Dans le tourbillon de la rentrée littéraire, il faut parfois savoir tendre l’oreille pour entendre parler de bande dessinée. Pourtant, les éditeurs profitent aussi de cette période pour délivrer leurs nouveautés truffées de bulles.
Amateurs de ligne claire, de dessin rond ou crayonné, curieux de romans graphiques, de comic-strip, d’aventure ou de fantaisie… Cette année encore, il y en a pour tous les goûts. Des très attendus, comme les nouveaux albums du jeune prodige français Bastien Vivès, ou du non moins brillant Cyril Pedrosa. Des découvertes, à l’instar de l’expressionnisme féroce de la remarquable Chicagoan Emil Ferris. Mais aussi des auteurs confirmés, comme le scénariste belge Jean Van Hamme ou le touche-à-tout Rabaté.
Le chemisier de Bastien Vivès
Il arrive de traverser la vie comme on traverse la route, après avoir sagement attendu au passage pour piétons que le feu passe au vert : sans prendre de risque et sans attirer l’attention. Et puis, parfois, un élément extérieur vient perturber l’ordre des choses et nous révèle. C’est le cas de Séverine, étudiante en lettres, invisible dans son amphi comme pour son petit ami. Lorsqu’à la suite d’un accident de baby-sitting, elle enfile un chemisier en soie prêtée par la maîtresse de maison, elle est touchée par la grâce et découvre son pouvoir de séduction. Alors, elle va s’affirmer. Notamment par la sexualité. Le sexe et les poitrines : deux sujets qui obsèdent Bastien Vivès, comme le prouve sa maîtrise des formes et du mouvement du corps de son personnage-alter ego.
Le chemisier, Bastien Vivès, Casterman, 20 euros. Déconseillé aux moins de 14 ans.
L’âge d’or de Cyril Pedrosa et Roxanne Moreil
Les lecteurs qui privilégient autant le dessin que l’histoire peuvent se jeter sur cet album les yeux fermés. Ils les rouvriront pour s’émerveiller devant la finesse et la puissance évocatrice du trait de Cyril Pedrosa. En duo avec sa compagne Roxanne Moreil au scénario, il nous embarque dans un conte médiéval. On y suit la jeune princesse Tilda, exilée après la mort du roi, son père. Un complot a placé son jeune frère sur le trône. Elle va chercher à reprendre la couronne.
L’âge d’or, Cyril Pedrosa et Roxanne Moreil, Dupuis, 32 euros.
Kivu de Van Hamme et Simon
Le pape de la BD franco-belge, Jean Van Hamme, veut éveiller les consciences. Avec Kivu, le scénariste de renom (XIII, Thorgal…) décrit l’enfer de cette région du Congo, riche en ressources minières, où les seigneurs de guerre règnent par la terreur. Massacres, mutilations, viols systématiques… C’est dans cet enfer que débarque François, un ingénieur travaillant pour une multinationale. Après avoir rencontré une fillette menacée, il va devoir faire un choix.
Kivu, Van Hamme et Simon, Le Lombard, 14,99 euros
MOI, CE QUE J’AIME, C’EST LES MONSTRES D'EMIL FERRIS
Certains ouvrages forcent le respect. Il suffit de les ouvrir pour être frappé par le talent de l’artiste. C’est le cas de cet album crayonné qu’Emil Ferris a mis huit ans à réaliser. Une œuvre à la croisée de Robert Crumb et de l’univers de Maurice Sendak (Little Nemo), qui a d’abord été refusé par 48 maisons d’édition.
Moi, ce que j’aime, c’est les monstres, Emil Ferris, Monsieur Toussaint Louverture, 34,90 euros
Didier, la 5e roue du tracteur de Ravard et Rabaté
Pour Didier, 45 ans, la force n’est pas que dans l’âge, car il aime abuser des verres de blanc. Dans sa ferme, entouré de sa sœur Soizic et de ses vaches, c’est la déprime. Il n’a jamais trouvé l’amour avec un grand A. Alors, pour y remédier, l’agriculteur décide de s’inscrire sur un site de rencontres. Pour leur première collaboration, Rabaté et Ravard proposent une comédie romantique drôle et décalée.
Didier, la 5e roue du tracteur, Ravard et Rabaté, Futropolis, 17 euros