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La diplomatie selon Trump

Après son volte-face, la politique étrangère du président américain est scrutée de près [SAUL LOEB / AFP]

Le dirigeant ultra-impulsif réinvente la stratégie diplomatique américaine, de façon plus calculée qu’il n’y parait.

Un tweet et tout bascule à nouveau. Alors que les grandes puissances, rassemblées pour le G7 au Canada, s’étaient accordées sur une déclaration commune, Donald Trump a tout balayé d'un revers de la main, s'en prenant même vertement au Premier ministre Justin Trudeau.

Une nouvelle sortie qui inquiète, à la veille d'une rencontre cruciale – déjà repoussée par le passé – avec son homologue nord-coréen Kim Jong-un. Ce dernier coup d’éclat en date laisse en tout cas planer le doute sur la stratégie diplomatique menée par le président américain, un an et demi après son élection.

Une imprévisibilité permanente

La liste des coups de sang et volte-face de Donald Trump est déjà très longue. Abandon des accords de libre-échange, retrait de l’accord de Paris sur le climat, rupture unilatérale de l’accord sur le ­nucléaire iranien… Le locataire de la ­Maison Blanche se montre capable des revirements les plus spectaculaires et inattendus, par le biais d’un discours ­enflammé, ou d’un message expéditif sur Twitter, qui reste son canal de communication ­favori.

Un comportement qui soulève des ­interrogations, même au plus haut ­niveau. Dimanche, Paris dénonçait ainsi une coopération internationale dépendante de «colères ou de petits mots».

Mais la stratégie du milliardaire pourrait s’avérer plus calculée qu’il n'y paraît. Donald Trump n’est pas seulement imprévisible, il cherche à se rendre incompréhensible, explique Jean-Eric Branaa, maître de conférences à l’université Panthéon-Assas. Il fait en sorte que ses adversaires ne sachent pas où il va aller pour mieux négocier». Donald Trump mènerait donc son mandat comme le businessman qu’il a toujours été et gérerait son pays comme sa propre entreprise.

Avec son credo «America First», ou l’Amérique d’abord, sa gestion du sommet avec Kim Jong-un, prévu ­mardi à ­Singapour, donne déjà des angoisses à la communauté inter­nationale toute ­entière. Cette stratégie de défense des intérêts américains pourrait en effet le pousser à claquer la porte d’un instant à l’autre si ­Pyongyang reste intransigeant sur ses positions.

Intransigeant mais populaire

A première vue, les conséquences de cette instabilité diplomatique semblent conduire à un isolement progressif des Etats-Unis sur la scène internationale. Mais si Washington abandonne son rôle de «gendarme du monde» et se détourne des accords internationaux, c’est encore une fois pour mieux préserver ses intérêts, en négociant de pays à pays.

Une stratégie étonnante, mais payante en termes de popularité pour Donald Trump, sur le plan national. Ainsi, selon un récent sondage réalisé par Washington Post/ABC News en avril, 40 % des Américains approuvent désormais l’action de leur président – un niveau qu’il n’avait jamais atteint depuis ses cent premiers jours au pouvoir.

«Plus Donald Trump se fâche avec les décideurs, plus les Américains ont l’impression d’être défendus», affirme l’expert Jean-Eric Branaa. Finalement, la stratégie de Donald Trump est peut-être sa meilleure arme pour viser un second mandat, en novembre 2020.

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