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Le Qatar investit dans Total

L'entrée du Qatar au capital du géant pétrolier français Total illustre une nouvelle fois l'appétit de l'émirat pour les valeurs françaises, mais pas seulement celles-ci, puisque la petite monarchie du Golfe diversifie depuis quelque temps ses placements tous azimuts.[AFP/Archives]

L'entrée du Qatar au capital du géant pétrolier français Total illustre une nouvelle fois l'appétit de l'émirat pour les valeurs françaises, mais pas seulement celles-ci, puisque la petite monarchie du Golfe diversifie depuis quelque temps ses placements tous azimuts.

Selon le quotidien économique Les Echos de mercredi, le Qatar, champion du gaz naturel liquéfié, a pris depuis l'été 2% du capital de Total, devenant ainsi, derrière les sociétés du milliardaire belge Albert Frère et les salariés, l'un des grands actionnaires de la plus grosse société française.

Comme cette participation, qui vaudrait au cours actuel plus de deux milliards d'euros, est inférieure à 5%, elle ne doit pas être obligatoirement déclarée auprès des autorités boursières.

Officiellement, Total n'a fait aucun commentaire, mais la ministre du Budget Valérie Pécresse a implicitement confirmé l'opération.

"Nos entreprises ont besoin aujourd'hui d'investir. Elles ont besoin de capitaux frais", a-t-elle déclaré sur i-Télé. "Aujourd'hui, c'est 2% du capital de Total, il ne s'agit pas de prendre un pouvoir de décision sur une très grande entreprise française", a-t-elle ajouté.

Encore enrichi par la flambée récente du pétrole, le Qatar a multiplié récemment les investissements en France, avec une prédilection pour le luxe, le sport et les médias.

Il a racheté en deux temps la totalité du club de football Paris Saint-Germain (PSG), repris les palaces cannois Carlton et parisien Royal Monceau et fait une razzia sur les droits télévisés de Ligue 1 à travers sa chaîne de télévision Al-Jazira Sports.

Il est aussi devenu le premier actionnaire du groupe de médias Lagardère, avec 10,1% du capital, sans délaisser l'industrie pour autant, puisqu'il a acquis 5% du capital de Veolia Environnement et 5,6% du groupe de BTP Vinci, et pris le contrôle du maroquinier Le Tanneur.

S'il ne souhaite pas s'exprimer sur la stratégie du Qatar en particulier, Jean-Paul Pierret, économiste chez Dexia Securities, ne s'étonne guère de cet intérêt marqué pour les grands groupes français.

"Les entreprises françaises sont dans des situations extrêmement intéressantes: en ce moment, elles ne sont pas chères et, en plus, le CAC 40 est l'indice européen qui contient le plus de leaders mondiaux", met-il en avant.

Mais l'appétit du Qatar est loin d'être circonscrit à la France.

"La stratégie du Qatar est une diversification de portefeuille tous azimuts. Ce n'est pas du tout un ciblage spécifique sur la France, ils ciblent tous les grands groupes qui marchent bien", explique El Mouhoub Mouhoud, professeur d'économie à l'Université Paris-Dauphine.

"Nous sommes très ambitieux car nous voulons diversifier nos investissements grâce à la richesse acquise avec le gaz", déclarait ainsi récemment Essa Mohammed Ali Kaldari, président de Lusail Real Estate, un des trois groupes immobiliers du pays à l'occasion du salon international de l'immobilier Mipim.

Au-delà d'une diversification des placements de ses importantes réserves de changes, le Qatar "essaie aussi d'accaparer des actifs qui ont un lien avec (son) économie domestique pour davantage la diversifier et la sortir de la dépendance au pétrole", analyse M. Mouhoud.

Avec la crise des +subprimes+, la monarchie richissime a réorienté ses investissements de la finance vers "des actifs réels, comme les infrastructures ou l'industrie", avec une volonté de plus en plus grande d'intervenir dans les entreprises dont elle prend des parts.

Le Qatar a ainsi des administrateurs aux conseils d'administration de Veolia et de Vinci.

Mais, si son argent est plus que bienvenu, une présence au-delà d'un certain seuil est plus difficile. "Ils peuvent investir par petite dose mais ils auront du mal à acheter des gros leaders", car "dans un monde qui se tend, ce serait pris pour de l'ingérence", estime Pierre Sabatier, analyste du cabinet PrimeView.

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