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BD : Milou, Idéfix, Snoopy... à quelle race de chien appartiennent-ils ?

Le fameux petit chien gaulois inventé par Goscinny et Uderzo ne correspond à aucune race canine précise. [Astérix - Obélix- Idéfix - 2020 Les Editions Albert René - Goscinny - Uderzo/Pathé Films]

Cocker, beagle ou fox-terrier ? Si certains célèbres personnages à quatre pattes de bande-dessinée peuvent être facilement identifiés, pour d'autres, cela s'avère plus nettement plus compliqué.

MILOU : fox-terrier bâtard

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© HERGÉ - MOULINSART 2012 / © AHLN - CC BY 2.0

Bien plus qu'un animal, le fidèle compagnon de Tintin, imaginé par Hergé est apparu la première fois aux côtés du célèbre reporter à la houppette, le 10 janvier 1929, dans les pages du supplément hebdomadaire belge destiné à la jeunesse, Le Petit Vingtième. La silhouette et les traits de Milou correspondent parfaitement à celui d'un fox-terrier à poil dur, même si la blancheur de sa robe ne répond absolument pas aux critères de cette race canine. Interrogé en 1978, dans l'émission télévisée «30 millions d'amis», le dessinateur belge avait levé le voile sur le pedigree de son personnage en indiquant que «Milou est d'une race qui est approximativement le fox à poil dur. Un peu bâtard, tout de même. Et si je l'ai choisi, c'est qu'à l'époque, ces chiens étaient à la mode. (...). J'ai choisi d'en faire vaguement un fox terrier à poil dur».

Véritable partenaire de Tintin, ce modeste chien croisé sans pedigree, est devenu très rapidement l'un des plus fameux canidés de la bande dessinée moderne. Partageant l'ensemble des 23 aventures du héros à la houppe, il fait preuve d'intelligence, de ténacité, de courage et d'un caractère bien trempé, qualités reconnues au fox-terrier, chien de chasse à l'origine. La série Tintin est une des références majeures et incontournables de la BD, au succès jamais démenti, avec 250 millions d'albums vendus dans le monde dont 140 millions d'exemplaires pour la version française. L'œuvre d'Hergé est traduite dans 120 langues et dialectes.

idéfix : indéterminé

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© ASTÉRIX® - OBÉLIX® - IDÉFIX® - 2020 LES EDITIONS ALBERT RENÉ - GOSCINNY - UDERZO / © PATHÉ FILMS

Ce petit chien entièrement blanc, à l'exception de la pointe des oreilles et de la queue, est apparu pour la première fois en 1963, dans Pilote, au cours de l'aventure « Le Tour de Gaule », cinquième album de la fameuse série Astérix. Il fait son entrée dans la case 6 de la planche 9, lorsqu'il croise la route d'Astérix et d'Obélix attendant sagement devant une charcuterie de Lutèce avant de suivre discrètement les héros gaulois tout au long de leur périple jusqu'à la fin de l'album où aboyant, il se fait enfin remarquer par Obélix qui le gratifie d'une caresse. Ce sont d'ailleurs les lecteurs de l'hebdomadaire jeunesse, à travers un concours, qui ont choisi « Idéfix » pour baptiser ce personnage canin alors sans nom, imaginé par Goscinny et dessiné par Uderzo.

«Ce petit chien blanc est d'une race totalement inventée pour l'occasion par le dessinateur. Il a pour particularité physique le bout des oreilles et de la queue de couleur noire, et pourrait se rapprocher du schnauzer blanc, du bichon maltais ou du west highland white terrier», indique Nicolas Rouvière, universitaire et critique de bande dessinée, dans son chapitre intitulé «Idéfix, une figure paradoxale» issu de l'ouvrage collectif «Milou, Idéfix et Cie - Le chien en BD» (éd. Karthala en 2012). Néanmoins, le rôle d'Idéfix dans les films d'Astérix en prise de vue réelle est tenu par des chiens de race west highland white terrier, des westies dont les oreilles et la queue sont maquillés de noir.

La physionomie du personnage d'Idéfix a évolué avec le temps. Potelé et disposant de petites pattes très courtes à l'origine, il s'est transformé en un animal plus svelte et aux pattes plus longues pour permettre aux dessinateurs de dessins animés de pouvoir l'animer plus facilement.

