En direct
A suivre

Cinéma : ces 10 Palmes d'or qui ont fait le plus d'entrées en France

La récompense est décernée chaque année depuis 1946 par le Festival de Cannes. [© PIERRE ALBOUY / AFP]

Alors que le drame «Anatomie d'une chute», Palme d'or 2023, réalise un excellent démarrage enregistrant près de 350.000 entrées depuis sa sortie le 23 août dernier, voici les 10 films primés à Cannes qui ont attiré le plus de spectateurs au cinéma en France.

Pour tout réalisateur, la récompense décernée chaque année depuis 1946 par le Festival de Cannes (elle s'appelle Palme d'or depuis 1955), est un Graal. En principe, elle est synonyme d'entrées supplémentaires en salles, à l'image du Prix Goncourt pour la littérature. Voici les longs-métrages sacrés sur la Croisette qui ont le mieux marché dans les salles françaises. A noter que la date est celle de la remise du prix, et non de la sortie au cinéma.

«le salaire de la peur» (1953) : 6,9 millions d'entrées

Film franco-italien réalisé par Henri-Georges Clouzot, «Le salaire de la peur» est un chef-d'œuvre de tension. On suit, la peur au ventre, le parcours semé d'embuches de deux camions remplis de nitroglycérine prêts à exploser, et de leurs quatre chauffeurs, en Amérique latine, avec pour objectif de faire sauter un puit de pétrole ravagé par un incendie. Yves Montand et Charles Vanel sont inoubliables dans les rôles principaux de ces damnés de la Terre qui n'ont que leur «peur à vendre». 

 «Le troisième homme» (1949) : 5,7 millions d'entrées

Ce film noir, réalisé en 1948 par Carol Reed, dans une Vienne encore en ruine, raconte l'étrange parcours d'un écrivain américain venu dans la ville autrichienne, encore partitionnée entre alliés, pour retrouver un ancien ami d'études. Une fois sur place, c'est à son enterrement qu'il va assister. Mais les choses se compliquent rapidement, sur fond de trafic de pénicilline. C'est toujours un chef-d'œuvre incontournable, que le British Film Institute a placé en tête de son classement des meilleurs films britanniques. Les raisons ? Gardons le jeu d'une incroyable justesse de tous les acteurs, le jeune Orson Welles en tête, la mise en scène pleine de trouvailles, une dernière séquence d'anthologie, et la fameuse musique d'Anton Karas à la cithare

«quand passent les cigognes» (1958) : 5,4 millions d'entrées

Ce film soviétique de Mikhaïl Kalatozov, aux multiples symboliques, épouse le point de vue de Veronika, l'héroïne qui attend le retour de son fiancé Boris du front de la Seconde Guerre mondiale. Elle se laisse séduire par l'égoïste Mark, le cousin de Boris, qui la délaisse. Elle s'implique alors davantage dans le conflit, et y découvre les horreurs de la guerre. Grande fresque historico-sentimentale, «Quand passent les cigognes» vaut surtout pour les trouvailles de mise en scène et de photographie du chef opérateur Segueï Ouroussevski : plans séquences, panoramiques, scènes de foules,...qui font encore de ce long-métrage une référence du genre.

«le monde du silence» (1956) : 4,6 millions d'entrées

Si le monde entier, et particulièrement la France, connaît le commandant Cousteau, c'est à ce film documentaire qu'il le doit. Deuxième réalisation seulement au monde à diffuser des images de plongée sous-marine en couleur, «Le monde du silence» est aussi le premier long-métrage de Louis Malle, alors assistant de Cousteau, et tout frais sorti de son école de cinéma. Avec le recul, ce film permet surtout de constater l'évolution de la conscience écologique. Cachalot lacéré par les palmes du navire puis achevé au fusil, requins massacrés, explosion de récifs à la dynamite... l'équipe de la Calypso passerait de nos jours, au mieux pour des inconscients, au pire pour des barbares.

«Apocalypse Now» (1979) : 4,5 millions de spectateurs

Considéré, à juste titre, comme l'un des plus grands films de l'histoire, «Apocalypse Now» est l'un des rares longs-métrages façon blockbuster à avoir été primé et rencontré le succès dans le monde entier. Le tournage, autant que le film, est une aventure voire un enfer. Il a d'ailleurs failli signer la fin de la carrière de Francis Ford Coppola, qui hypothéqua tous ses biens pour financer un budget passé de 10 à 30 millions de dollars. Acteurs malades, typhon sur le tournage, problèmes logistiques, casting à cran, on peut avancer que c'est bien la Palme d'or qui sauva le réalisateur américain. Marlon Brando, Martin Sheen, Robert Duvall ou encore Denis Hopper et Harrison Ford incarnent les personnages dans cette immersion au cœur de la jungle vietnamienne, en pleine guerre froide, sur fond de Doors et de Wagner. 

