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#AussiMonEglise : après le rapport Sauvé, des catholiques veulent une réforme profonde de l'institution

Ces laïcs veulent être impliqués dans une réforme de l'Eglise qu'ils jugent nécessaire.[Fred TANNEAU / AFP]

La communauté catholique a elle aussi ses influenceurs et les conclusions du rapport Sauvé les poussent à se mobiliser. Ce vendredi 8 octobre, écoeurés par les chiffres terrifiants des violences sexuelles dans l'Eglise, ils se sont exprimés sur Twitter sous le hashtag #MyChurchToo (#AussiMonEglise), pour exiger une réforme profonde de l'institution et affirmer leur volonté de s'investir.

Erwan Le Morhedec, avocat et essayiste catholique, auteur du blog Koztoujours, fait partie des dizaines de laïcs qui ont lancé le mouvement. A 15h précises, ce vendredi, en référence au jour et à l'heure de la Passion du Christ selon la Bible, il s'est dit «saisi» par le «calvaire» des victimes de la pédocriminalité au sein de l'Eglise. «Laïcs, nous devons être entendus ! Laïcs, nous réclamons que les réformes soient adoptées !», écrivait-il.

Révélé le 5 octobre dernier, le rapport Sauvé estime à 216.000 le nombre de personnes de plus de 18 ans ayant fait l'objet de violences ou d'agressions sexuelles pendant leur minorité de la part de clercs ou de religieux catholiques en France, de 1950 à 2020. D'après les conclusions de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise (Ciase), le nombre de victimes grimpe même à 330.000 «si l'on ajoute les agresseurs laïcs travaillant dans des institutions de l'Eglise catholique». 

Avec le hashtag #AussiMonEglise, les internautes voulaient non seulement exprimer leur soutien aux victimes, mais aussi «montrer à la société notre volonté de nous mobiliser et surtout demander aux évêques une réforme de l'Eglise en actes et en profondeur pour faire cesser ces crimes», résume Erwan Le Morhedec, interrogé par l'hebdomadaire Famille chrétienne.

Derrière ce hashtag, suffisamment repris pour apparaître dans les tendances Twitter, le message était le suivant : l'Eglise catholique ne se résume pas à l'épiscopat et les fidèles veulent aussi avoir leur mot à dire, surtout au moment où l'institution montre de telles failles. Ils anticipent notamment l'Assemblée plénière des évêques de France, prévue début novembre : des décisions y seront prises et ils veulent faire en sorte que des laïcs y soient associés.

«Honte à vous»

Pour de nombreux catholiques, le hashtag #AussiMonEglise, était également l'occasion de faire part de leur colère. «Aux évêques avant tout : la confiance est brisée», pouvait-on lire, «Vous revendiquez être en charge du troupeau et vous le malmenez. Honte à vous.», ou encore : «Colère face aux réponses inappropriées, insuffisantes, creuses».

Des demandes et recommandations sont formulées un peu pêle-mêle, de la «démission» des évêques ayant couvert des actes pédocriminels, jusqu'à une participation des laïcs à la nomination des prêtres. «Nous voulons être partie prenante, confirme Erwan Le Moredhec. Pendant longtemps nous avons délégué la gestion de l'Eglise avec une forme de naïveté, sans se sentir concernés, mais le résultat ne nous satisfait pas».

Reprenant les mots de Jean-Marc Sauvé lors de la remise du rapport, ces catholiques sont décidés à peser davantage au sein de l'Eglise, pour éviter que les évêques n'aient à la fois le «pouvoir législatif, exécutif et judiciaire». Une revendication qui a déjà fait son chemin jusqu'aux plus hautes sphères, puisque l'intégration des fidèles dans les instances de décision fait non seulement partie des recommandations de la Ciase, mais doit aussi faire l'objet d'un synode, réclamé par le pape François lui-même.

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