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Avec «La maison allemande», Annette Hess fait revivre le «second procès d'Auschwitz»

«La maison allemande» fait revivre l'année 1963 à Francfort-sur-le-Main en Allemagne où deux procès jugeant les crimes de dignitaires nazis se sont tenus «La maison allemande» fait revivre l'année 1963 à Francfort-sur-le-Main en Allemagne où deux procès jugeant les crimes de dignitaires nazis se sont tenus[Roland WITSCHEL / dpa / AFP]

Avec «La maison allemande», son premier roman, la scénariste Annette Hess décortique l'extrême difficulté de l'Allemagne à se souvenir des horreurs du Troisième Reich dans les années 1960.

Que l'on ne s'y trompe pas : malgré le sujet de son roman, Annette Hess n'a aucun lien de parenté avec Rudolf Hess, un des complices d'Adolf Hitler mort en détention en 1987.

En Allemagne, Annette Hess sait même se faire apprécier des télespectateurs par la qualité de ses scenarii tels que «Weissensee» ou encore «Berlin 56» et «Berlin 59», ces deux dernières séries diffusées sur Arte en 2018 et 2019 et remarquées par la critique. De quoi se pencher sur cette «Maison allemande», éditée cet automne par Actes Sud.

L'histoire est celle d'Eva, l'une des deux filles d'un restaurateur de Francfort-sur-le-Main. Alors que sa soeur est infimière de nuit, que ses parents passent leur temps à faire vivre le restaurant au rez-de-chaussée, Eva, elle, maîtrise le polonais et est interprète. Un brin candide, elle s'ennuie et rêve de mariage avec son petit-ami - un grand héritier plutôt traditionnaliste - qui tarde à lui demander sa main.

Parallèlement s'ouvre en ville le «second procès d'Auschwitz» : 14 anciens dignitaires nazis vont devoir répondre de leurs crimes devant leurs victimes ou famille de victimes. Le tribunal contacte alors la jeune femme pour lui proposer d'assurer la traduction instantanée des dépositions que feront les survivants du camp de la mort. Contre l'avis de ses parents et de son richissime petit-ami, Eva va accepter cette mission.

Un livre très cinématographique

Si l'Allemagne des années 1960 est rarement dépeinte en littérature, l'auteure très douée dans la description des lieux et des personnages, plonge immédiatement le lecteur dans cette atmosphère. Une fois le récit installé, Annette Hess livre un roman très efficace qui alterne entre réflexion sur la condition de la femme dans les années 1960 et devoir de mémoire face aux horreurs des camps de concentration durant le Troisième Reich. Pas de pause, le lecteur est happé par la prose rythmée d'Annette Hess et les rebondissements de son récit.

On se retrouve à vivre et ressentir ce procès aux côtés d'Eva, des magistrats et des témoins. Rien de manichéen pourtant. On découvre les anciens bourreaux nazis à hauteur d'homme, devenus souvent des «messieurs tout-le-monde» avant d'être enfin inquiétés par la justice. On vibre également face au destin d'Eva qui va se découvrir et se construire lors de ce procès.

Les lecteurs allemands ne se sont d'ailleurs pas trompés : le livre est désormais un best-seller Outre-Rhin.

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«La maison allemande» d'Annette Hess, Actes Sud, 400 p., 23€.

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