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© ASTÉRIX® - OBÉLIX® - IDÉFIX® - 2019 LES EDITIONS ALBERT RENÉ - GOSCINNY - UDERZO

Doté d'une vive intelligence, le compagnon d'Obélix est devenu un personnage à part entière qui prend part - à de très rares exceptions - à l'ensemble des aventures d'Astérix le Gaulois. Fort de sa notoriété, Idéfix a eu le privilège, dès 1973, de voir une bande-dessinée lui être entièrement dédiée. La dernière en date, «Idéfix et les Irréductibles», est sortie en juin 2021. Celle-ci raconte l'histoire de ce petit canidé vivant à Lutèce deux ans avant sa rencontre avec Astérix et Obélix. Reprise en série animée 3D, elle est diffusée depuis septembre sur France Télévisions.

Forte de 39 albums, la série Astérix est la championne toutes catégories dans l'univers de la bande dessinée, avec 370 millions d'exemplaires vendus dans le monde, depuis sa création en 1961. Elle bénéficie de plus de 110 traductions en langues et dialectes.

Snoopy : beagle

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© PEANUTS WORLDWIDE LLC / © LUKE MACGILLIVRAY - UNSPLASH

C'est le beagle le plus illustre de la bande dessinée. «Snoopy» est né sous les crayons de Charles M. Schulz en 1950, dans le comic strip «Peanuts», signifiant cacahuètes ou broutilles en anglais. Ce nom a été choisi par le diffuseur contre l'avis de l'auteur, qui le détestait. Publiée tous les jours dans les journaux américains dans un format à quatre cases, cette bande dessinée est une série de gags centrée avant tout, sur deux des personnages principaux, à savoir Charlie Brown un petit garçon maladroit, malchanceux et fan de baseball, et Snoopy, son chien.

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© PEANUTS WORLDWIDE LLC

A la fin des années 1960, Charles M. Schulz a décidé de faire adopter à son beagle à la robe blanche tâchée de noir, des caractéristiques anthropomorphiques : Snoopy se met à marcher sur ses deux pattes, à s'asseoir comme un être humain... Amoureux des livres, il se met à penser et à philosopher, devenant même écrivain. Doté d'une imagination débordante et d'une personnalité extravagante, Snoopy est un héros qui vit des aventures extraordinaires au quotidien même si celles-ci ne peuvent pas remplacer une bonne sieste effectuée sur le toit de sa niche ou un souper bien mérité préparé par les bons soins de Charlie Brown.

«Peanuts» a connu, dès le début, un succès fulgurant auprès du grand public. Publié à l'origine dans sept quotidiens en octobre 1950, le comic strip a fait son apparition deux ans plus tard, dans une quarantaine de journaux américains. Et en 1958, cette fameuse bande dessinée a été imprimée dans plus de 350 journaux aux Etats-Unis et dans 40 publications à l'étranger. En 1955, Schulz a reçu de la National Cartoonists Society, le prestigieux prix Reuben. Et, en 1962, «Peanuts» s'est vu décerner le prix du meilleur strip humoristique de l'année par la National Cartoonists Society. Enfin, fait exceptionnel, un deuxième prix Reuben est remis au créateur de Snoopy en 1964.

A la mort de Charles M. Schulz en février 2000, elle était publiée dans plus de 2.600 journaux à travers 75 pays et traduit dans 21 langues. «Peanuts» est considéré comme l'une des plus grandes bandes dessinées du XXe siècle et le plus célèbre comic strip.

bill : cocker

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© BOULE ET BILL PAR ROBA - DARGAUD / © JA SAN MIGUEL - UNSPLASH

Créé par le dessinateur belge Jean Roba, disparu en 2006, le héros canin Bill, de la série «Boule et Bill» est apparu pour la première fois en 1959, dans un mini-récit intitulé «Boule contre les mini-requins», publié dans Spirou. C'est à partir de septembre 1960 que la série débute sous sa forme la plus connue dans l'hebdomadaire de bande dessinée belge francophone, à savoir un gag hebdomadaire développé sur une seule page. Cette bande-dessinée jeunesse met en scène les aventures familiales d'un petit garçon âgé de 7 ans, prénommé Boule, et de son chien.

Pour imaginer ces héros, Roba s'est inspiré de son propre fils et de son premier chien, Bill, un cocker anglais de couleur fauve. Ainsi, le compagnon de Boule est facilement identifiable. Anatomiquement, Bill remplit tous les critères de ce chien de chasse de race anglaise, devenu un animal de compagnie très à la mode dans les années 1960-1970, notamment en France. Mais certains traits physiques de Bill ont été en partie caricaturés, comme par exemple, son nez qui ressemble à une énorme truffe noire ou bien encore ses oreilles dessinées de manière démesurément longues et mobiles. D'ailleurs, celles-ci lui ont permis de faire preuve de compétences hors du commun et spectaculaires pour un chien, telles que voler comme un hélicoptère, renvoyer des balles de ping-pong ou servir de luge pour descendre la tête en bas une pente enneigée. Il agit et se comporte en grande partie comme un «vrai» chien, il se déplace à quatre pattes, aboie, grogne ou mord. Il ne dialogue pas avec les humains, contrairement à Milou mais il fait néanmoins part de ses pensées aux lecteurs. De plus, il utilise le langage des êtres humains pour communiquer avec les autres chiens ainsi qu'avec la tortue Caroline, son amie. Enfin, bien qu'étant un chien de chasse, ce cocker au grand cœur est un adepte de la non-violence et un amoureux de la nature qui n'hésite pas à venir au secours de petits oiseaux en détresse ou à prendre le parti de bêtes sauvages menacées par des chasseurs. 

