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Les cours du pétrole chutent fortement

Une plateforme pétrolière le 14 octobre 2003 au large des côtes angolaises. [Martin Bureau / AFP/Archives]

La décision de l'Opep de maintenir jeudi son objectif de production, malgré une offre surabondante, a entraîné une tempête sur les marchés : les cours de l'or noir ont plongé et tiré vers le fond les actions des compagnies pétrolières et les devises des pays producteurs.

 

Le baril de Brent de la mer du Nord échangé à Londres a chuté jusqu'à 71,25 dollars, son plus bas depuis le 7 juillet 2010, perdant 6,5 dollars depuis la clôture de la veille. 

De son côté, le baril de "light sweet crude" (WTI) coté à New York est passé sous la barre symbolique des 70 dollars dans les échanges électroniques, atteignant même 67,75 dollars, un minimum depuis le 25 mai 2010.

Ces plongeons ont été précipités par la décision des ministres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de maintenir à 30 millions de barils par jour (mbj) leur niveau de production pour les six prochains mois.

Les membres du cartel s'étaient montrés divisés dans les semaines précédant la réunion, certains souhaitant ardemment une réduction du plafond de production de l'Opep pour freiner la chute des cours du brut tandis que d'autres, dont l'Arabie saoudite, préféraient laisser faire le marché.

"Historiquement les décisions de changer les objectifs de production des pays de l'Opep ont toujours reposé sur les épaules de l'Arabie saoudite. Peu de pays membres de l'Opep pourraient décider de réduire les plafonds sans l'approbation des Saoudiens", a expliqué Alastair McCaig analyste chez IG.

 

Le pétrole laissé à lui-même
    
La chute des cours a immédiatement provoqué celle des devises des pays producteurs fortement dépendants du pétrole. 

En Russie, l'un des deux premiers producteurs mondiaux, qui tire la moitié de ses rentrées budgétaires de l'or noir, le rouble a battu un record absolu de faiblesse face à l'euro et au dollar. A 16H47 GMT, l'euro a atteint 60,92 roubles, alors que le dollar valait 48,66 roubles.

D'autres monnaies de pays producteurs ont atteint des niveaux de faiblesse inconnus depuis longtemps face au dollar : la couronne norvégienne depuis mi-mars 2009, le dinar algérien depuis fin janvier 2011 et le peso mexicain depuis fin juin 2012.

"Le résultat de cette réunion est baissier au possible. Il n'y a aucun changement de l'objectif de production et aucune attention portée au respect du plafond" de production, constatait Torbjorn Kjus, analyste de DNB.

"Sans diminution (de ce plafond), les prix du Brent pourraient atteindre les 60 dollars avant Noël", estimait-il.

Les cours du pétrole ont chuté de plus de 35% depuis leur dernier pic à la mi-juin, plombés par le ralentissement de la croissance de la demande mondiale et par une offre surabondante, alimentée notamment par le pétrole de schiste américain.

 

Recul des grandes compagnies pétrolières

"Maintenant, l'hypothèse est que la baisse des prix du pétrole va forcer quelques producteurs à mettre la clé sous la porte ou à réduire leur offre, notamment aux États-Unis où les coûts d'extraction sont plus élevés," notait Jasper Lawler, analyste chez CMC.

Les grandes compagnies pétrolières européennes ont d'ailleurs nettement reculé en Bourse : Total a perdu 4,05% à 45,9 euros à Paris, Royal Dutch Shell (action "B") 4,27% à 2.265,5 pence et BP 2,67% à 426,2 pence à Londres, Statoil 4,35% à 143 couronnes à Oslo.

La rechute des prix de l'énergie pourrait en outre accentuer les pressions désinflationnistes pesant sur l'économie mondiale, particulièrement en zone euro.

"Désormais, la balle est dans le camp des États-Unis pour rééquilibrer le marché l'année prochaine, en diminuant leur production," expliquait Torbjorn Kjus de DNB. 

"Il n'y aura pas de réunion extraordinaire de l'Opep au printemps et le prochain rassemblement du cartel n'aura pas lieu avant juin. C'est un signal fort que le marché du pétrole sera laissé à lui-même", constatait Mr. Kjus. 

 

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