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«Mes chansons, c'est un peu mon psy» : Ryder the Eagle se confie sur son nouvel album

Ryder the Eagle sortira un nouvel album le 18 février : «Follymoon» © Fiona Torre

Ryder the Eagle, l’ancien batteur de Las Aves et désormais en solo depuis plusieurs années, sortira un nouvel album le 18 février : «Follymoon». Il y parle avec beauté et mélancolie de son divorce.

Dès le début de votre projet solo, vous avez eu une image de cow-boy solitaire. Savez-vous pourquoi ?

J’ai toujours eu ce truc un peu solitaire, ça remonte à mon enfance. Le fait d'avoir un frère jumeau a fait que j'ai toujours essayé de me mettre à part. Quand on a commencé à avoir des chambres séparées, j’ai eu celle dans la cave alors que le reste de ma famille était en haut. On m'avait donné le choix hein, j'étais ravi d'être en bas tout seul même si après ça m'a déclenché des crises d'angoisse... C'est un peu ambivalent. Dès que j'ai lancé mon projet solo c'est apparu au grand jour sans que je puisse le contrôler, que ça soit par les paroles, les clips, l'énergie... 

L’histoire de votre album à venir, «Follymoon», commence au moment de votre divorce...

Je ne sais pas si c'est le divorce qui a été le déclencheur mais en tout cas ça a coïncidé avec une nouvelle phase, qui n'était plus celle de séparation un peu adolescente-cœur brisé. C'était un long voyage qui commençait. Je me suis rendu compte qu'après la séparation à vif il restait beaucoup de choses à gérer, encore plus profondes. Cet album c'est la découverte du deuil amoureux, qui est beaucoup plus long que ce que je pensais. 

Vous parlez d’ailleurs d’un album de deuil plus que de rupture. 

Oui, c'est complètement ça. Ce n'était pas voulu à la base, mais quand j'ai vu ce que j'avais, j'ai réalisé. Il y avait quelque chose de vertigineux et sans fin, à la manière de ce qu'on peut ressentir dans un deuil. Quelque chose de très long, où tu es un peu prisonnier et où tu dois ménager ta monture, mettre un pied devant l'autre sans essayer de résoudre le problème en une nuit de réflexion. 

Avez-vous l'impression d'être davantage inspiré par les moments difficiles ?

Je pense que ça marche aussi avec des moments heureux, car mon premier EP je l'ai écrit quand j'étais amoureux. Mais la souffrance est forcément plus inspirante, puisqu’elle me donne le besoin d'écrire. Quand ça va mal il n'y a que ça qui me fait aller mieux. C’est cathartique. Donc c'est sûr que quand je souffre c'est plus facile d'écrire des chansons, après est-ce qu'elles sont meilleures ça je ne suis pas sûr.

On vous compare souvent à Alex Cameron, c'est un lien qui vous parle ? 

Oui carrément. Quand j'ai commencé Ryder j'ai eu du mal à trouver des artistes qui avaient un peu la même démarche. Puis Alex Cameron a débarqué, et ça faisait longtemps que je n’avais pas été fasciné comme ça par un artiste. Il y avait enfin quelqu'un qui creusait ce personnage de A à Z, et je me suis reconnu en lui. Déjà avant qu'il arrive je faisais mes danses bizarres sur scène, je me suis senti moins seul (rires). 

Vous parliez du Mexique, vous voyagez beaucoup depuis votre rupture, ça vous inspire musicalement ? 

Je pense, après le gros de l'album a été fait en Écosse donc j'étais dans une ambiance très Royaume-Uni. Je cherchais un Airbnb avec un piano, partout en Europe. C’était dur à trouver bizarrement. J'en ai trouvé un en Écosse, j’ai foncé.  C'était très dark, j'étais dans un tout petit village, et puis l'ambiance, le temps... Beaucoup de gens diraient que c'était déprimant mais moi ça m'a beaucoup plu, c'est ce que je recherchais. Ça a forcément influencé l'album, avec un caractère très mélancolique. Quand je me suis séparé j’étais d’abord allé vivre à Londres deux ans, puis j'ai divorcé et je suis parti vivre au Mexique. J'y ai fait le clip de «Follymoon», alors que le morceau avait été composé en Écosse, ça a révélé plusieurs facettes, il y a un côté très sombre et un côté plus lumineux. En Écosse je faisais des cauchemars toutes les nuits, puis au Mexique j'ai eu un sentiment de renouveau, de nouveau départ.

Comment vous est venu le terme de «Follymoon» ? 

Je voulais parler de ce concept de deuil amoureux, dont j'ai l'impression qu'on ne parle pas souvent, qui est différent d'une rupture. Et vu que j'ai voyagé énormément après mon divorce, j'ai eu comme l'impression de partir en lune de miel mais inversée. J'ai trouvé ce mot qui n'existait pas, il sonnait bien. «Folly» en anglais ce n'est pas trop utilisé, c'est employé dans la Bible pour parler de la folie mais de celle de la personne qui n'est plus raisonnée. Je trouvais ça joli. C'était important pour moi d'avoir quelqu'un chose en lien avec la lune, il y a quelque chose en lien avec les cycles, les phases. Plus je vieillis plus je me rends compte que la vie c'est beaucoup de phases, qu'elles soient lumineuses ou sombres. 

Dans une interview vous disiez que plus vous avanciez, plus vous alliez vers l'introspection, c'est encore vrai aujourd'hui ? 

Disons que plus j'écris, plus j'essaye d'aller au fond des choses et de ce que je ressens, de me débarrasser des manies. De m'approcher du moi réel, s'il existe. Je me sers de ma musique comme d'une catharsis, c'est un peu mon psy mes chansons. Je dénoue des choses qui sont nouées depuis l'enfance. 

À l'inverse, vous n'avez jamais eu peur que le fait d'écrire sur votre divorce ne vous «bloque» dans l'histoire ? 

Je n’y ai pas pensé du tout, quand j'écris je ne pense pas à la suite, ce qui est sûrement une erreur pour ma santé mentale. Mais je ne peux pas faire autrement, je ne me dis pas «tiens quand tu vas chanter ça pendant un an...» C'est vrai après que ça me bloque forcément un peu, je me rends compte que ça a créé cette identité du cow-boy divorcé qui ne parle que de ça, mais c'est moi qui l'ai voulu. Ça sera à moi de faire l'effort d'explorer une facette différente pour les prochains albums, de mettre à jour ce qui m'habite.

Pour le moment, en parler c'est aussi une manière de bien m'assurer que je ne suis pas dans le déni pour que ça soit plus confortable à vivre et que ça m'explose au visage après. Aujourd’hui, le divorce fait partie de mon histoire, mais plus de moi. 

Ryder the Eagle, «Follymoon», sortie prévue le 18 février.

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