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L'édito de Florian Tardif : «Où sont passés les électeurs de gauche ?»

Dans son édito de ce mardi 19 octobre, Florian Tardif revient sur la position de la gauche dans la présidentielle. Pour l'heure, aucun candidat n’arrive à recueillir plus de 10% d'intentions de votes, au premier tour. Du jamais vu depuis vingt-cinq ans. Depuis LREM, les socialistes peinent à monter dans les sondages. Une union des gauches serait la solution mais elle semble aujourd’hui impossible.

2017, 2012, 2007, 2002, 1999. Je me suis plongé dans les archives, et jamais ces 25 dernières années, cela n’était arrivé. D’où cette question, mais où sont donc passés les électeurs de gauche ? Premier élément de réponse, le séisme Macron a profondément modifié le paysage politique en 2017. Depuis la faille ne s’est toujours pas résorbée et l’électorat de plusieurs parties, dont celui socialiste pour prendre cet exemple s’est évaporé. Aujourd’hui, la candidate Hidalgo ne recueille que difficilement 4 à 5% des suffrages. Tout simplement parce qu’Emmanuel Macron n’a pas, en 4 années et demi de mandat, perdu le centre gauche. Selon un sondage Ipsos pour le magazine Le Point : 46% des sympathisants socialistes ont une bonne image du président actuel. Le bloc de gauche se retrouve donc appauvrit. Selon les derniers sondages, les candidats de gauche ne recueillent qu’1/4 des électeurs au premier tour. Et à cela s’ajoute un «phénomène de dispersion» C’est le deuxième élément de réponse.7 candidats se partagent à gauche, ce maigre électorat. 

L’union fait la force, sauf que la force de la gauche, c’est la désunion. Actuellement, une alliance autour de Jean-Luc Mélenchon permettrait à la gauche d’accrocher le second tour de l’élection présidentielle, sauf que cela semble impossible aujourd’hui. C’est le candidat lui-même qui l’avoue, dans un entretien accordé à nos confrères de L’Obs : «Le chemin c’est la lutte. C’est tout. Expliquer, proposez, convaincre. D’aucuns disent «unissez-vous». Et que faire des désacords de fond ? Sur l’Otan, dont nous voulons sortir, sur les traités européens à renégocier, sur le partage des richesses. Pour faire l’union, il faudrait tout flouter ? Et qui en voudrait ? Chaque fois que j’ai tendu la main, la réponse a été non. On se perdrait à se mettre d’accord sur des ambiguïtés.» Sauf que pour l’heure, c’est sans ambiguïtés que la gauche perdra en 2022. C’est pour éviter cela, qu’une cinquantaine d’élus a décidé ce week-end de lancer une initiative pour tenter de rassembler les forces de gauche, sous une candidature unique. Ensemble, ils ont décidé de ne pas parrainer de candidat à l’élection présidentielle tant que les candidats ne se seront pas mis d’accord sur un nom, et un seul.

«Aujourd’hui, près d’une dizaine de candidatures écologistes, de gauche et humanistes sont d’ores et déjà annoncées pour la présidentielle. Nous refusons de jouer un rôle dans cette tragédie. Nous refusons de participer à la mise en scène de notre défaite et de notre impuissance», écrivent les signataires de ce texte, parmi lesquels figurent l’eurodéputé Raphaël Glucksmann et son collègue de Nouvelle Donne Pierre Larrouturou. Une initiative qui a, vous l’imaginez bien, été accueillie fraichement par les différents camps. J’ai contacté plusieurs élus de tout bord, à gauche afin de connaitre leur sentiment ou opinion à ce sujet, sans recevoir de réponse. 

La gauche n’a pas encore dit son dernier mot. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’avec l’irruption d’Eric Zemmour, le ticket d’entrée pour le second tour devrait être relativement bas. J’étais ce week-end à la convention de l’union populaire de Jean-Luc Melenchon, et dans son camps, on espère créer une dynamique autour de la candidature du tribun, afin de « plier le match » d’ici décembre à gauche. Concrètement, les Insoumis caressent le doux rêve d’arriver à 14,15% dans les sondages d’ici 2 mois, afin non pas de rallier les autres candidats de gauche derrière Jean-Luc Melenchon, mais de rallier les électeurs de gauche. Car les électeurs de gauche n’ont pas disparu, ils sont dispersés, ont parfois rejoints d’autres rives. L’enjeu est d’arriver à les reconquérir et les rassembler derrière soi. C’est l’objectif des candidats de gauche, et de Jean-Luc Mélenchon, notamment qui je le disais est aujourd’hui, le plus à même de le faire car en tête à gauche dans les sondages. D’où le lancement de « l’union populaire, nouvelle bannière des insoumis pour tenter de rallier ces électeurs de gauche derrière eux Cela sera-t-il suffisant ? Pour l’instant, vous on avez compris, la partie est mal engagée pour la gauche. 

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