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3 romans coups de coeur de la rentrée littéraire d'hiver

Frédérique Deghelt publie le roman «Sankhara» chez Actes Sud Frédérique Deghelt publie le roman «Sankhara» chez Actes Sud[JOEL SAGET / AFP]

Comme à chaque rentrée littéraire, des perles se cachent au milieu des productions des écrivains stars. Ce début 2020 ne fait pas exception à la règle. Sélection de trois romans discrets mais à dévorer rapidement.

«Maître des eaux», de Patrick Coudreau

Tout commence par une fuite, une traque. Mathias Grewicz a décidé de revenir à Brissole pour venger sa famille. Ces juifs immigrés avaient été persécutés il y a des années par les habitants du village qui refusaient d’accueillir les étrangers. Mais, dans ce roman aux airs de fable écolo, pas question de se venger comme dans le premier roman noir venu. Mathias a un don, comme tous les hommes de sa famille, celui de communiquer avec l’eau. C’est la pluie qu’il a choisi de faire s’abattre sur Brissole. Seulement, son don, le jeune homme le maîtrise mal et l’inondation n’est pas assez puissante pour tout balayer sur son passage. Contraint de se cacher dans la campagne, il est désormais recherché par les hommes du village. Heureusement il y a Elia, une jeune fille qui a décidé de se rebeller contre les préjugés ambiants et d’aider le jeune homme.

Patrick Coudreau signe un premier roman à lire d'une traite. Il y est question de nos campagnes, de la peur de l’étranger, d’une amitié qui se tisse envers et contre tout. Et surtout, de la nature qui devient le témoin de la folie des hommes et parfois, intervient pour rétablir la justice. «Maître des eaux» se lit comme un polar ou comme un conte, original, trépidant et poétique.

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Maître des eaux, Patrick Coudreau, La Manufacture de livres, 16,90 euros.

«Sankhara», de Frédérique Deghelt

Le silence contre la fureur du monde. En couple avec Sébastien, journaliste à l'AFP, Hélène est aussi la maman de leurs jumeaux, encore petits. Un jour, sur un coup de tête, alors que le couple va mal, elle décide de laisser son foyer et partir suivre une retraitre de dix jours pour pratiquer la méditation laïque et silencieuse. Ce douzième roman de Frédérique Deghelt propose de suivre parallèlement le cheminement d'Hélène, qui s'enferme dans le silence, loin de tout, et de l'autre côté, Sébastien qui s'efforce de s'occuper des enfants au moment où le monde s'apprête à basculer dans la terreur, puisque le roman débute le 6 septembre 2001. Lui, journaliste pragmatique et ordonné, va atteindre des sommets de paranoïa sans nouvelles de sa femme, cela amplifié par les évènements mondiaux d'une ampleur inédite.

Frédérique Deghelt construit ici son récit à la manière d'un miroir afin de plonger dans le libre arbitre de chacun chahuté par les évènements extérieurs. L'auteure se penche aussi sur la notion de bien-être personnel, prôné dans nos sociétés occidentales, face à la folie collective. En filigrane, une réflexion sur le métier de journaliste (Frédérique Deghelt fut journaliste à l'AFP) directement confronté à l'actualité implacable, capable de broyer tout sur son passage, y compris les âmes.

Sankhara, de Frédérique Deghelt, Actes Sud, 21,80€.

«Petite promenade sur la colline», de Catherine Delamarre

Clémentine n'a que dix-sept ans quand elle rencontre Camille. Le coup de foudre est immédiat. Ces deux là ne se quittent plus. «Elle contemplait ses longs cils, éveillée l'espace d'un instant et elle pensait à ce premier regard échangé entre eux, un regard amusé, défiant le temps», écrit l'historienne et romancière Catherine Delamarre («Thérèse d'Avila, l'oratoire et la forteresse», éd. Salvator, 2014). Rien de plus banal au début du vingtième siècle que de se promener sur les bords de Seine à Epinay, entre les guinguettes et les rires des fêtards. Bientôt, Clémentine tombe enceinte et le couple se marie. Mais 1914 est une année maudite et la guerre est là, Camille est envoyé sur le front. Les amoureux vont voir leur destin à jamais bouleversé.

De l'histoire d'amour de ses grands-parents, Catherine Delamarre en tire un très joli récit. Découpé en courts chapitres, le lecteur se glisse tour à tour dans les pensées et les souvenirs fugaces de Camille et de Clémentine. A partir du journal de guerre de son grand-père, Camille, et du témoignage de sa grand-mère paternelle, elle offre à lire un magnifique texte sur la naissance du désir, la force et l'innocence de l'amour face aux horreurs de la guerre.

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«Petite promenade sur la colline», La p'tite Hélène éditions, 17€.

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