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La semaine de Philippe Labro : Pompidou s’éteint, le printemps renaît

Philippe Labro, écrivain, cinéaste et journaliste. [THOMAS VOLAIRE]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour Direct Matin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

 

DIMANCHE 30 MARS 

Court retour en arrière. Soir de résultats. Rires et pleurs et confirmations. Les résultats du second tour des municipales ont entraîné ce qu’on appelle un «mouvement brownien» de la vie politique française. Il est vraisemblable que les européennes, les régionales, les sénatoriales, connaîtront le même vent d’insatisfaction qui a fait trébucher, s’effondrer la gauche.

Nous suivons, dès lors, chaque jour, parfois à la minute, les accélérations de décisions – discours de Hollande à la télévision le 31, démission de Ayrault et nomination de Valls le même jour –, changement de pouvoir à Matignon – nouveau gouvernement –, etc.

Les Français sont abreuvés et bombardés d’infos en direct. Cette emprise de la chose politique sur la vie quotidienne explique, peut-être, le besoin instinctif de «distraction». Ce n’est pas seulement le joli printemps, avec ses températures dont la douceur est presque violente, qui attire les gens des villes vers leur lieu favori : la terrasse où l’on sirote, observe, bavarde et fume. C’est un antidote, un bouclier, une protection, voire un refuge : «aux terrasses», on parle peu de politique.

C’est toujours la même chose : il existe une grande différence entre le bruit du «village médiatico-politique» et le bourdonnement d’hommes, femmes, jeunes filles et jeunes gens, que je vois et entends lorsque je longe les bistros et les cafés de ma ville – et j’imagine qu’il en est de même partout en France.

 

MERCREDI 2 AVRIL

Il était 21 heures, il y a quarante ans, précisément le 2 avril 1974, lorsqu’un court et sec bulletin de l’AFP annonçait aux Français stupéfiés – mais pas trop surpris – que le président de la République, Georges Pompidou, était décédé à son domicile, 24, quai de Béthune, au cœur du plus vieux et plus beau Paris, l’île Saint-Louis.

«Pas surpris», les Français, car ce visage anormalement boursouflé, cette démarche de plus en plus douloureuse, cette transformation due à l’absorption de corticoïdes pour combattre la maladie de Waldenström, avaient, depuis de longs mois, alarmé et alerté, non seulement les chancelleries, les organes de presse, le monde politique, mais aussi, et surtout, une opinion publique qui s’était habituée – bien avant son accession au pouvoir suprême – à respecter et aimer ce fils d’instituteurs, né à Montboudif, dans le Cantal.

Si je souligne cette date anniversaire, c’est que Pompidou, qui a fait l’objet de nombreux ouvrages, était, à sa manière, une figure de roman. Un destin qui le rapproche du général de Gaulle, dont il devint directeur de cabinet. On découvre cet inconnu, au côté du Général, en 1958, le jour de l’élection de De Gaulle, dans la voiture présidentielle qui remonte les Champs-Elysées.

Il aura été aussi son Premier ministre. Cet agrégé de lettres, féru de poésie, fin et pudique, qui connut blessures et cabales (la sale affaire Markovic – exemple typique d’une rumeur propagée par un voyou et relayée par tous les ennemis politiques de Pompidou, qui appartenaient, d’ailleurs, à son propre camp), demeure, dans la mémoire de ceux qui ont travaillé à ses côtés, un exemple et un modèle.

L’autre jour, dans Le Figaro, Edouard Balladur, qui a très bien raconté Pompidou dans La tragédie du pouvoir (éd. Fayard), paru en 2013, disait : «Il a contribué à changer profondément la France grâce au progrès économique… Il ne se payait pas de grands mots. Il était révulsé par la démagogie… Son horreur de l’emphase était fondée sur le respect de soi-même et des autres…»

Et de rappeler : «Il a contribué à éviter la crise de régime en 1968 et assurer la sauvegarde de nos institutions.» 

 

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