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Le "monde en-chanté" de Jacques Demy à la Cinémathèque

Des photos de Jacques Demy et du tournage des "Demoiselles de Rochefort", à la grande rétrospective qui lui est consacrée, le 8 avril 2013 à la Cinémathèque de Paris [Martin Bureau / AFP] Des photos de Jacques Demy et du tournage des "Demoiselles de Rochefort", à la grande rétrospective qui lui est consacrée, le 8 avril 2013 à la Cinémathèque de Paris [Martin Bureau / AFP]

Des premiers films d'animation aux robes de "Peau d'âne", des éclatantes "Demoiselles de Rochefort" au radical "Model shop", la Cinémathèque française rend hommage, à partir de mercredi, au réalisateur Jacques Demy, décédé en 1990, lors d'une grande exposition-rétrospective.

Intitulée "Le monde en-chanté de Jacques Demy", allusion à ses films chantés indissociables de la musique de Michel Legrand, cette exposition propose de redécouvrir les 18 films du cinéaste et invite le public à entrer dans "sa galaxie artistique", explique à l'AFP Matthieu Orléan, commissaire de l'exposition.

Et dès que l'on franchit la porte de cet univers, déployé sur 700 m2 en six parties chronologiques, résonnent les mouettes des villes portuaires, Nantes notamment, sa ville natale, et les mélodies des soeurs jumelles des "Demoiselles" ou celles de "Peau d'âne" interprétée par Catherine Deneuve, sa muse inspiratrice.

Le costume de Peau d'âne présenté à la rétrospective consacrée à Jacques Demy, le 8 avril 2013, à la Cinémathèque de Paris [Bertrand Guay / AFP]
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Le costume de Peau d'âne présenté à la rétrospective consacrée à Jacques Demy, le 8 avril 2013, à la Cinémathèque de Paris

L'exposition révèle nombre de peintures, photos et dessins inédits du cinéaste aux côtés de clichés inédits de sa compagne Agnès Varda et d'oeuvres réalisées par ses plus proches collaborateurs, dont celles de Michel Legrand, " son frère de cinéma".

On y découvre un monde hybride, mêlant merveilleux et réalisme, joie et mélancolie, fait de chassés-croisés amoureux et chorégraphiques, un monde chromatique, intégrant l'expression artistique de son époque et des artistes qui l'ont influencé comme Jean Cocteau. En témoigne notamment la galerie d'art Lancien qui apparaît dans "Les demoiselles de Rochefort", reconstituée pour l'exposition.

Fausse légèreté

Agnès Varda (g) pose avec ses enfants Mathieu Demy et Rosalie Varda-Demy, le 3 avril 2013, à la Cinémathèque de Paris [Miguel Medina / AFP]
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Agnès Varda (g) pose avec ses enfants Mathieu Demy et Rosalie Varda-Demy, le 3 avril 2013, à la Cinémathèque de Paris

"Ce monde n'est pas aussi acidulé qu'il y paraît, il donne un sens à l'esthétique, traite de la passion, de l'amour, de la guerre avec une fausse légèreté, qui est une forme de pudeur car c'était quelqu'un de très pudique", dit à l'AFP Rosalie Varda, fille d'Agnès Varda et fille adoptive de Jacques Demy.

La scénographie met en scène l'itinéraire artistique d'un cinéaste happé par la Nouvelle Vague, audacieux rêveur solitaire, "amoureux" des actrices mais révélé par une femme photographe et artiste, Agnès Varda, réalisatrice, qu'il rencontra en 1958 à Tours et épousa. Leurs enfants, Rosalie Varda et Mathieu Demy, qui travaillent aux côtés d'Agnès Varda à la restauration et la transmission de l'oeuvre de Demy, ont largement contribué à la réalisation de l'exposition.

Après Nantes, sa ville natale, où Jacques Demy conçut ses premiers films d'animation, le visiteur pénètre ainsi dans la mélodie noire et blanche de "Lola" avec Anouk Aimée (1960) et "La baie des anges" (1962) avec Jeanne Moreau, dont une version restaurée sera projetée exceptionnellement lors de l'inauguration.

Il arrive ensuite de plain-pied dans les décors des films chantés, "son acmé", dit M. Orléan : "Les demoiselles de Rochefort", West Side Story à la française avec Catherine Deneuve, sa soeur, Françoise Dorléac, Gene Kelly et George Chakiris, et "Les parapluies de Cherbourg", opéra populaire sur les désillusions de l'amour, pour lequel il obtint la palme d'or à Cannes en 1964.

Le parcours s'achève sur une période plus sombre, autour de films où la mort rôde ("Une chambre en ville", "Parking", "Trois places pour le 26") et sur la cinémathèque personnelle du réalisateur et ses héritiers.

Il se prolonge avec une application téléchargeable de l'exposition et dans un catalogue co-édité par la Cinémathèque française, Ciné-Tamaris et Skira-Flammarion.

("Le monde en-chanté de Jacques Demy", Cinémathèque française, 52 rue de Bercy, du 10 avril au 4 août).

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