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Des marées de vomi déferlent sur le Facebook brésilien

La page Facebook "Vomitaço" remporte un franc succès au Brésil.[Capture d’écran Facebook]

Un phénomène prend de l’ampleur au Brésil, le «vomitaço». Le principe est d’inonder les pages Facebook de ceux qui ont participé de près ou de loin aux turpitudes politiques de ces dernières semaines avec des émoticônes qui vomissent. 

Depuis la destitution de la présidente de la République du Brésil Dilma Roussef, en raison notamment d'irrégularités dans les comptes de l'État, la scène politique brésilienne est au coeur du scandale. Entre contestation du président par intérim Michel Temer, et dégouût de la chose politique, les brésiliens semblent en avoir assez, et ils le prouvent avec le «vomitaço». La dernière victime du mouvement est ainsi l'émission, «Fantastico», diffusée sur la chaîne Globo. En cause, une interview d’un ministre du nouveau gouvernement intérimaire de Michel Temer, jugée beaucoup trop complaisante. En réaction, la page Facebook de la Globo a été inondée d’émoticônes en train de vomir.

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«Le PMDB est le cancer du Brésil»

Ce genre d’événement est quotidien au Brésil depuis quelques jours. À l’origine du mouvement, un père et son fils de 44 et 22 ans. «L’idée a surgi le 17 avril en regardant les députés voter pour ou contre l’impeachment de Dilma Roussef. Deux députés se sont crachés dessus. On s’est dit : si les députés en arrivent à se cracher dessus, les Brésiliens ont toutes les raisons du monde de dégobiller sur leurs députés», déclare notamment le fils, cité par Rue89. L’arrivée au pouvoir de Michel Temer pour 180 jours a servi de déclencheur. Sur la page du parti du président par intérim, le PMDB, ils affichent clairement leur opinion : «le PMDB est le cancer du Brésil, il me fait vomir tous les jours», accompagné de ce qui deviendra leur marque de fabrique, un émoticône qui vomit. 

La démission de Michel Temer, le retour de Dilma Roussef

Très vite, le mouvement prend, et en dix jours, leur page Facebook compte près de 100.00 mentions «j’aime». Leur objectif est clair, le père et son fils veulent la démission de Michel Temer, et le retour de Dilma Roussef. Pas parce qu’ils sont des soutiens de l’ancienne présidente, «mais parce que nous sommes une trop jeune démocratie pour jouer de cette manière avec nos institutions. On aurait fait pareil pour n’importe quel président dans une situation similaire».

Leurs opérations nécessitent un minimum de préparation, les deux «activistes» du net fixent des rendez-vous pour que tous ceux qui suivent leur mouvement attaquent simultanément, pour une meilleur efficacité, comme l’explique le père : «ça nous fait plaisir qu’ils vomissent où bon leur semble. Mais c’est beaucoup plus efficace si on le fait tous ensemble. Sinon les administrateurs des pages les effacent trop facilement». Le choix des cibles est collectif, et basé sur les messages que les deux hommes reçoivent. Parfois, ils reçoivent des propositions d’hommes politiques locaux qui veulent s’en prendre à un adversaire. Ils refusent systématiquement et préviennent : «si un grand parti ou un homme politique connu tente de nous influencer, on va rendre ça public et crois bien qu’ils vont se faire inonder». 

André Moura dans le viseur

En attendant, les brésiliens continuent leur vendetta contre les hommes politiques et leurs partis, mais aussi contre les médias jugés partiaux, ou les entreprises qui sont parties prenantes, «parce qu’il faut toujours taper au porte-monnaie. Ces entreprises doivent avoir une responsabilité et ne pas annonce n’importe où». Leur prochaine cible devrait être le nouveau chef de la majorité à l’Assemblée, et pour cause : André Moura est notamment accusé de meurtre.

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