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Fitch abaisse la note souveraine de la France

L'entrée de l'agence Fitch à Paris [Miguel Medina / AFP/Archives]

La France a subi vendredi une nouvelle dégradation de sa note souveraine par l'agence de notation FitchRatings, une décision dont Paris a pris acte en assurant que sa politique de relance commençait "à porter ses fruits".

 

Fitch a justifié sa décision d'abaisser à "AA" contre "AA+" la note de Paris, assortie d'une perspective stable, par le le dérapage budgétaire de la France et les "faibles" perspectives qu'offre l'économie française.

Selon l'agence, ces dernières pèsent sur la consolidation des finances publiques et la stabilisation du ratio de la dette.

"L'économie française devrait croître moins que la moyenne des pays de la zone euro pour la première fois en quatre ans", explique Fitch dans son communiqué.

Le gouvernement français a immédiatement réagi en assurant que "la politique menée commence à porter ses fruits". Selon Bercy, "les entreprises bénéficient des premiers effets des baisses de prélèvements, qui se poursuivront durant les prochaines années".

Le ministre des Finances Michel Sapin estime également que "les derniers indicateurs confortent les perspectives de croissance" de la France.

Des arguments qui n'ont pas réussi à convaincreFitch, pour qui le programme de réformes structurelles de la France "n'apparaît pas suffisant pour renverser les tendances négatives qui pèsent sur la croissance à long terme et la compétitivité".

 

 

"Crédibilité budgétaire affaiblie"

L'agence de notation table sur une croissance du Produit intérieur brut (PIB) français de 0,4% en 2014 et de 0,8% en 2015, année où "la dépréciation de l'euro et les prix du pétrole plus bas soutiendront quelque peu la croissance".

Au gouvernement qui rappelle avoir "récemment revu à la baisse le déficit public prévu pour 2015 (de 4,3% à 4,1% du PIB) et pour les années suivantes", Fitchrépond que "cela ne sera pas suffisant pour changer (ses) projections sur la dynamique de la dette publique de la France".

Elle estime ainsi qu'à 4,1% du PIB, le déficit prévu pour 2015 "ne présente pas d'amélioration par rapport à celui de 2013". Le gouvernement projette aussi un déficit de 4,4% pour 2014 au lieu de 3,8% prévu en avril.

"Ces dernières déviations dans les objectifs budgétaires (...) affaiblissent la crédibilité budgétaire" de la France, affirme encore l'agence ajoutant que "c'est la deuxième fois depuis fin 2012 que le gouvernement français retarde l'objectif d'atteindre le seuil de déficit de 3%" que réclame l'Union européenne.

Défendant sa politique, le gouvernement rappelle que le "contexte économique (est) difficile en Europe" mais assure maintenir "son cap, avec la mise en œuvre des économies prévues, avec la poursuite des réformes nécessaires pour renforcer la croissance et rendre les entreprises plus compétitives".

Il met en avant également le Pacte de responsabilité et de solidarité et le Crédit d'impôt compétitivité emploi, mis en place pour relancer l'économie.

Enfin, il rappelle que "la dette française est parmi les plus sûres et les plus liquides au monde, avec une charge de la dette contenue, comme le souligne Fitchdans son appréciation".

De fait, la France continue à emprunter à des taux historiquement bas sur le marché obligataire. Le taux des emprunts français à 10 ans a ainsi touché ce vendredi un nouveau plus bas en séance, à 0,890%, sur le marché obligataire secondaire où s'échange la dette déjà émise.

 

 

Répit de Bruxelles 

Le 10 octobre, l'agence concurrente Standard and Poor's, avait elle aussi lancé un avertissement à la France, en faisant passer à "négative" au lieu de "stable" la perspective d'évolution de la note de la dette française, qu'elle maintenait à "AA".

Standard and Poor's est traditionnellement plus sévère à l'égard de la France, qu'elle avait été la première à priver de son "triple A", en janvier 2012.

La troisième grande agence Moody's est la dernière désormais à continuer d'accorder la deuxième meilleure note possible à la qualité de la dette française, alors que S&P était déjà descendue au troisième cran.

La France avait cherché fin octobre à désamorcer les critiques de la Commission européenne sur son projet de budget 2015 en annonçant une réduction supplémentaire du déficit public.

Elle a obtenu fin novembre un répit de Bruxelles, qui a renvoyé au printemps son verdict sur le budget 2015, mais en exigeant davantage d'efforts pour améliorer les finances publiques, sous peine de sanctions.

La France avait déjà demandé par deux fois de remettre à plus tard cet engagement, sous la présidence de Nicolas Sarkozy puis sous celle de François Hollande.

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