La série «Boule et Bill» est devenue très rapidement l'une des bandes dessinées jeunesse les plus populaires dans le monde francophone avec plus de 25 millions d'albums vendus en près de 40 ans d'existence, traduite dans une quinzaine de langues. Malgré la disparition de Roba en 2006, la bande dessinée a continué. Depuis le Tome 29, elle a été confiée à de nouveaux scénaristes et dessinateurs, qui respectent tous les codes graphiques de la série. Le Tome 42 vient d'ailleurs de sortir. 

Elle a aussi fait l'objet de plusieurs séries télévisées d'animation. En 1975, 26 épisodes sont réalisés par Ray Goossens. Puis en 2005, 104 épisodes ont été réalisés par Francis Nielsen. Et enfin en 2016, une nouvelle série en 3D a été créée par Philippe Vidal. Enfin, Boule et Bill a été aussi adapté au cinéma en 2013, avec la sortie du film au titre éponyme, suivi en 2017, du deuxième volet des aventures du petit écolier rouquin et de son chien, « Boule et Bill 2 ». 

Rantanplan : berger allemand

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© MORRIS © LUCKY COMICS - DARGAUD / ©  DUSTIN BOWDIGE - UNSPLASH

Rantanplan a fait sa première apparition en 1960 dans «Sur la piste des Dalton», trentième album de la série Lucky Luke créée en 1946 par Maurice de Bevere alias Morris, dessinateur et scénariste belge décédé en 2001. Orthographié d'abord « Ran-Tan-Plan », son nom est une référence directe à Rin-Tin-Tin, la star de la série télévisée éponyme, née aux Etats-Unis en 1954. Mais Morris et Goscinny ont décidé d'en faire une version en négatif du brillant berger allemand, mascotte du 101e régiment de cavalerie basé à Fort-Apache, et ont imaginé alors ce personnage canin comme une caricature de Rintintin, faisant de Rantanplan, le chien le plus stupide de l'ouest. 

Rantanplan est donc un berger allemand, même si la forme de sa tête et sa truffe un peu surdimensionnée ne correspondent pas vraiment aux canons de la race. Les premiers dessins de Rantanplan nous le montrent avec des oreilles dressées et pointues, affichant une taille moyenne, des mâchoires allongées, un corps sec et musclé, une queue courbée. Dès 1965, sa physionomie a évolué, sa tête s'est arrondie, les oreilles se sont  raccourcies et sa truffe est devenue disproportionnée, lui donnant un physique clownesque et improbable. Cette apparence ne permet plus de l'identifier de manière sûre à une race de chien, on pourrait même le confondre avec un coyote. Ahuri, glouton, gaffeur et froussard, cet anti-Rintintin appartient à un gardien de prison appelé Pavlov et fait  le malheur du pénitencier qui l'emploie comme chien de «garde». Rantanplan se comporte néanmoins comme un véritable chien, il marche à quatre pattes, aboie, mange dans une gamelle et creuse des trous avec ses pattes avant. Seule son incapacité à nager et sa répulsion vis-à-vis de l'eau en font un chien un peu à part.

Fort du succès rencontré auprès du public, ce chien de papier a obtenu, en 1987, ses propres albums grâce à la naissance de la série Rantanplan avec la publication de «La Mascotte». En quatrième de couverture, figure le slogan attaché à ce canidé : «Le chien plus bête que son ombre», qui fait écho à celui bien connu de Lucky Luke, «L'homme qui tire plus vite que son ombre». Actuellement, plus d'une vingtaine d'albums consacrés à Rantanplan sont disponibles aux éditions Lucky Comics. A noter qu'en 2006, il a fait l'objet d'une série télévisée d'animation comptant 76 épisodes, dans laquelle le comédien François Morel lui a prêté sa voix. 

Quant à la série Lucky Luke, celui-ci totalise près de 90 albums publiés chez Lucky Comics et traduits dans une trentaine de langues. Depuis leur création, les aventures du cow-boy solitaire se sont écoulées à plus de 300 millions d'albums dans le monde.

