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Le prix Goncourt attribué à Mohamed Mbougar Sarr, le Renaudot à Amélie Nothomb

Le prix Goncourt 2021 a été décerné ce mercredi 3 novembre à Mohamed Mbougar Sarr pour son roman «La Plus secrète mémoire des hommes», paru aux éditions Philippe Rey.

«Je ressens beaucoup de joie. Tout simplement», a réagi l'heureux élu, qui l'a emporté dès le premier tour, avec six voix sur les dix du jury. «Il n'y a pas d'âge en littérature. On peut arriver très jeune, ou à 67 ans, à 30 ans, à 70 ans, et pourtant être très ancien», a ajouté celui qui est, à 31 ans, l'un des plus jeunes lauréats du Goncourt. 

un écrivain part à la recherche d'un autre

Dans son quatrième roman, l'auteur raconte l’histoire de Diégane Latyr Faye, un jeune romancier sénégalais, qui, en 2018, découvre un livre mythique. Celui-ci est paru en 1938 et est baptisé «Le labyrinthe de l’inhumain».

Qualifié en son temps de «Rimbaud nègre», son auteur a brusquement disparu juste avant la seconde guerre mondiale après des accusations de plagiats. Diégane Latyr Faye décide alors de partir à la poursuite du mystérieux T.C. Elimane, du Sénégal à la France, en passant par l’Argentine.

Au fil de cette quête, poétique, existentielle, et littéraire, il va être amené à s’interroger sur la nécessité de la création, mais aussi être confronté aux grandes tragédies que sont le colonialisme ou la Shoah.

insipiré de l’histoire de Yambo Ouologuem

Ce roman d’apprentissage, qui entremêle de multiples récits, témoignages, et personnages, est en partie inspiré de l’histoire du Malien Yambo Ouologuem, Prix Renaudot en 1968 pour «Le devoir de violence» (ed. Seuil), et à qui Mohamed Mbougar Sarr dédie son ouvrage.

«La Plus secrète mémoire des hommes» est un hommage aux textes africains, sur leur réception, mais aussi, plus globalement, une déclaration d’amour à la littérature et à son pouvoir intemporel.

Mohamed Mbougar Sarr, qui succède à Hervé Le Tellier, lauréat 2020, avec «L’Anomalie» (éd. Gallimard), dédie son prix «à tous les écrivains qui cherchent, pour qui la littérature est une chose sérieuse, et qui consacrent leur vie à cela», a-t-il affirmé.

D'autres voix sont allées à Sorj Chalandon pour «Enfant de salaud» (éd. Grasset), un livre consacré à la figure de son géniteur, décédé en 2014, qui, toute sa vie, lui a caché ses agissements sous l’occupation, ainsi qu'à Louis-Philippe Dalembert, pour «Milwaukee Blues» (éd. Sabine Wespieser), qui s’inspire de la tristement célèbre affaire George Floyd.

Christine Angot, avec «Le Voyage dans l'Est» (éd. Flammarion), qui avait remporté la semaine précédente le prix Médicis, n'en a reçu aucune. 

Le Renaudot attribué à Amélie Nothomb 

Le prix Renaudot, quant à lui, a été attribué à Amélie Nothomb pour «Premier sang» (éd. Albin Michel). Avec son nouveau et trentième roman, l'écrivaine rend hommage, de manière touchante et décalée, à la figure paternelle.

Son père qu'elle n'a pas manqué d'évoquer en recevant sa distinction : «Là vraiment j'ai envie de dire : papa, on a le prix !», s'est exclamée Amélie Nothomb, qui compte «boire du champagne» pour célébrer sa victoire. 

Après avoir eu le culot de faire parler Jésus-Christ à la première personne, dans «Soif» (éd. Albin Michel), la dame au chapeau se met dans la peau de son père, Patrick, décédé d’un cancer l’an dernier, le premier jour du confinement. Le temps d’un livre, l’écrivaine belge lui rend ainsi la vie en racontant son histoire.

Celle d’un petit garçon, abandonné par sa mère et élevé par ses grands-parents, qui deviendra diplomate, puis sera envoyé en mission au Congo, en 1964. Là-bas, à Stanleyville (aujourd'hui Kisangani), son père, cet amoureux des lettres, ce héros, sera victime d'une prise d'otages, sa première rencontre avec la mort. Mais à laquelle il a échappé.

Cet ouvrage sous forme de conte est sans nul doute l’un des plus personnels de la championne des ventes.

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