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Archéologie : la clef de Paris cachée sous la Préfecture de Police ?

Le logo géant de la préfecture de police de Paris repose sur la façade de l'administration, le 30 mars 2012 [Jacques Demarthon / AFP/Archives] Le logo géant de la préfecture de police de Paris repose sur la façade de l'administration, le 30 mars 2012 [Jacques Demarthon / AFP/Archives]

Et si la clef des origines de la ville de Paris était cachée sous la Préfecture de Police? Depuis peu, au coeur de l'île de la Cité, des archéologues mènent des fouilles qui ont déjà mis au jour une église médiévale et continuent encore à remonter dans le temps.

Situé au numéro 2 de la rue de Lutèce, le petit chantier d'à peine 300 m2 est coincé entre deux imposants bâtiments de la préfecture et laissera la place l'an prochain au nouveau hall d'accueil du public. Il ouvrira gratuitement ses portes aux visiteurs samedi 8 et dimanche 9 (de 10h à 18h) pour la 4e édition des Journées nationales de l'Archéologie.

Comme c'est l'usage avant de tels travaux, les spécialistes de l'Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) disposent de quelques mois pour l'explorer, dénicher d'éventuels trésors historiques et surtout, explorer cette fenêtre ouverte sur le passé de la capitale.

"Avec la montagne Sainte-Geneviève, l'île de la Cité est l'un des points les plus sensibles de la Lutèce archéologique" car c'est là que les premiers occupants se sont installés, souligne le responsable des fouilles, Xavier Peixoto.

Grand spécialiste de l'archéologie urbaine parisienne, M. Peixoto et son équipe étaient présents dès les premiers coups de pelleteuses pour assurer la préservation des vestiges.

Depuis la mi-avril, l'ancien atelier de serrurerie de la préfecture a cédé la place aux fondations de l'église des Barnabites, bâtie en 1632 et détruite dans les années 1860 lors des travaux d'Haussmann, à une pierre tombale du XVIe siècle, à des sépultures et squelettes de la fin du Moyen-Age, certaines contenant des vases à encens...

Lundi matin, lors d'une visite organisée pour la presse, les archéologues avaient déjà atteint une couche datant du IIe siècle de notre ère, remontant en vrac dans leurs seaux des tessons de vases aux décorations d'angelots ou une mâchoire de porc provenant d'un "dépotoir gallo-romain".

Lutèce à Nanterre?

Au fond d'un puits, des sédiments non encore fouillés remontent au tout début de notre ère.

D'ici la fin des fouilles, en septembre, "on va essayer d'aller au plus profond possible, pour essayer de connaître le niveau de formation de l'îlot", poursuit Xavier Peixoto.

Selon lui, le banc de sable ayant donné naissance à l'île de la Cité dans le lit de la Seine était déjà en place vers -3000 avant notre ère. Un parking voisin a livré des céramiques gauloises datées de -400.

Les origines de la Lutèce antique restent un enjeu historique majeur. Car si les textes de César placent Lutèce sur une île, aucun vestige gaulois majeur n'y a jamais été trouvé. Certains archéologues ont récemment avancé que la ville des Parisii était en réalité implantée un peu plus en aval, dans la boucle de la Seine à Nanterre (Hauts-de-Seine), la cité gallo-romaine s'étant développée plus tard, sur la montagne Sainte-Geneviève.

En effet, au début de l'époque gallo-romaine, l'île de la Cité abrite surtout des activités artisanales et commerciales liées au port fluvial. Ce n'est qu'à partir de la fin du IIIe siècle, avec la crise économique et la montée de l'insécurité, que Lutèce se réduit, abandonne son centre-ville qui est partiellement démonté pour être reconstruit sur l'île, plus sûre et facile à défendre, rappelle M. Peixoto.

L'objectif principal des fouilles de la préfecture, comme toutes celles menées dans la capitale, est donc "de déterminer la chronologie précise de la création de la ville et de l'oppidum gaulois".

Le vrai trésor archéologique de Paris, "c'est une masse d'indices à récolter et à confronter, plus qu'une grosse découverte qui saute aux yeux", conclut-il.

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