GRIMMY : bull-terrier

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© MIKE PETERS - 1995-2021 GRIMMY INC / © KATIE BERNOTSKY - UNSPLASH

Créé en 1984 par Mike Peters, l'un des plus grands dessinateurs et caricaturistes américains, Grimmy est le principal protagoniste du comic strip intitulé «Mother Goose & Grimm», publié chaque semaine dans plus de 500 journaux aux Etats-Unis depuis sa création. Ce personnage est un bull-terrier, dessiné à l'origine avec toutes les caractéristiques de cette race au caractère obstiné. Mais au fil des années, l'apparence de ce gros chien jaune a subi quelques transformations morphologiques sous le crayon de Mike Peters, qui en a gommé les traits les plus reconnaissables. Cette bande dessinée à l'humour caustique narre le quotidien émaillé de gags de ce chien qui vit en compagnie de sa maîtresse, une vieille oie anthropomorphe appelée Mère l'Oie, d'un chat nerveux nommé Attila et d'un Boston terrier stupide, répondant au nom de Ralph.

Faisant régner la terreur sur toute la maisonnée, Grimmy peut être assimilé à une sorte de Garfield canin, en plus sadique et cynique, ou à un dérivé de Snoopy en plus déluré et espiègle. Paresseux, menteur, gourmand, vulgaire, sale, volage, cet anti-héros au pelage jaune est finalement plus humain que canin. C'est sans doute cela qui a permis de conquérir rapidement un large public, notamment aux Etats-Unis. En France, 17 albums ont été publiés chez Dargaud, depuis 1991. A noter que pour ce comic strip, Mike Peters s'est vu décerner en 1992, le renommé prix Reuben, plus ancienne récompense de la bande dessinée au monde.

PIF : indéterminé

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© PIF 2021 - L'HUMANITE 

Pif est l'un des héros canins les plus connus de la bande dessinée francophone. Créé par le dessinateur José Cabrero Arnal, un républicain espagnol réfugié en France, et le dialoguiste Pierre Olivier, ce strip a été publié pour la première fois en noir et blanc, le 28 mars 1948, dans L'Humanité, quotidien officiel du Parti communiste français, pour remplacer «Félix le Chat», une BD américaine. 

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© JOSE CABRERO ARNAL - L'HUMANITE

De 1952 à 1969, ce sont les pages de Vaillant, hebdomadaire pour la jeunesse, qui ont accueilli les aventures de ce personnage canin sympathique et de son compagnon, le chat Hercule, apparu lui en 1950. Pour réaliser les nombreuses planches de Pif nécessaires à cet hebdomadaire, Arnal a dû être épaulé et secondé par d'autres dessinateurs, d'abord par Roger Mas puis par Louis Cance, à partir de 1969.

Par son physique tout en rondeur, sa grosse truffe noire, ses oreilles tombantes de taille moyenne, sa queue courte, son pelage marron et son ventre jaune, il est très difficile de rattacher ce chien humoristique à une quelconque race canine. Pif est un personnage anthropomorphe qui se tient debout et parle avec les êtres humains. Mais c'était aussi un vrai chien à l'origine de la bande dessinée qui marchait à quatre pattes, dormait dans une niche. Vivant avec les Césarin, une famille de la classe ouvrière, il était un peu leur animal de compagnie et parfois le chien de chasse du chef de famille. Lorsque Vaillant a laissé sa place à Pif Gadget en février 1969, le côté animal de Pif s'est effacé presque complètement, sa famille humaine a disparu et l'aspect humain de Pif a pris le dessus, notre héros canin s'est mis à lire des livres, a faire du sport, piloter un hélicoptère... Il est devenu un héros à part entière et un personnage pleinement autonome. L'univers de Pif se rapproche beaucoup de celui de Disney où, curieusement, des animaux humanisés comme Mickey cotoient des animaux ayant conservé leur nature animale, comme Pluto.

L'hebdomadaire Pif Gadget, avec son petit cadeau offert à chaque numéro, a connu un succès phénoménal auprès du jeune public, tirant à 500.000 exemplaires en moyenne jusqu'à dépasser parfois le million comme pour le numéro 60 de la revue qui contenaient les fameuses pifises, sorti en avril 1970. Ce magazine de bandes dessinées, narrant les aventures de ce drôle de chien, a marqué toute une génération et a dominé la presse jeunesse pendant une vingtaine d'années, jusqu'à sa disparition en 1993. Rebaptisé Pif l e Mag, il a été relancé sous la forme d'un trimestriel en décembre 2020, par le directeur de la publication de la nouvelle formule du magazine jeunesse Pif, Frédéric Lefebvre, ancien député et ministre de Nicolas Sarkozy. 

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