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Jean-Louis Borloo: "Nous sommes l'opposition"

Jean-Louis Borloo à l'Assemblée Nationale.[Witt Sippa pour Direct Matin]

Nouveau chef de file des députés centristes, Jean-Louis Borloo veut s’affirmer comme le premier opposant à Jean-Marc Ayrault. 

Il se rêve en opposant numéro un. Dès mardi, Jean-Louis Borloo a saisi les vingt minutes accordées au président du groupe centriste à l’Assemblée pour interpeller Jean-Marc Ayrault. Un avant-goût du rôle qu’il veut jouer sur les bancs de l’Assemblée mais aussi en dehors, où il aspire à reformer la famille centriste pour concurrencer l’UMP. 
 
La gauche propose-t-elle la rigueur aux Français ? 
 
La question ne se pose pas ainsi. Il y a une urgence, réduire massivement les dépenses de l’Etat. Le gouvernement ne joue que sur la hausse des recettes, et donc la hausse des impôts des ménages. 
 
Mais le gouvernement dit soutenir le pouvoir d’achat en abrogeant la TVA sociale ? 
 
Le gouvernement accentue juste la pression fiscale sur les entreprises, réduit leur compétitivité et leur capacité d’augmenter les salaires. Notre compétitivité, ce sont nos talents. Attention à ce que la France n’apparaisse pas comme un pays qui n’aime pas l’économie. Notre pays doit être attractif aux yeux des grandes entreprises mondiales. Concernant les ménages, on ne peut pas dire que le gouvernement soutienne le pouvoir d’achat quand il supprime l’exonération des heures supplémentaires, qui rapportaient 600 euros par an aux 8 millions de salariés concernés. 
 
Comment réduire les déficits publics sans asphyxier l’économie ? 
 
J’observe ce que dit la Cour des comptes. Ces dernières années, les deux grands secteurs particulièrement créateurs d’emploi sont liés à des plans que j’ai lancés : les services à la personne et le Grenelle de l’environnement. On doit amplifier le mouvement et non arrêter le plan de redressement fondé sur la croissance verte que nous avions mis sur pied : il comprend le transport (canal Seine-Nord, plan ferroviaire avec les tramways en ville, la régénération du réseau ferroviaire dans les régions et cinq lignes internationales), les énergies renouvelables (l’éolien et le solaire), et les économies d’énergie dans les bâtiments. 
 
Comment voyez-vous votre rôle à l’Assemblée ? 
 
Comme disait Aristote, «le commencement, c’est la moitié du tout». Quand, dans les deux premiers mois, vous vous trompez d’axe, vous en payez le prix pendant cinq ans. Nous souhaitons que le gouvernement ne se trompe pas de cap. Nous sommes dans l’opposition mais nous sommes prêts à soutenir certaines réformes ponctuelles de la majorité. Il est impératif de réformer la formation professionnelle et de poursuivre le chantier de la croissance verte. Nous serons très attentifs à ce que le gouvernement le fasse. 
 
En prenant la tête de ce groupe centriste à l’Assemblée, vous voulez recréer l’UDF ? 
 
Il a toujours existé en France une famille de pensée modérée, plutôt décentralisatrice, républicaine et au clair sur ses alliances. Elle représente entre un quart et un tiers de l’électorat et a toujours été alliée à une droite de tradition plutôt centralisatrice et jacobine. Cette famille du centre droit, je veux la reconstruire. 
 
Pensez-vous comme Maurice Leroy que l’élection de Jean-François Copé à la présidence de l’UMP vous ouvrirait un «boulevard» ? 
 
Il y a une compétition dans notre famille, comme il y en a dans la famille de gauche. C’est naturel mais nous ne devons pas compter sur les divisions des autres pour faire notre bonheur. Ce qui est sûr, c’est que nous avons un espace politique devant nous, car ce sont toujours les modérés déterminés qui font avancer les sociétés. 
 
Le centre peut redevenir autre chose qu’une force d’appoint ? 
 
Ce sont les meilleures équipes qui gagnent. L’important est d’avoir créé une dynamique car, à regarder le début du quinquennat, j’ai l’impression que nous sommes la force d’opposition et de proposition, y compris à l’Assemblée. Le centre droit modéré que je représente doit être leader dans sa famille politique. 
 
Pour gagner en 2017 ? 
 
On sort d’une élection. Ce n’est pas le moment de penser à cela. Mais notre famille n’a pas vocation à se transformer uniquement en écurie présidentielle.

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