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Alain Delon fête ses 80 ans

Alain Delon le 25 mai 2013 à Paris  [ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP/Archives] Alain Delon le 25 mai 2013 à Paris. [ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP/Archives]

Star depuis près de six décennies, Alain Delon, qui deviendra octogénaire dimanche, a conservé son aura d'acteur instinctif à la beauté magnétique mais l'homme est souvent critiqué pour ses prises de position jugées excessives ou provocatrices.

"Alain est le plus grand acteur depuis la mort de Jean Gabin et celle de Lino Ventura. C'est vraiment un très grand acteur, ce qu'on à tendance à oublier un peu", a confié Mireille Darc, qui fut sa compagne pendant près de quinze ans et reste son amie fidèle.

Alors qu'il a mis un terme à sa carrière il y a plus de quinze ans, et que ses apparitions publiques se font de plus en plus rares, Alain Delon reste pour beaucoup une icône du cinéma français des décennies 1960 et 1970. "C'est une beauté infernale. Delon jeune, c'est insoutenable. Il est hypnotisant. Je peux regarder des photos de lui des heures et des heures", déclarait récemment l'acteur Vincent Lindon. Pour le critique et historien du cinéma, Jean-Michel Frodon, Delon "est une figure unique du cinéma français d'après-guerre dont la présence à l'écran est sans équivalent, en tout cas chez les hommes".

Alain Delon aux côtés de Romy Schneider dans "La Piscine" , le 6 septembre 1968 à Cannes  [Stf / AFP/Archives]
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Alain Delon aux côtés de Romy Schneider dans "La Piscine" , le 6 septembre 1968 à Cannes
 
"Il possède une énergie, une intelligence dans sa façon d'être face à une caméra qui ont été bien exploitées par de grands cinéastes, au premier rang desquels Jean-Pierre Melville", a-t-il déclaré. Melville a offert à Delon trois de ses meilleurs rôles dans "Le Samouraï" (1967), "Le Cercle rouge" (1970) et "Un flic" (1972).

Admiré en France, Alain Delon et sa "gueule d'ange" sont aussi célèbres à l'étranger depuis la sortie de "Plein Soleil", de René Clément (1960), film qui a conféré à l'acteur, alors âgé de 25 ans, une dimension internationale.

Elégance et provocations

"C'était mon quatrième film. Il a eu un succès extraordinaire. Depuis, je suis un dieu vivant au Japon", aime-t-il à répéter... "Delon-san (Mr Delon en japonais) a 80 ans? Vraiment ? Il était plutôt beau mec!", a déclaré à Etsuko Yanai, une cinéphile de 71 ans, qui assistait il y a quelques jours au Festival du film de Tokyo. "C'était le Robert Redford français".

Mais les années passant, l'étoile de Delon a pâli au pays du Soleil Levant et parmi les festivaliers interrogés rares étaient ceux qui connaissaient encore l'acteur. En Italie, où il a été dirigé par les plus grands (Luchino Visconti, Michelangelo Antonioni,...), "il fait partie de l'élite des acteurs qui exercent une sorte de fascination, au-delà de leurs films", explique Gian Luca Farinelli, directeur de la cinémathèque de Bologne.

"Aujourd'hui encore, il reste une icône et même les jeunes, qui ne le connaissent pas nécessairement, sont sensibles à sa beauté", précise l'historien. Mais les emportements, les provocations, l'égo hypertrophié de celui qui parle de lui à la troisième personne, affiche sa proximité avec les idées du Front national ou qualifie l'homosexualité de "contre-nature" ont largement contribué à altérer sa cote d'amour auprès des Français.

Dans un sondage publié en 2013, 55 % d'entre eux disaient ne pas l'aimer, voyant en lui un "mégalomane", "provocateur" et "réactionnaire". Mais cet inconsolable nostalgique des années De Gaulle et du cinéma de cette période reste un "monstre sacré" pour une large majorité de ses concitoyens.

L'acteur Alain Delon sur le plateau du Grand Journal, à Paris le 13 mai 2010 [Loic Venance / AFP/Archives]
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L'acteur Alain Delon sur le plateau du Grand Journal, à Paris le 13 mai 2010
 

"Il y a chez lui cette part d'ombre qui apparaît aussi hors cinéma dans des déclarations souvent mal venues, et mal perçues", explique Jean-Michel Frodon. "Mais ces propos reflètent une facette autodestructrice du personnage qui fait partie intégrante de son aura d'acteur", estime-t-il. Pour le journaliste Bernard Violet, auteur en 2000 d'une biographie non autorisée, l'acteur peut se révéler "un inflexible procédurier, intransigeant et cassant". La star l'avait poursuivi en justice pour le dissuader d'écrire son livre. En vain.

"Il est fasciné par le milieu des gangsters, une attirance qui remonte à sa petite enfance, quand il jouait dans la cour de la prison de Fresnes (où son père adoptif était surveillant) avec les enfants des gardiens, entre flics et voyous", a-t-il déclaré.

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