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Juan Gabriel Vasquez sonde dans un roman les plaies de la Colombie

L'écrivain colombien Juan Gabriel Vasquez, le 28 juin 2011 à Montevideo, en Uruguay [Panta Astiazaran / AFP/Archives] L'écrivain colombien Juan Gabriel Vasquez, le 28 juin 2011 à Montevideo, en Uruguay [Panta Astiazaran / AFP/Archives]

Le Colombien Juan Gabriel Vasquez, en lice pour de prestigieux prix littéraires français, explore dans "Le bruit des choses qui tombent" (Seuil) le traumatisme de sa génération, née avec les narcotrafiquants et la terreur, pour tenter de "comprendre mon pays meurtri", dit-il à l'AFP.

Sélectionné avec ce roman paru en août par les jurés du Médicis et du Femina pour leurs prix étrangers, Juan Gabriel Vasquez, né en 1973 à Bogota, participe au Festival America qui se tient jusqu'à dimanche à Vincennes, près de Paris, et s'ouvre cette année à l'Amérique latine.

"C'est une énorme satisfaction et un honneur de figurer sur la liste de ces prix, et j'y suis en très bonne compagnie", relève l'un des plus brillants écrivains de la jeune littérature colombienne, qui vit depuis 1999 à Barcelone.

"Le bruit des choses qui tombent", métaphore d'un pays qui tombe, a reçu cette année en Espagne le convoité prix Alfaguara. Son premier roman, "Les Dénonciateurs" (Actes Sud, 2008), lui avait déjà valu une reconnaissance internationale.

Dans ce nouveau roman, l'auteur cherche, dit-il, "à explorer l'obscurité", à comprendre son "pays meurtri". "Je suis parti de Colombie pour des raisons littéraires, comme beaucoup d'écrivains latino-américains, d'abord en France et en Belgique puis en Espagne. Mais la peur et la violence m'ont aidé à prendre cette décision".

"Depuis l'étranger, j'ai tenté de transformer mon pays en fiction. Et cela m'a fait comprendre que j'avais beaucoup plus de questions que de réponses sur la Colombie. C'est ce qui m'a poussé à écrire".

"Ce roman a été écrit à Barcelone et les attentats de Madrid en 2004 l'ont beaucoup influencé. Cela m'a rappelé la violence, la peur, la méfiance vis-à-vis d'autrui, la paranoïa qui régnaient dans mon pays", reconnaît-il.

Et au moment où le gouvernement colombien et la guérilla des Farc préparent des pourparlers, le 8 octobre à Oslo, le romancier se déclare "pessimiste".

"Si le trafic de drogue, la corruption, continuent de gangrener la Colombie, rien ne sera réglé. Il ne faut pas oublier la cruauté et l'inhumanité de cette guerre sale", insiste le romancier.

"Pour moi, la légalisation de la drogue dans les pays producteurs et les pays consommateurs est la seule solution pour réduire la criminalité. Mais je sais que c'est une utopie pour l'instant".

"Ma génération est née avec les narcotrafiquants, les attentats, la violence. Dans notre enfance, la Colombie était encore un pays innocent... Et puis la terreur s'est installée".

Dans "Le bruit des choses qui tombent", un avocat de 40 ans, Antonio Yammara, fouille dans le passé d'un de ses amis, Ricardo Laverde, assassiné sous ses yeux.

Nous sommes en Colombie, en 1996, au moment où la violence fait des ravages. Traumatisé, et blessé lui aussi dans la fusillade, Yammara voit son rapport au monde se détériorer. Deux ans après l'attentat, il reçoit un coup de fil de Maya, qui dit être la fille de Laverde.

Ensemble, ils vont tenter de résoudre l'énigme de cet assassinat. Découvrir les causes de cette violence. Ce sera la seule solution pour Yammara pour reprendre sa vie en main, lui qui a aussi grandi à l'ombre mortifère du trafic de drogue et des cartels.

Juan Gabriel Vasquez ausculte ainsi les traces laissées par l'Histoire dans la mémoire et la vie d'une génération obsédée par tous ces crimes. "En découvrant la vérité, mon personnage découvre des choses sur lui-même. Pour moi aussi, confie-t-il, le roman est un exercice pour tenter de comprendre l'autre, le passé, et mes propres obsessions".

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