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«Je ne suis pas votre nègre», documentaire coup de poing à ne pas manquer sur Arte

Le documentaire «Je ne suis pas votre nègre» utilise la prose fiévreuse et combative de l’auteur James Baldwin pour offrir un réquisitoire sans concession sur la question raciale.  

D’un projet littéraire inachevé, le réalisateur Raoul Peck en a fait un documentaire d’une force inouïe. En juin 1979, l’écrivain James Baldwin envoie un courrier à son agent littéraire pour lui exposer les grandes lignes du livre sur lequel il travaille. Il souhaite «entreprendre un voyage» à travers le récit des vies, et des assassinats, de trois de ses amis :  Martin Luther King Jr., Medgar Evers, membre de la National Association of Colored People (NAACP) et Malcolm X. Malheureusement, l’auteur décède en 1987 sans avoir eu le temps de conclure son œuvre. 

Il laissera derrière lui un manuscrit d’une trentaine de pages intitulé «Notes for Remember this House». C’est à partir de ces écrits que le cinéaste Raoul Peck a travaillé à la réalisation de «Je ne suis pas votre nègre», un époustouflant réquisitoire sur la question raciale superposant la lecture des textes de James Baldwin (avec la voix-off de JoeyStarr dans la version française) avec des images d’archives des années 1960 et des évènements récents qui ont secoué les Etats-Unis, notamment à Ferguson, ainsi que des extraits d'anciens films consciencieusement sélectionnés.  

«Ce projet m'accompagne depuis ma jeunesse. J'ai découvert James Baldwin dans mon adolescence, alors qu'il existait peu d'auteurs noirs en mesure de restituer la réalité que je vivais. À l'instar d'écrivains comme Aimé Césaire ou Frantz Fanon, il m'a "éduqué". Il a quitté les États-Unis vers 24 ans, car il savait que s'il demeurait à Harlem, dans une Amérique raciste, cela finirait mal pour lui. Il s'est établi à Paris, où il a pu se consacrer à l'écriture. Il est ensuite revenu aux États-Unis, et s'est engagé dans le combat pour les droits civiques. Auteur à succès de nombreux romans ou essais, il est devenu un des porte-parole de la cause noire» explique le réalisateur sur le site de la chaîne.

Multi-récompensé (Prix du meilleur film documentaire, Philadelphia 2016 – Prix de la meilleure écriture documentaire, IDA Creative Recognition Awards – Prix du meilleur documentaire, Los Angeles Film Critics Awards 2016 – Prix du public, Toronto 2016, Chicago 2016 et Hamptons Film Festival 2016 – Prix du public du meilleur documentaire dans la section "Panorama" et Mention spéciale du Prix du jury œcuménique, Berlinale 2017 – Prix Gilda Vieira de Mello, FIFDH 2017), nominé aux Oscars en février dernier, «Je ne suis pas votre nègre» livre un témoignage effrayant, et pourtant bien réel, de la violence raciale qui sévit aux Etats-Unis, et plus généralement en Occident, avec son lot de cruautés et d’hypocrisie.

«Ce film parle du présent et porte un regard engagé sur ce qui s'y passe. L'excellent accueil critique et le succès public du film aux États-Unis démontre son utilité. Je pense qu'il arrive à point nommé, quand on voit la recrudescence des violences à l'encontre des Noirs et d'autres minorités (incluant également aujourd'hui les musulmans). Les mots de Baldwin, malheureusement, parlent de ce que nous vivons aujourd'hui, non seulement outre-Atlantique mais aussi en Europe, comme en témoigne le regard dirigé vers les étrangers sur ce continent, pourtant nourri d'immigration» souligne Raoul Peck.

«Je ne suis pas votre nègre», le 25 avril à 20h50 sur Arte, puis sur Arte+7.

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