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Pour Jacques Audiard, le western incarne "la cupidité sauvage"

Le cinéaste français Jacques Audiard, lauréat de la Palme d'or pour "Dheepan", le 9 novembre 2015 à Hollywood  [VALERIE MACON / AFP] Le cinéaste français Jacques Audiard, lauréat de la Palme d'or pour "Dheepan", le 9 novembre 2015 à Hollywood [VALERIE MACON / AFP]

Après l'odyssée de trois réfugiés sri-lankais en France, Jacques Audiard, lauréat de la Palme d'or pour "Dheepan" espère tourner cet été un western qui se passe pendant la ruée vers l'or aux Etats-Unis. Une dénonciation de la "cupidité sauvage" d'alors... et d'aujourd'hui.

"Ce qui me plaît dans le western et qu'on trouve dans 'The Sisters Brothers', c'est l'apparition de la démocratie, comment on va quitter la sauvagerie, laisser les flingues à l'entrée du village", a-t-il raconté lundi. Ce genre emblématique du cinéma américain connaît "un retour en grâce", explique-t-il à Los Angeles, où il présente "Dheepan", la Palme d'Or 2015, au festival de l'American Film Institute (AFI).

De célèbres réalisateurs comme les frères Coen ("True Grit") ou Quentin Tarantino ("Django", "Les huit salopards") s'y sont récemment essayés. 

"The Sisters Brothers", adaptation d'un roman de Patrick deWitt, racontera l'histoire de deux frères et d'un parricide en 1850, pendant la ruée vers l'or. C'est un moment incroyablement fort de cupidité sauvage, on abandonne, on tue père mère et enfants pour la fortune, et là je pense qu'il peut y avoir des résonances" avec aujourd'hui, remarque-t-il.

L'intrigue se déroule dans l'Oregon, dans le nord-ouest américain, mais le réalisateur va se "poser en barbare et tourner en Europe". Ce sera sa première réalisation en anglais. Le projet a été initié par l'acteur John C. Reilly ("Gangs of New York", "Chicago", "Carnage"...), l'une des plus célèbres "gueules" d'Hollywood, qui tiendra l'un des rôles principaux. "Si j'écris bien, j'aurai un scénario fin décembre et je tournerai cet été", espère-t-il.

Le fils du cinéaste mythique Michel Audiard affirme que sa Palme d'or n'a rien changé pour lui. "Je dis souvent entre guillemets que je suis un nanti. Pour moi, la Palme ne change pas grand chose, à part que vous entrez tout d'un coup dans un club que vous aviez toujours vu de loin". L'immense prestige que procure la Palme d'or en Europe n'impressionne pas grand monde à Hollywood, d'après lui: "ici ce qui compte, c'est les Golden Globes et les Oscars".

Des héros sans visage 

"Dheepan", l'histoire de trois réfugiés sri-lankais en France qui font semblant d'être une famille pour survivre, résonne de manière troublante avec la crise des migrants en Europe. Le projet de "Dheepan" est né il y a six ans, bien avant la crise des réfugiés, mais "l'une des vertus du cinéma c'est parfois de produire quelque chose que l'Histoire va rattraper", estime celui qui depuis son premier film "Regarde les hommes tomber" (1993), s'est hissé au firmament du cinéma français.

L'auteur metteur en scène de 63 ans au style dandy reconnaît, soufflant sur une cigarette, que le cinéma joue une fonction "socio-politique". Avec Dheepan comme avec "Un prophète", son but était de "prendre des gens qui n'ont pas de visage, pas de nom et d'en faire des héros de cinémascope". Ces personnages de l'ombre, représentent pour lui "une réelle curiosité". "L'une des difficultés du cinéma, c'est de m'intéresser deux, trois, quatre ans à un sujet, il faut donc que ce soit un voyage".

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