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«L’art contemporain, c'est l’écho de notre monde» : Vincent Macaigne joue les galeristes au cinéma dans «Un coup de maître»

Le comédien de 44 ans s'est inspiré de programmateurs de théâtre pour incarner son personnage. [© CHRISTOPHE SIMON/AFP]

Dans «Un coup de maître» en salles ce mercredi, Vincent Macaigne signe un numéro de haute voltige en campant un galeriste crédible. Rencontre avec un acteur entier, aussi passionné que passionnant.

Alors qu’il incarnera le peintre Pierre Bonnard dans le biopic «Bonnard, Pierre et Marthe», qui sortira au cinéma le 10 janvier prochain, Vincent Macaigne délaisse les pinceaux et endosse le costume de galeriste dans «Un coup de maître».

Dans cette tragicomédie signée Rémi Bezançon («Le premier jour du reste de ta vie», «Le mystère Henri Pick») et attendue en salles ce mercredi 9 août, le comédien de 44 ans se glisse avec brio dans la peau d’Arthur Forestier. Celui-ci tente par tous les moyens - et même les plus risqués - de sauver son meilleur ami Renzo Nervi, un peintre qui a connu la gloire, mais manque cruellement d’inspiration depuis plusieurs années.

Une histoire d’amitié façon «à la vie, à la mort», comme le souligne le réalisateur, mêlée à une satire du milieu de l’art contemporain à mourir de rire. Une relation «mercantile et amicale» toute en nuance et en subtilité, qui a plu à Vincent Macaigne, lequel forme un duo en parfaite symbiose avec son partenaire de jeu, Bouli Lanners.

Pourquoi avoir accepté de participer à ce film librement inspiré du long-métrage argentin «Mi obra maestra» de Gastón Duprat, sorti en 2019 ?

Le scénario est drôle, équilibré, fin. Au-delà de dépeindre l’univers de l’art contemporain, ce film raconte une histoire d’amitié profonde et indéfectible entre un peintre en panne d’inspiration et son meilleur ami - le galeriste que j’interprète - qui essaie de le sauver. Cela donne des situations ubuesques. J’aimais la folie qui se dégage de ce récit, comme dans «Les nouveaux sauvages» de Damián Szifron.

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Vincent Macaigne donne la réplique à l'acteur belge Bouli Lanners (© Thomas Nolf)

Quelles ont été vos sources d’inspiration pour construire le personnage d'Arthur ?

Cela m’a beaucoup amusé de jouer un galeriste. Ce personnage me rappelle certains producteurs qui sont souvent pointés du doigt et considérés comme des gens qui manquent de morale. Pourtant, beaucoup se démènent pour faire exister les artistes, tout comme les éditeurs ou les programmateurs de théâtre dont je me suis inspiré.

Quel est votre rapport à l’art contemporain ?

Ma mère est une peintre dite classique, loin des NFT (jetons non fongibles en français, ndlr), qui n’évolue pas dans le milieu de l’art contemporain au sens propre du terme. Je suis sensible à l'art en général. Je vais à la Biennale de Venise quand j’en ai l’occasion, mais je ne cours pas non plus les musées.

Je suis proche de cinéastes de ma génération comme Justine Triet et Guillaume Brac.

L’art contemporain est une sorte d’écho de notre monde. Tout comme la photographie, cela m’inspire beaucoup dans mon travail de metteur en scène.

Au théâtre ou au cinéma, avez-vous eu des «mentors» ?

Je n’ai jamais eu de «maître» comme peut l'évoquer Rémi Bezançon dans le film. Je pense que ce concept n’est pas ancré dans la culture française. Tout au long de mon parcours, des metteurs en scène dont l’Italien Romeo Castellucci ou l’Allemand Frank Castorf m’ont profondément inspiré. Au cinéma, certains artistes m’accompagnent depuis des années comme le réalisateur Olivier Assayas avec qui j’ai tourné le film «Doubles vies» ou la série «Irma Vep», ainsi que des cinéastes de ma génération tels que Justine Triet ou Guillaume Brac.

La panne d'inspiration, cela vous angoisse ?

Je ne cesse de me poser des questions et d'être en proie aux doutes. Au théâtre, j’ai arrêté de mettre en scène pendant six ans. Nous vieillissons, et l’époque change. Il faut parfois du temps pour comprendre qui nous sommes, comment nous travaillons, si ce que nous avons à dire en vaut la peine. La création demande parfois beaucoup d’efforts, et il n’est pas si simple de trouver des financements pour donner vie à certains projets artistiques.

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