La première économie mondiale va-t-elle faire faillite ? D’ici à la semaine prochaine, la dette américaine devrait atteindre 16 700 milliards de dollars, limite autorisée par les parlementaires au-delà de laquelle l’Etat ne pourrait plus emprunter.
Sans un accord des membres du Congrès pour relever ce seuil, les Etats-Unis pourraient se retrouver en défaut de paiement. Et les conséquences seraient nombreuses. Déjà paralysé depuis près de dix jours par le «shutdown», qui bloque toute l’administration, le pays ferait alors face à une crise sans précédent qui bouleverserait les marchés financiers et l’ensemble de la planète.
Une récession pire qu’en 2008
Incapables d’emprunter, les Etats-Unis devraient alors trouver de l’argent ailleurs, et notamment dans les poches de ses citoyens. Comme ce fut le cas dans d’autres pays dans le passé, des mesures drastiques d’austérité seraient mises en place : augmentation des impôts, report ou gel des salaires, suppressions d’emplois ou, encore, comme à Chypre en mars dernier, saisie des dépôts bancaires des épargnants.
Sans ces solutions, l’Etat se retrouverait en défaut de paiement vis-à-vis de ses créanciers tels la Chine ou le Japon. Pour les prêteurs chinois, le simple non-remboursement des intérêts représenterait environ 36 milliards de dollars annuels de manque à gagner.
Quel que soit le scénario, il entraînerait une panique des marchés financiers. «Ce serait considérable, estime l’historienne Nicole Bacharan, spécialiste de la société américaine. La crédibilité économique du pays serait atteinte et la confiance dans le dollar serait perdue.» La semaine dernière, le Trésor américain a parlé de conséquences «potentiellement catastrophiques», évoquant une récession pire que celle de 2008.
Un bras de fer qui pourrait durer
A sept jours de l’échéance, personne n’ose encore envisager que les Etats-Unis en arrivent là. Pour beaucoup, cela résulte avant tout d’un «jeu» politique, entre démocrates et républicains. Ces derniers, en particulier le Tea party, refusent d’accepter la réforme du système de santé américain.
Barack Obama, de son côté, n’a aucune intention de renoncer à un de ses projets les plus emblématiques. Mais la situation pourrait évoluer rapidement, notamment sous la pression populaire. L’opinion américaine tient en effet le camp républicain comme principal responsable de la paralysie budgétaire et une crise encore plus grande ne servirait en rien ses intérêts.
Sans forcément tout résoudre, une porte de sortie pourrait être trouvée en relevant le plafond de la dette de manière provisoire, avant d’autres négociations. Pour Nicole Bacharan, «ce serait une petite victoire pour Barack Obama qui n’a pas cédé et a su faire preuve de fermeté».
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