamentale pour chacun d’entre nous : faire un documentaire en abordant la grande Histoire à travers les anonymes qui ont eux aussi contribué à leur niveau à faire basculer le cours de l’Histoire, m'a beaucoup touché.

Mais ce n’est pas du tout parce que mon grand père était résistant que j’ai voulu faire ce sujet !

 

Pierre Lescure se charge du commentaire...

Au départ c’est une idée d’Ara Aprikian (dirigeant du pôle gratuit de Canal +, ndlr). On souhaitait que ce document soit très journalistique, très didactique et pédagogique. En même temps, nous voulions qu'il soit raconté en étant le plus prenant possible. Donc on cherchait un narrateur qui puisse incarner le mieux l’Histoire telle qu’on avait envie de la raconter.

Ara a proposé le nom de Lescure. Et c'est une formidable idée car Pierre Lescure est à la fois un très grand journaliste avec une très grande rigueur et une figure qui n’est pas conformiste.

Je trouve que la manière dont il raconte ce film est inscrite dans quelque chose de très actuel, c’est un très bon conteur. J’ai trouvé ça très fort. Au final, nous sommes fiers d'avoir livré un documentaire qui n'a rien à envier aux grandes chaînes hertziennes.

 

Ce documentaire qui a demandé des mois d’enquête est-il un pied de nez à la réputation des programmes de la TNT ?

Désormais et ce, depuis 18 mois (âge de D8, ndlr), il n’y a plus de différences. La télé à deux vitesse, c’est fini. Quand on affiche une nouvelle émission de ce niveau, c’est un signe qu’il n’y a pas de chaîne à deux vitesses. On est aussi grand que les autres.

 

Est-ce que vous pensez que cette case documentaire pourrait revenir régulièrement ?

On a des idées. La case s’ouvre. Après je ne peux pas parler de nos idées pour des histoires de confidentialité évidentes.

Ce qui est sûr c’est que ça peut pas être une émission hebdomadaire car l’Histoire ça prend du temps : retrouver des témoins, des documents , des archives, ça prend du temps car précisément le temps qui nous sépare de l’événement fait que les choses ne sont pas faciles à trouver.

 

Pourriez-vous abandonner l’animation pour vous consacrer entièrement au developpement de ce genre sur D8 ?

Ce n'est pas nécessaire, je vais d'ailleurs également animer la soirée. Aujourd’hui mes collaborateurs savent que j’ai la capacité à avoir les mains dans le cambouis et en même temps pouvoir incarner un programme.

C’est d'ailleurs ce qui rend la chose passionnante.

 

Histoire interdite, La face cachée du Débarquement, D8, 20h50.

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