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Coronavirus : la mort d’un patient diffusée en direct à la télévision bolivienne

La scène a été filmée depuis la région de Santa Cruz, durement frappée par le coronavirus. La scène a été filmée depuis la région de Santa Cruz, durement frappée par le coronavirus. [Photo d'illustration / JORGE BERNAL / AFP].

Une agonie d'une demi-heure filmée et retransmise en direct. Une chaîne de télévision bolivienne a suscité une vive controverse, jeudi 18 juin, après avoir diffusé les dernières minutes de la vie d'un homme gravement malade du Covid-19 alors que les médecins tentaient désespérément de le sauver.

Cette scène, macabre et surréaliste, a été diffusée pendant l'émission «No mentiras» («Sans mensonges», en français), un programme de la chaîne de télévision bolivienne PAT TV

Devant le tollé suscité, les responsables de l'émission ont déclaré qu'ils avaient pris la décision de montrer la mort de cet homme pour inciter les autorités à agir au plus vite, elles qui sont accusées d'avoir négligé le système de santé aujourd'hui submergé face à la pandémie.

Si les médias locaux ne précisent ni l'âge ni l'identité du défunt, ils indiquent néanmoins que ce dernier est mort dans un hôpital de la ville de Santa Cruz, situé dans l'est de la Bolivie

La décision extrême, prise par la chaîne PAT TV de diffuser une mort en direct, pourrait d'ailleurs avoir été motivée au regard des terribles chiffres que connaît la région de Santa Cruz.

A la date du 19 juin, Santa Cruz comptait ainsi, à elle seule, près de 60 % des 21.000 cas officiellement recensés de coronavirus dans tout le pays, et environ la moitié des 679 décès enregistrés toutes régions confondues.

Alertée, l'avocate Nadia Cruz, qui occupe le poste de défenseur du peuple bolivien (une institution locale dont la tâche principale est de veiller au bon respect des droits humains, NDLR), a vivement critiqué l'émission qu'elle a assimilée à du «sensationnalisme».

Pas de réaction du gouvernement bolivien

Elle a ajouté que ce n'était pas la première fois que le programme «No Mentiras» avait été épinglé pour ses choix éditoriaux morbides qui, cette fois, ont franchi un cap supplémentaire en «montrant des images d'un massage cardio-respiratoire pratiqué sur un homme, et qui, malheureusement s'est soldé par la mort de ce dernier».

Pour la magistrate, il est ainsi «évident que l'émission entre en contradiction avec l'ordre juridique national», «en ayant généré une sorte de peur collective».

De même, l'émission a été largement critiquée sur les réseaux sociaux, y compris par des journalistes boliviens de premier plan.

«Quel manque de respect pour le défunt et sa famille. Nous avons perdu beaucoup de choses avec ce virus, l'empathie y compris», a notamment écrit sur le réseau social Twitter la journaliste Maria Trigo, du journal «El Deber de Santa Cruz».

Une levée de boucliers générale mais qui, au lendemain de l'émission, n'avait suscité aucune réaction de la part du gouvernement.

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