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De Gaulle : « nous avions fait le serment de nous interposer entre les balles et lui en cas de tentative d’assassinat »

Le Général de Gaulle[Capture d'écran Youtube ]

Raymond Sasia fut l’un des quatre gardes du corps  du général de Gaulle lorsqu’il était président de la République. Dans son livre Le Mousquetaire du Général, il raconte son parcours au service de la France et l’homme dont il a assuré la protection.  Direct Matin l’avait rencontré à l’occasion de la sortie de son livre .

 

Archive – Article publié le vendredi 3 décembre 2010

 

Pendant des années, Raymond Sasia s’est refusé à écrire ses souvenirs. Homme de l’ombre, formé à la discrétion, il ne voulait surtout pas être assimilé à tous ceux qui ont fréquenté les grands dans l’intimité et qui s’efforcent ensuite de monnayer cette proximité par des livres plus ou moins racoleurs. Deux facteurs ont été décisifs pour le faire changer d’avis : l’aval et la confiance de l’amiral Philippe de Gaulle – qui a préfacé l’ouvrage – et sa décision de verser tous ses droits d’auteurs à un couvent de dominicains. En résulte un récit extraordinaire qui éclaire d’un jour nouveau la figure du général de Gaulle, mais surtout met en pleine lumière un extraordinaire homme de l’ombre.

 

En 1943, vous avez 15 ans. Vous entrez dans un réseau de résistance parisien. Par hasard ?

Raymond Sasia : J’étais beaucoup trop jeune pour entrer en résistance de manière mûrement réfléchie. Tout s’est noué chez un bougnat [immigrant installé à Paris tenant des cafés à la fois débuts de boisson et fournisseurs de charbon, ndlr] qui avait un petit établissement pas loin de chez moi. Un monsieur m’a donné une pièce en échange d’une course anodine. C’est ainsi que tout a commencé.

 

En août 1944, vous prenez part à la libération de Paris.

R. S. : Nous avons pris d’assaut la caserne Prince Eugène, place de la République. Elle abritait un poste de commandement essentiel pour les transmissions allemandes. Nous n’avons pas cédé face aux contre-attaques mais l’intervention des chars de Leclerc a été décisive. C’est là que j’ai été blessé par une grenade allemande. Jacques Chaban-Delmas est venu me décorer sur mon lit d’hôpital quelques jours plus tard.

 

Vidéo : l'appel à la Résistance du 18 juin 1940 du général de Gaulle

 

 

Comment rejoignez-vous les réseaux gaullistes ?

R. S. : J’étais très sportif, champion de judo et j’avais ouvert une salle d’entraînement à Paris au début des années 1950. Elle était devenue un lieu bien connu des agents des services spéciaux dont j’étais réserviste, mais aussi de personnalités du RPF – le parti du général de Gaulle – qui venaient s’y entraîner. C’est là que s’est organisée une partie des opérations qui ont permis le retour du général de Gaulle en mai 1958.

 

Trois ans plus tard, vous devenez garde du corps du général de Gaulle. Vous faites partie de ceux qu’on appelait les «gorilles».

R. S. : J’ai été affecté à la fin de l’année 1961, en plein drame algérien. Nous étions quatre, comme les Trois Mousquetaires, et nous avions fait le serment de nous interposer entre les balles et lui en cas de tentative d’assassinat. Jusqu’à son départ en avril 1969, nous l’avons suivi sous toutes les latitudes. Au jour de ses obsèques, nous étions tous les quatre autour de sa tombe.

 

Quel regard portiez-vous sur l’homme ?

R. S. : Nous le surnommions affectueusement «Pépère», mais il nous a toujours impressionnés. En près de huit années, je ne l’ai jamais vu vêtu autrement qu’en costume ou en uniforme. Admiration, protection et tendresse sont les trois mots qui définissent notre relation. Il faisait partie de moi et je faisais partie de lui. C’était un père ou un grand-père. J’étais irrésistiblement attiré. J’allais dire «admiratif». Qui, aujourd’hui, pourrait prétendre à une telle aura ?

 

Aujourd’hui, vous êtes toujours en activité. Quels enseignements tirez-vous de votre parcours ?

R. S. : Ce livre, j’ai surtout voulu l’écrire pour les jeunes, pour leur dire que même en partant de zéro – ce qui fut mon cas, étant né dans une famille très pauvre – on peut faire quelque chose de sa vie. Pour leur dire aussi que la France et le drapeau méritent que l’on se batte pour eux. C’est ce que j’ai essayé de faire toute ma vie.

 

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