«un homme et une femme» (1966) : 4,3 Millions d'entrées

Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant resteront à jamais, grâce à ce film de Claude Lelouch, comme l'un des couples mythiques du cinéma. Leurs personnages, deux veufs toujours en deuil, vont se croiser, se séduire, se quitter pour mieux se retrouver dans une folle passion. Avec cette romance, Claude Lelouch a remporté aussi l'Oscar du meilleur film étranger, et a réussi comme personne à transposer avec grâce et tendresse au cinéma un marivaudage, pour en faire sa marque de fabrique. Qui n'a jamais entonné le fameux «Dabadabada dabadabada», du thème original, signé Francis Lai et chanté par Nicole Croisille ? Le morceau est presque devenu l'hymne du cinéma français à lui tout seul.

«ORFEU NEGRO» (1959) : 3,7 millions d'ENTRÉES

L'histoire de ce film, réalisé par Marcel Camus, est un enchantement, tout comme l'œuvre elle-même, sa réception critique et publique, sa musique et ses récompenses. Tiré d'une pièce de théâtre de l'immense artiste brésilien Vinicius de Moraes, il transpose le mythe d'Orphée et Eurydice dans les favelas de Rio, pendant le carnaval, et dépeint donc l'amour impossible entre les deux brésiliens issus de la communauté noire. La bande originale, faite de classiques de la bossa nova et du jazz, le casting de non professionnels, l'exotisme et la sensualité de l'ensemble lui ont offert un immense succès, dans le monde entier, et a participé à la passion des Brésiliens pour la culture française de l'époque, avec pour point culminant l'adoration portée à une certaine Brigitte Bardot, quelques années plus tard. 

«LE GUÉPARD» (1963) : 3,6 millions d'ENTRÉES

Attention, casting en or massif. Ce film nostalgique de Luciano Visconti, lequel a rencontré de nombreuses difficultés financières pour boucler le budget, est un superbe exemple de l'adéquation entre les acteurs et leur rôle, avec le succès que l'on connaît. Burt Lancaster, en aristocrate mélancolique au soir de sa vie, Claudia Cardinale, à la beauté époustouflante, ou encore le jeune Alain Delon, lui aussi sublime, donnent corps à cette fresque historique située en Sicile, alors que le général Garibaldi vient de débarquer sur l'île et compte mettre la vieille aristocratie italienne à la botte d'une république naissante. La fameuse scène du bal, éclairée à la bougie, reste un sommet du 7e art.

«M.A.S.H.» (1970) : 3,6 millions d'ENTRÉES

Film réalisé par Robert Altman en 1970, «M.A.S.H.» est un condensé de l'esprit libertaire qui règne à l'époque, y compris sur le cinéma mondial. Toujours considéré comme l'un des plus grands films de l'histoire aux Etats-Unis, cette comédie satirique confronte l'univers militaire - ici un hôpital de campagne de l'armée américaine en Corée pendant la guerre de 1951- à deux nouveaux médecins appelés en renfort, et bien décidés à dérider par tous les moyens les équipes présentes. Pour Robert Altman, le but était clairement de provoquer le spectateur en le faisant réflechir à l'absurdité des actions de l'homme et ses effets néfastes sur le monde. La critique s'en délecta, et le film a connu une seconde vie à grand succès sur le petit écran, décliné en une série éponyme diffusée de 1972 à 1983.

«la loi du seigneur» (1957) : 3 millions d'entrées

Autre temps, autres mœurs. Loin des films polémiques, élitistes ou confidentiels qui ont reçu les faveurs du jury pour l'attribution de la Palme d'or, «La loi du seigneur», réalisé en 1956 par William Wyler, avait surtout marqué les esprits à cause de la polémique née de la proposition de nomination aux Oscars du scénariste Michael Wilson, connu pour ses affinitées communistes. En pleine période de maccarthysme, la chasse aux sorcières des intellectuels séduits par le socialisme battait son plein, et la nomination passa à la trappe. Il a fallu attendre 2002 pour que la nomination soit rétablie. 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités