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Khashoggi: Trump nie couvrir les alliés saoudiens de Washington

Donald Trump le 8 octobre à la Maison Blanche [Jim WATSON / AFP/Archives] Donald Trump le 8 octobre à la Maison Blanche [Jim WATSON / AFP/Archives]

Le président Donald Trump a nié mercredi chercher à couvrir les alliés saoudiens des Etats-Unis dans l'affaire Jamal Khashoggi, ce journaliste qui aurait été assassiné à Istanbul par des tueurs envoyés par Ryad.

"Je ne couvre pas du tout" les Saoudiens, a assuré M. Trump à des journalistes à la Maison Blanche. "Je veux juste savoir ce qui se passe", a-t-il ajouté, disant s'attendre à ce que la vérité éclate "d'ici à la fin de la semaine", alors que sont publiés dans la presse des détails effroyables sur le possible assassinat.

Un prochain indice de la position américaine devrait venir de la décision du secrétaire au Trésor Steven Mnuchin, qui a promis de décider jeudi, "sur la base du rapport du secrétaire d'Etat Mike Pompeo" de retour d'Arabie saoudite, s'il se rend ou non à une conférence économique organisée à Ryad et boycottée par un nombre croissant de personnalités.

Signe de la complexité du dossier pour les Américains, Donald Trump , dont le mandat a été jusqu'ici marqué par un resserrement des relations avec la monarchie saoudienne, a souligné les énormes intérêts stratégiques qui lient les Etats-Unis à l'Arabie saoudite.

Il a déclaré que Washington avait besoin du royaume sunnite dans la lutte contre le terrorisme et contre l'Iran chiite. Et insisté une nouvelle fois sur la coopération militaire et sa dimension économique, soucieux, dit-il, de ne pas perdre "un énorme contrat" d'armement qu'il chiffre à 110 milliards de dollars - même si l'essentiel des ventes ne s'est pas encore concrétisé.

- "Relations importantes" -

"Les Saoudiens sont d'excellents partenaires" sur beaucoup de sujets, "et il faut bien garder à l'esprit qu'on a beaucoup des relations importantes, des relations financières entre des sociétés américaines et saoudiennes, des relations gouvernementales", a renchéri Mike Pompeo.

A cet égard, des sénateurs démocrates ont réclamé que le président Trump rende publics ses éventuels liens financiers avec le géant pétrolier, s'inquiétant d'éventuels "conflits d'intérêts".

Sous une pression croissante, les autorités saoudiennes nient avoir connaissance du sort de Jamal Khashoggi, qui s'est installé aux Etats-Unis en 2017 après être tombé en disgrâce à la cour. De nouvelles informations de presse accréditent la thèse d'un assassinat du journaliste au consulat saoudien d'Istanbul, où sa trace s'est officiellement perdue le 2 octobre.

Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo (g) et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à Ryad, le 16 octobre 2018  [LEAH MILLIS / POOL/AFP]
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Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo (g) et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à Ryad, le 16 octobre 2018

Des informations du New York Times, photos à l'appui, renforcent les soupçons à l'encontre de Ryad. Selon le quotidien, l'un des hommes identifiés par les autorités turques comme faisant partie du commando de 15 agents dépêchés par Ryad et suspectés de l'avoir tué fait partie de l'entourage du prince hériter saoudien Mohammed ben Salmane, dit "MBS". Trois autres appartenaient aux services de sécurité rattachés au jeune dirigeant, selon le quotidien.

- "Nettoyage diplomatique" -

Washington continue malgré tout de ménager Ryad, qui nie toute implication. Mike Pompeo s'est entretenu mardi dans la capitale saoudienne avec le roi Salmane et avec le prince héritier, considéré comme l'homme fort du royaume.

Le Washington Post, pour lequel écrivait parfois Jamal Khashoggi, résident américain permanent, a accusé Donald Trump et son gouvernement de mener une "opération de nettoyage diplomatique" pour préserver MBS, en épinglant "le large sourire" de Mike Pompeo lorsqu'il a rencontré le prince.

"Pourquoi l'administration Trump fait-elle le ménage pour le compte de l'Arabie saoudite?", s'est demandé le quotidien.

Le Washington Post a publié mercredi ce qu'il présente comme la dernière contribution de Jamal Khashoggi, un texte dans lequel le journaliste évoque sur le manque de liberté de la presse dans le monde arabe. "Hélas, cette situation ne changera probablement pas", déplore le journaliste dans cet éditorial transmis au quotidien par son traducteur au lendemain de sa disparition.

Mercredi, le chef de la diplomatie américaine a notamment rencontré à Ankara le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui s'est également gardé à ce stade d'incriminer ouvertement les Saoudiens.

Pressé de questions sur sa mission, Mike Pompeo a assuré vouloir laisser "quelques jours" aux deux pays pour boucler leurs enquêtes.

Le journaliste saoudien Jamal Khashoggi disparu [Thomas SAINT-CRICQ / AFP]
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Le journaliste saoudien Jamal Khashoggi disparu

Les autorités turques ont fouillé mercredi la résidence du consul saoudien à Istanbul et une partie des enquêteurs s'est rendue dans la soirée au consulat tout proche, la deuxième fouille cette semaine. Elle s'est poursuivie dans la nuit, selon un photographe de l’AFP.

A la résidence, les enquêteurs ont notamment examiné le jardin, et certains pouvaient être vus sur le toit du bâtiment. Un drone a également été utilisé pour survoler la zone à deux reprises, selon une journaliste de l’AFP sur place.

- Informations accablantes -

La presse turque a publié de nouvelles informations accablantes pour les Saoudiens, selon lesquelles Jamal Khashoggi aurait été torturé et assassiné dans le consulat dès le jour de sa disparition.

Le journal progouvernemental turc Yeni Safak, affirmant s'appuyer sur des enregistrements sonores réalisés sur place, écrit mercredi que le journaliste y a été torturé avant d'être "décapité" par des agents saoudiens.

Le site Middle East Eye, se basant sur les mêmes bandes sonores, a affirmé que l'assassinat avait duré sept minutes et que les agents saoudiens avaient commencé à découper le journaliste en morceaux alors qu'il était encore en vie.

Les Etats-Unis ont demandé à avoir accès à cet enregistrement "s'il existe", a déclaré Donald Trump.

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